— Ariel —
Le grand blond l'avait prit par surprise et Ariel se demandait à quoi il pouvait bien jouer. Il essaya de souvenir de sa tête dans les méandres de son esprit embrumé, mais fut bien incapable de se rappeler de lui, encore plus incapable, il ne parvenait même pas à savoir si ce type était dans son lycée.
— Pourquoi est-ce que t'as fais ça ?
— Et pourquoi pas ? répliqua le plus âgé.
Le brun se posa réellement la question, et la réponse lui parut aussitôt évidente.
— Parce que je n'ai pas envie que tu joues avec moi.
— Et qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas toi qui te sert de moi ?
Ariel ne s'attendait pas à cette réponse. Non, il était déstabilisé et il n'aimait pas ça. En ce moment, beaucoup trop de choses échappaient à son contrôle et le garçon perdait prise. Comment donc avait-il pu se retrouver dans cette situation, à embrasser un inconnu au milieu d'un bar, entouré d'une cinquantaine de personnes, un mardi soir. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?
— C'est quoi ton nom ?
— Antarès et toi ?
— A...
Mais l'adolescent n'eut pas le temps de prononcer la fin de son nom qu'il fut coupé.
— Attends ! Laisse-moi deviner...
Antarès, c'était un beau prénom, noble, antique. Il était bien représentatif, contrairement au sien. Ariel, franchement, quelle idée avait bien pu passer par la tête de ses parents pour le nommer ainsi ? Archimède, ou même encore Douglas serait passé, mais Ariel. Ariel, c'était trop féminin, c'était La petite Sirène, mais pas lui. Lui il ne s'affranchissait pas de ses peurs et n'avait rien d'un héro, il était juste Ariel, un gamin paumé et effrayé. Alors qu'il réfléchissait sur les façons abracadabrantes de nommer un enfant, Antarès lui était concentré et tentait sincèrement de trouver les voyelles et les consonnes à assembler pour former le prénom du garçon.
— Camille ? Théo ? Léo ? Arthur ! Je suis sûr que tu t'appelles Arthur ! Ou non... Gabin ! Mais oui Gabin, c'est original et ça te va moyen... puisqu'aucun prénom ne t'irai, t'es trop beau pour qu'un prénom puisse t'égaler...
Les joues du brun se tintèrent de rose et un grand sourire vint illuminer son visage encore poupin. Le grand blond était bien loin de son véritable nom.
— Mais ça alors, ne serait-ce pas Mermaid la tarlouze ? Oh et pour une surprise ! Un petit copain ? Vraiment, moi qui pensait qu'avec ta tête tu resterais célibataire toute ta vie... Eh les gars ! héla-t-il une bande de mecs, tous plus baraqués les uns que les autres, qui le connaissaient depuis la primaires, et, croyez le ou non, ces gens là n'étaient pas lumières...
Les fossettes d'Ariel s'éclipsèrent et ses yeux vinrent se poser sur ses pieds. Il avait tellement honte. Il aurait dû s'éloigner et ignorer les effets que lui procurait le grand blond musclé, qu'il venait de rencontrer.
— Ah ! Je sais ! Tu t'appelles Ariel ! S'exclama alors Antarès.
Le dénommé ne savait réellement comme il était sensé réagir dans ce genre de situation. Il était partagé. Il avait à la fois envie de sourire parce que le blond avait réussit à troller leur assaillant, mais également, se sentait attristé : l'avait-il reconnu grâce à ce stupide surnom dont l'avaient affublé les gens du lycée ? Parce que oui, qu'on l'appelle Mermaid le blessait, se sentant déjà bien trop efféminé. Il resta de marbre, optant simplement pour la facilité. Il suffit de se tasser, prends sur toi, et ne répond pas. C'était devenu une sorte de mantra depuis quelques mois.
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Noctambules
RomanceLeur histoire commence un soir. Ariel est déprimé, coincé dans une vie qui ne lui convient pas. Enfermé depuis des années dans une bulle de tristesse à laquelle il s'accroche, il commence peu à peu à perdre pied et risque de couler. Antarès est...