Tous les matins, Jude subissaient la même routine. 6h30, sonnerie cauchemardesque du réveil le tirant de ses rêves, suivi d'un long grognement de mécontentement. 6h45, ses cheveux bruns sont toujours étalés de manière désordonnée sur l'oreiller, ses yeux sont fermés, son corps est allongé, et la seule différence avec la position de 6h30 est qu'il a un pied en-dehors du lit. 6h48, il se décide enfin à sortir ses deux pieds du lit et descendre prendre le petit déjeuner. A 6h50, il est dans la cuisine, les yeux semi clos et il grogne encore à cause de la lumière trop forte. A 7h, il a terminé son déjeuner (bol de céréales) et monte se préparer. A 7h15, ses dents sont brossées et il est habillé. Il pense alors qu'il a le temps de se poser un moment et se perd sur YouTube. A 7h30, il grogne parce qu'il est en retard. Il se dépêche de lasser ses chaussures, rassemble rapidement ses affaires et fait un saut rapide aux toilettes. A 7h37, Vénus, qui l'attend sur le perron, grogne parce qu'il est encore en retard, puis ils partent au travail.
Ce matin-ci n'échappa pas à la règle, mis à part que Jude ne reçut pas son sermon matinal. Vénus n'était pas venue. En sortant, il se rendit compte qu'elle lui avait envoyé un message lui disant qu'elle ne travaillait pas aujourd'hui, qu'elle ne se sentait pas bien. Il se sentait de plus en plus inquiet vis-à-vis de son amie. « Je ne me sens pas bien » devenait son mantra habituel. Jude, malgré sa déception de ne pas voir Vénus, se mit en route afin de ne pas être plus en retard qu'il ne l'était déjà. Il s'engouffra dans le wagon bondé d'un tram et s'emboita entre deux personnes. Seul, compressé contre les épaules des autres passagers, il plongea dans une profonde réflexion philosophique sur sa vie. Où en était-il ? Certes, il avait fait des progrès. Il avait abandonné tout acte violent, avait dit au revoir aux gardes à vue avec la police et s'était trouvé un job qui payait plutôt bien. Et ensuite ? Quoi de plus ? La vie ne consistait pas seulement à suivre les lignes, non ? Il s'était enlisé dans une routine. Ce qui lui semblait autrefois miracle (se lever avec un but, par exemple) était devenu une simple habitude. Visiblement, il n'y avait rien de plus à ajouter, il n'y avait aucune vague pour venir le secouer. Sa meilleure amie s'éloignait petit à petit de lui, son travail lui prenait de plus en plus de temps, et, s'il vous plait, n'osez même pas aborder la question de l'amour. Ah, l'amour ! Son ennemi de tous les temps, adorable tortionnaire ! Jude détestait être seul. C'était quelque chose qui le dérangeait depuis tout petit. Il avait toujours su s'entourer de fille, et en piocher quelques-unes dans le tas. Il est vrai que Jude ne restait jamais bien longtemps célibataire, il préférait sortir avec des filles qu'il n'aimait pas forcément plutôt que d'être seul. Cela ne voulait pas dire qu'il aimait jouer avec les sentiments et qu'il était le genre de garçons heureux de briser des cœurs. Au contraire, il avait souvent tendance à créer des liens très forts avec le temps. Il ne pouvait se rappeler d'une rupture, aussi futile qu'elle soit, qui ne lui fut pas douloureuse. Jude, sous ses masques de dragueur indifférent était en réalité un vrai cœur d'artichaut, ce qui lui valait les moqueries de ses plus proches amis.
Alors, s'il vous plait, ne parlez pas de la question de l'amour, pas aujourd'hui, dans ce tram bondé et ce matin tout gris. Demain peut-être, il pourra s'interroger sur Dakota. Elle lui avait semblé belle au début, insupportable au milieu, et incroyable à la fin. Ah, heureusement que l'on n'était pas demain, sinon, il aurait pensé que c'était trop tard, que Dakota se montrait distante, et que, de toute façon, elle avait Thomas. Venus lui avait rapporté qu'ils avaient eu un rendez-vous. Quel naze. Dommage que Dakota ne s'en rendra compte que plus tard. Il retint un soupire et une voix nasillarde sortit d'un haut-parleur pour lui annoncer que c'était son arrêt. Il se fraya un passage à travers la masse humaine et sortit du tram. Au boulot, tout se fit mécaniquement. Ce n'était qu'une même journée, de mêmes gestes et de mêmes conversations avec le gérant lors de la pause déjeuner. Vénus ne vint pas lui rendre visite à la fin de la journée, tandis qu'il fermait la boutique. Pourtant, elle le faisait toujours. Il termina donc sa journée comme il l'avait commencée : seul.
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Anomalie
Short StoryJe n'avais pas envie d'écrire une histoire qui donne envie de pleurer, une histoire qui pince le cœur et qui fait pitié. Une histoire triste sur quelqu'un qui a vécu des choses dures et qui est détruit. Non, moi je voulais écrire une histoire sur u...