Do I Frighten You ?

{Chapitre 54}

 
Penser à voir Harry et à la fête de ce soir me fit passer le temps, si bien que je ne vis pas la journée s'écouler. J'avais passé la plupart de cette dernière à éviter Dan, et je le faisais plutôt bien jusqu'à ce qu'il n'entre dans la pièce d'entreposage, qui avait été ma cachette durant la quasi-totalité de l'après-midi. L'endroit que j'occupais était dans le fond de la pièce, la lumière de cette particulière allée d'étagères avait eu besoin d'être changée environ un mois auparavant, signifiant que je devais travailler dans l'obscurité.

 “Bo?” appela-t-il.

Le bruit de ses semelles sur le sol carrelé résonna dans l'espace.

“Mince.” marmonnai-je, m'enfonçant davantage dans le creux des étagères.

Avoir tout fait pour me cacher ne servit à rien : je finis par trébucher sur une boîte que j'avais posée par terre un peu plus tôt. Le vacarme que firent les CDs et les tournes-disques ricochant sur le sol glacial annonça ma présence. Dan se tint bientôt au-dessus de moi, sa chevelure retombant sur son front tandis qu'il m'offrait une main pour me relever. J'acceptai, impatiente de frotter mes vêtements pour en retirer la poussière.

Mon silencieux “merci” fut reçu avec un hochement de tête; après quelques courtes secondes, je me retournai. Je savais que c'était rude, mais je ne savais pas quoi dire d'autre - nous ne nous étions pas réellement parlé ces derniers temps, surtout après qu'il m'ait trahi. Il n'aurait rien dû dire à Harry, pas de cette façon-là.

Je me penchai à nouveau, ramassant les objets qui étaient tombés des étagères, les ré-organisant et les ré-empilant. Je fus surprise quand une paire de mains m'aida à récupérer les différents items et à les ranger. Le frémissement visible de sa bouche me porta à croire qu'il se préparait à communiquer ses pensées.

“Je suis désolé, Bo.” finit par exploser Dan. “Je sais que ce n'était pas à moi de le dire, et je me sens vraiment mal de l'avoir fait. C'est juste que je m'inquiétais pour toi. Harry devait savoir.”
 
Sa confession abrupte me laissa quelque peu perplexe. Dan sembla légèrement paniqué lorsque je ne répondis pas, déposant le disque par terre et se déplaçant pour s'asseoir à côté de moi. Nos dos étaient collés à l'une des étagères. Je ne m'attendais pas à des excuses - plus d'inquiétude m'avait été transmise quand j'imaginais un concours de hurlements avec lui, mais des excusesne m'étaient jamais venues à l'esprit. Je n'étais pas préparée.
 
“Si je peux faire quoi que ce soit pour me rattraper et me faire pardonner, je le ferais.” offrit Dan.
 
Avec précaution, je plaçai ma main par-dessus la sienne, qui reposait sur son genou. J'espérais que le fait que - aussi gentiment que je le puisse - je l'empêche d'entrelacer nos doigts ne fut pas tant remarquée que ça par Dan. Le geste ne voulait rien dire de plus que de l'amitié.

“J'étais un peu énervée contre toi au début.” admis-je. “Mais je comprends pourquoi tu l'as fait, tu faisais juste attention à moi et j'apprécie réellement le geste, Dan.”

Le bleu régnant dans ses yeux sembla s'illuminer, soulagé que ce qu'il avait fait n'avait pas trop endommagé notre relation. Je retirai ma main de la sienne, la replaçant sur mes genoux.
 
“Peut-on continuer comme avant? J'aime bien traîner avec toi au boulot.” sourit-il.

“Bien sûr, tant que tu m'aides à ranger tout ça.” fis-je en désignant le capharnaüm autour de nous.

“Pas de souci.” rit-il.

La corvée fut achevée beaucoup rapidement et facilement avec une paire de mains en plus, me secondant en reposant la boîte sur l'étagère et nous dirigeant vers l'avant du magasin. Je pris note du comportement plus réservé de Dan, un changement dans la façon dont il se comportait autour de moi. Malgré nos envies et espoirs d'enterrer nos différents, il y avait juste quelque chose que la normalité ne pouvait pas atteindre dans notre situation. Peut-être commençait-il à réaliser combien Harry et moi étions prêts à aller pour faire en sorte que notre relation fonctionne.
 
“Est-ce que tu fais quelque chose après ton service?” s'enquit Dan avec désinvolture, souriant au client tandis qu'il lui tendait la monnaie et le ticket de caisse.
 
“Ouais, on va à une soirée.”
 
Je fourrai les sacs plastiques sous le meuble du tiroir-caisse, dégageant mes cheveux de mon visage une fois l'action exécutée.
 
“On?”
 
Empoignant les mèches de cheveux rebelles dans une main, je les passai sur mon épaule.
 
“Harry et moi, apparemment la maison est hors de la ville.”
 
Tapotant mes poches, je découvris le tube de gloss que je cherchais. Retirant le bouchon et faisant tourner la partie inférieure, je fis courir le stick sur mes lèvres. Mes yeux trouvèrent ceux de Dan, et je me rendis rapidement compte de combien il me regardait intensément. Je refermai le tube, le glissant à nouveau dans la poche de mon jean.
 
“Ce sera marrant.” sourit-il faiblement, l'aura joyeuse qu'il renvoyait habituellement s'était éteinte un petit peu.
 
“Et toi, est-ce que tu fais quelque chose?”
 
Je pressai mes mains sur la surface du meuble derrière moi, en face du tiroir-caisse, essayant de me hisser dessus pour m'y asseoir. Dire que je fus choquée quand Dan s'empara de ma taille était un euphémisme. Mon étonnement résulta à ce que, stupidement, je cogne ma tête contre son épaule. Je grimaçai, frottant l'endroit endolorie du bout des doigts.
 
“Ça va?”
 
Ses yeux s'écarquillèrent d'inquiétude, ses paumes tenant toujours confortablement mes hanches. Je rigolai nerveusement, le rassurant en lui assurant qu'il n'y avait rien de grave et, seulement à cet instant, il retira ses mains. Ça n'avait rien à voir avec le contact d'Harry - le sien était électrifiant, apportait des papillons dans mon estomac, me réchauffait. Mais avec Dan, il n'y avait simplement aucune étincelle.