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17 | La vérité

Le petit mot de Kay : Saluuut! Ça faisait longtemps, non? (ノ^∇^)

J'ai eu envie d'écrire un petit mot pour ce chapitre 17, puisque ce dernier est un peu spécial... Il est écrit "normalement", sans aucun SMS! ( J'avais besoin de ça pour que mes idées aient du sens ~ )

Sinon, vous êtes de plus en plus nombreux, et ça me fait TROP plaisir ♡

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Il était à peine 18 heures. Le soleil était déjà parti à l'autre bout du monde, plongeant la petite université dans les ombres et le froid.

C'est en râlant que Jordan sortit de son cours de bases de données, parcouru de tant de frissons qu'il se serait presque pris pour un portable sur vibreur. Il serrait son porte-documents contre son torse, vérifiait sans cesse qu'il avait bien sa clé USB dans la poche de son manteau d'hiver - il n'aimait pas se balader ainsi dans le noir.

"Putain, t'as de la chance que je t'aime bien..." marmonna-t-il en avançant aussi vite que possible.

Il dépassa sa résidence en grognant, conscient qu'il ne la reverrait pas avant encore une heure ou deux. Son pote avait besoin de lui, après tout...

Il connaissait Thomas depuis plusieurs années. Dès le premier regard, une sorte d'accord tacite s'était établi entre les deux jeunes garçons qu'ils étaient alors, les liant d'une amitié indestructible. Ils s'insultaient souvent, s'engueulaient constamment, mais ils savaient qu'ils seraient perdus l'un sans l'autre.

Raison pour laquelle Jordan marchait actuellement d'un si bon pas vers l'antre de son ami, toujours prêt à lui rendre service malgré sa peur et sa fatigue.

Il se sentit soulagé lorsqu'il passa la porte d'entrée du petit immeuble, profita quelques instants des bienfaits de la chaleur autour de lui. Il essuya consciencieusement ses chaussures sur le paillasson prévu à cet effet, puis s'engagea dans le grand escalier qui le mènerait à Thomas.

"Évidemment, ta putain de résidence est la seule sans ascenseur..."

C'était une habitude pour lui de râler tout seul - il savait que beaucoup de ses camarades le prenaient pour un barge à cause de ça, mais il s'en fichait. Il n'était pas du genre à garder ses sentiments pour lui, peu importe qu'il soit entouré ou non.

Poussant un profond soupir de soulagement, il s'assit péniblement sur les marches en atteignant le cinquième étage où résidait le bouclé. Il s'apprêtait à prendre son courage à deux mains pour terminer son périple, lorsqu'il entendit des bruits de dispute au fond du couloir... dans l'appartement où il se rendait, justement.

"Qu'est-ce que c'est encore que ce merdier..."

Oubliant sa lassitude, l'étudiant se releva en s'appuyant sur la rambarde, puis s'avança silencieusement vers l'endroit d'où provenaient les cris. Il reconnut immédiatement la voix mal assurée de son meilleur ami, qui descendait tour à tour dans les tons graves avant de remonter aussitôt dans les aigus. Il y percevait chaque tremblement, chaque incertitude. Il fut tenté d'intervenir, mais dès qu'il entendit l'autre voix, plus grave, il décida de laisser tomber.

C'était cet idiot de Damien, du département Mécanique.

Jordan fronça les sourcils. Il savait que ce grand con était à l'origine de tous les problèmes de concentration de Thomas depuis la rentrée, qu'il n'arrêtait pas de lui envoyer des messages tendancieux à toute heure de la journée.

Et il savait que celui qu'il visait était loin d'être désintéressé, malgré ses doutes et ses questions...

"Pas un pour rattraper l'autre..." grogna Jordan.

À vrai dire, il se fichait pas mal de leurs histoires de presque-couple. Lui, tout ce qu'il voulait, c'était aider Thomas à récupérer les cours qu'il avait manqués, s'assurer qu'il allait bien, et l'inciter à revenir au plus vite si tel était le cas. À la place, il se retrouvait pris entre deux feux. Il était coincé derrière cette fichue porte, et ne savait pas comment réagir. Lui, le plus sage des deux!

Il se secoua lorsqu'il entendit la voix de Damien se rapprocher de la sortie. Il percevait toutes les ondes de colère qu'il émettait.

Stressé, il se plaça à toute vitesse dans un coin sombre du couloir, et attendit que la tempête s'en aille loin de lui. Il faillit se prendre la porte en pleine figure lorsque celle-ci glissa violemment sur ses gonds, laissant passer un Damien fou de rage. Ce dernier lui fit faire le trajet inverse en y mettant toute sa puissance. En cet instant précis, Jordan sut qu'il n'avait pas intérêt à le contrarier s'il tenait à conserver une expression faciale correcte.

Il écouta la respiration saccadée du jeune homme pendant de longues minutes, se demandant s'il devait se manifester ou attendre son départ. Finalement, lorsqu'il entendit de faibles sanglots s'échapper des lèvres du grand brun, il se força à mettre ses appréhensions de côté.

"Hey... Besoin d'aide?"

Damien se retourna si vite qu'il crut avoir rêvé... mais les larmes qui menaçaient de couler à tout moment sur ses joues lui prouvèrent que ce qu'il avait vu était bien réel : cet imbécile souffrait à cause de Thomas, qui venait de le rejeter à tous les coups.

"Qu'est-ce que tu fous là, toi?" lui demanda ledit imbécile avec hargne.

"Je venais juste amener les cours à Thomas, du calme." répondit Jordan d'un ton apaisant. "Je suis arrivé au mauvais moment, à ce que je vois."

"Non, tu crois?"

Il soupira, s'adossa au mur, et se laissa glisser au sol.

"Qu'est-ce qui s'est passé?" insista l'autre en s'installant près de lui.

Damien lui jeta un regard agacé. Il devait le considérer comme un nuisible, avec ses questions indiscrètes...

"Bon écoute-moi." continua-t-il malgré tout. "Je sais que tu penses que ça ne me regarde pas, mais un peu quand même. Thomas est mon ami, et j'aimerais au moins savoir quels sujets je vais devoir éviter avec lui dorénavant pour ne pas lui faire de mal. Je ne te demande pas de détails, je veux juste que tu m'aides à ne pas faire de grosses bourdes."

Un silence pesant s'installa entre eux. Il ne se brisa que lorsque Damien poussa un soupir à fendre le cœur, prêt à se livrer à ce mec qu'il connaissait si peu.

"Je l'aime." dit-il simplement.

"Je sais." murmura Jordan.

"Non, tu ne sais pas!" s'emporta-t-il de nouveau. "Tu ne sais pas à quel point c'est pourri d'être tombé amoureux de ce connard qui se force à être hétéro."

"P-pardon?"

"Ouais, exactement. Monsieur s'est trouvé une meuf et m'a fait venir pour me balancer ça en pleine gueule, pour me demander d'arrêter de lui envoyer des messages gênants, comme il dit."

Nouveau soupir. La voix qui tremble.

"En gros, il a pris mes sentiments pour lui, a craché dessus et me les a renvoyés en pleine gueule." conclut-il.

"Et... Et toi tu l'aimes toujours?" demanda Jordan, apeuré par sa réaction.

Damien planta son regard bleu dans le sien avec une franchise désarmante. La souffrance qu'il y lut lui coupa le souffle, et il sut d'instinct que cet amour n'était pas qu'une passade comme il avait pu le penser quelques semaines auparavant.

"Oui. C'est la vérité, Jordan. Je sais pas d'où ça vient, ni même comment c'est possible, mais je sais que j'arriverais jamais à aimer quelqu'un aussi intensément que je l'aime lui."