Last Christmas

11 heures

Ma nouvelle chambre est de taille moyenne avec une fenêtre cachée à moitié par d'épais rideaux de velours.
Le lit deux places et poussé contre le mur, garnis de plusieurs coussins rouges et blancs. De chaque côté se trouve un petit guéridon en bois blanc frappé d'un coeur rouge sur le tiroir.
Une guirlande dorée illuminée repose sur le cadre du lit.
En face de ce dernier a été installé une ancienne coiffeuse blanche avec un petit miroir rond attaché. Devant siège un petit tabouret de velour.
Les murs aux motifs bordeaux et dorés sont garnis de cadres photos illustrant des personnes souriantes que je ne connais pas. Dans un coin se trouve une garde robe blanche sur laquelle est collé un grand miroir.
Je laisse tomber le sac de sport sur le lit et vais doucement écarter les rideaux qui donnent sur l'extérieur.
Ma fenêtre donne sur la rue illuminée devant la maison de Tracy.
Je vide mon sac dans la garde robe et pose le petit cadeau et l'album familial sur la coiffeuse. Ma table de nuit se retrouve écrasée par une pile de romans sur laquelle trône la petite lampe de chevet rouge.
J'attrape les draps posés sur mon lit et un pyjama puis je me rends à la salle de bain.
Tout est turquoise ici, ou alors soit bleu soit blanc. Il y a même une bouée de sauvetage bleue sur le mur carrelé.
Je me déshabille et entre dans la douche. Je cherche la bonne température et après m'être congelée et ébouillantée quelques fois j'arrive à une température sans risque.
Un savon à la vanille est posé sur le rebord avec un petit papier indiquant "Danae". J'en déduis sans difficulté qu'il est pour moi et constate avec joie que l'odeur est délicieuse. Ça change du savon désinfectant sans odeur de l'hôpital.
Je laisse l'eau chaude couler le long de ma peau, m'évadant le temps de quelques instants de paix bien mérités.
Je sens l'eau parfumée couler de la racine de mes cheveux à la pointe de mes pieds et disparaître ensuite dans le siphon.
Au bout de quelques minutes je décide que j'ai assez utilisé d'eau comme ça, enroule une serviette autour de mes cheveux et une autre autour de ma taille.
En sortant, le miroir est tout embué. Bêtement, je dessine un smiley triste et reste là à le contempler.
J'enfile enfin mon pyjama et un des deux peignoirs qui pendent à la porte par dessus.
Le miroir se désembue et je me contemple quelques minutes dedans.
Mes longs cheveux châtains emmitouflés dans le drap sur ma tête me tirent les traits. Ma peau claire est parsemée de petites taches de rousseur sur les joues qui font - je ne sais comment - ressortir le vert de mes yeux. Je passe mes mains sur mon visage et me regarde entre mes doigts. Je faisais ça quand j'étais gamine avec maman.
À cette pensée, j'éteins la lumière et quitte la salle de bain pour aller me mettre dans mon nouveau lit.
Je fixe le plafond blanc faiblement éclairé par la lumière de la table de nuit, posée sur ma pile de livres.
Malgré la fatigue, je n'arrive pas à me résoudre à couper la petite lampe. Je soupire et me munis d'un roman pour passer la nuit. Je choisis pour compagnon "16 Lunes" par Kami Garcia, que j'avais commencé avant les examens et que je n'avais pas eu le temps de dévorer comme à mon habitude.
Je replonge dans l'histoire d'Ethan qui découvre petit à petit que Lena n'est autre qu'une enchanteresse.
Les heures défilent sur le réveil posé sur l'autre table de nuit.
Bientôt, aux alentours de minuit, mes yeux se ferment malgré la lumière et les mots qui dansent dans ma tête.

J'entends la sonnette de la maison, un petit carillon reproduisant les notes d'une chanson de Noël.
Je me lève avec difficulté et sors de mon lit pour écarter les rideaux de ma chambre. Je jette un coup d'oeil par la fenêtre.
Un scooter est garé sur le trottoir devant la maison et avec le toit je n'arrive pas à apercevoir le perron.
J'attends d'entendre Tracy ouvrir la porte mais la maison est complètement silencieuse en cette petite heure de la matinée (il doit être 11 heures mais pour moi c'est toujours considéré comme une partie de ma nuit).
Est-ce que je vais ouvrir ? Je me regarde dans la coiffeuse et me rends effectivement compte que je suis en pyjama pas coiffée pas maquillée avec les pages d'un livre sur la joue.
J'entends le scooter qui démarre et cours à la fenêtre pour voir qui c'était, mais j'arrive trop tard parce qu'il tourne au coin de la rue et j'ai juste le temps d'apercevoir un casque rouge.
Rouge ça peut aussi bien être une fille qu'un garçon et il/elle peut être aussi bien jeune qu'adulte.
Il est clair qu'un jeune garçon est plus attirant qu'une vieille dame de mon point de vue mais restons-en là.
Je retourne dans mon lit et me rendors aussi sec.

On frappe à ma porte. J'émerge doucement et Tracy apparait dans l'encadrement de la porte. Elle me sourit et m'apporte un plateau petit-déjeuner avec des croissants et un jus d'orange. Elle s'assied sur le bord de mon lit et me fait une bise sur le front.
Les larmes me montent aux yeux mais je les retiens. Elle me demande si j'ai passé une bonne nuit et j'acquiesce même si je n'en pense pas la moitié.

- Tu es partie où ce matin ?

Tracy me regarde d'un air interrogateur.

- Je n'ai pas quitté la maison.

À mon tour de lui lancer un regard interrogateur.

- Alors pourquoi tu n'as pas ouvert la porte quand on a sonné ?

- On a sonné ?

- Quelqu'un en scooter. Je n'ai pas été ouvrir parce que j'étais en pyjama et que je pensais que tu allais y aller, puis comme rien ne bougeait j'en ai déduis que tu étais partie.

- Ah non, je n'ai pas bougé. Je préparais les croissants dans la cuisine, j'aurais entendu si on avait sonné c'est juste à côté.

Je ne sais pas trop quoi dire, je n'ai pas rêvé quand même ? Je l'avais vu partir.

- C'était vers quelle heure ? me demande-t-elle.

- Je n'ai pas regardé l'heure mais je dirais 11 heures, peut-être 11h30.

- 11h30 ?

Elle regarde sa montre et me la met sous le nez. Je fronce les sourcils en découvrant l'heure qu'il est.
10h20.

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