Le sauvetage de Harry

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Le sauvetage de Harry








Je sèche mon visage et mes cheveux avec une serviette banche que j'ai trouvé dans un vieux placard. Je l'étends ensuite sur le portant près du lavabo, et lève les yeux pour croiser mon regard dans le miroir. Les cernes sous mes orbes confirment mon manque de sommeil permanent, et même si j'ai un matelas confortable dans un petit appartement que je loue, je ne peux pas dormir une nuit entière. Je suis habitué à être constamment en alerte, par conséquent je sais que ma permission ne me permettra pas de me « recharger convenablement », comme dit Louis. Il est resté au front. Il est retourné en Angleterre il y a deux mois, donc il devra attendre deux autres mois avant de retrouver le confort dans les bras d'une femme.

Je soupire, puis fais courir une main à travers mes cheveux : des cheveux coupés très courts. C'est pour assurer l'hygiène, comme ils disent. Mes longues boucles me manquent, mais c'est mieux ainsi. Je ne me vois vraiment pas avoir à supporter une touffe sale pendant une ou deux semaines avant d'être en mesure de pouvoir les laver. Le truc est que ma tignasse pousse à une folle, folle vitesse, donc tous les deux mois je me tonds comme un mouton. Je ris amèrement à la comparaison. Nous sommes tous des moutons suivants les putains de lois de notre putain de gouvernement.

Mes yeux inspectent ensuite mon corps. Quiconque peut le deviner, j'ai perdu du poids depuis que j'ai été enrôlé. Malgré ça, je suis encore en pleine forme, parce que putain, qui aurait pensé qu'être un soldat serait bien pour les exercices ? Je lève les yeux au ciel à ma propre ironie et continue mon inspection. Quelques ecchymoses et égratignures décorent ma peau, perdant de sa couleur naturelle uniforme. J'hausse les épaules, et attrape mon t-shirt noir que je passe par-dessus ma tête.

J'éteins la lumière de la petite salle de bains et marche vers mon lit, m'allongeant sur le matelas, mon dos s'enfonçant agréablement dans les draps. Les mains sous ma tête, je scrute un point invisible sur le plafond, me perdant dans mes pensées. Qui sont hantées par une personne depuis déjà quelques heures.

Mary.

Notre rencontre s'est bien passée. Enfin, évidemment, j'ai dû me comporter comme le con que je suis. Je me suis promis que je devais essayer, cependant. C'est plus fort que moi. De la voir, assise à proximité de la baie vitrée, dans sa robe blanche qui devait coûter une sacrée fortune. Elle était belle, mais elle est riche. Je déteste les riches. Depuis la mort de ma mère jusqu'à maintenant, mon aversion de la classe bourgeoise n'a jamais disparu. Peut-être est-elle devenue même plus intense.

J'étais en colère, je dois l'admettre. Seulement au début. Parce que je suis allé chez elle, et tout ce que j'ai reçu fut un message de sa domestique, m'informant que je n'étais pas autorisé à entrer dans sa propriété. Elle a été très poli envers moi. J'ai gardé mon sang-froid devant elle, je ne pouvais pas l'effrayer, la pauvre petite fille. Mais intérieurement, je voulais crier, tous les insulter, et surtout elle. Mary. J'étais en colère contre elle. N'étais-je pas assez bien pour elle pour qu'elle me laisse entrer dans sa demeure ? Mon rang ne me privilégiait pas du tout, donc pour être rejeté ainsi était une profonde humiliation. Mais je me rappelais ensuite qu'elle venait de la grande bourgeoisie, et qu'ils étaient tous comme ça dans cette classe. Pourquoi je m'attendais à quelque chose de différent venant d'elle ? J'aurai dû le savoir. Elle faisait simplement son devoir d'Assistante en m'écrivant. Elle en avait rien à faire de moi.

C'est ce que je n'arrêtai pas de penser, jusqu'à ce que je lise son message, sur mon lit, après que je fasse tout le chemin de mon appartement à sa maison, puis de retourner à mon habitat, contrarié, irrité et humilié. D'abord, j'ai voulu balancer son miteux morceau de papier dans la poubelle sans le déplier ; je méritai mieux qu'une feuille. Curieux néanmoins, je ne pus résister, et je me suis retrouvé assis les jambes croisées sur mon matelas, le message dans la main. Je l'ai fixé pendant cinq minutes dans un total silence avant de me convaincre de le lire. Je reconnus immédiatement sa écriture belle et soignée. Je me souviens encore de ses mots.

Hello // VF  [H.S] (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant