Chapitre 5

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La jeune fille vacilla légèrement lorsqu'elle vit des centaines de paires d'yeux posés sur elle. Une assemblée répartie dans toute la salle l'observait avec curiosité. Tremblante et avec l'aide de Kurt, elle dû se résoudre à descendre lentement les marches en marbre bordées de dorures, dans les tons de la salle. Des rideaux rouges ornaient les grandes fenêtres.

En face de l'escalier, à l'autre extrémité de la salle, la Maîtresse était installée sur un siège de velours crème et doré. Un fort vieil homme de petite taille se tenait le plus droit que son dos courbé le lui permettait. Il arborait une longue tunique rouge qui, couplée avec ses cheveux et sa barbe blanche, faisaient penser au père Noël.
Canelle se sentit brusquement comme une bête de foire. Elle ne supportait plus les regards et les messes basses autour d'elle. Elle fendit la foule sans difficultés, aux côtés de Kurt. La Maîtresse, habillée d'une robe à corset bleu argenté et brodée de pierreries se leva et alla à la rencontre de Canelle. Toute la salle retint son souffle.

- Nous nous sommes quittées en de mauvais termes. Tu auras des explications, je te le promets. Mais s'il te plaît tu dois me faire confiance.

- Vous faire confiance alors que vous m'avez fait enlever de chez moi ?

Des murmures traversèrent la pièce. Octavia sourit puis clama d'une voix forte :

- Peuple de la Céleste, c'est avec une joie incommensurable, que je vous présente ma fille.

Chaque millimètre carré de son être se figea et elle croisa au même moment le regard de Farell qui lui criait de ne rien faire de stupide. Deux secondes s'egrenèrent avant que de joyeux applaudissements ne retentissent dans toute la salle. La clameur fit bourdonner les oreilles de Canelle. Octavia la mena en haut de l'estrade et l'installa sur le siège à côté d'elle. Le vieillard l'observa d'un regard inquisiteur.

- Que la fête commence ! déclara Octavia en souriant.

Un orchestre s'éleva sur une plateforme dans les airs et se mit à jouer. De minuscules êtres volants illuminèrent la salle de poussière dorée et différents mets circulaient.

- D-Des fées ?! s'exclama Canelle avec ahurissement.

- Eh oui, fit Octavia.

Canelle se massa les tempes puis rouvrit les yeux en croyant que ce n'était qu'une vulgaire hallucination. Mais un des petits êtres passa juste au-dessus de sa tête, la recouvrant d'une fine couche de poussière dorée.

Elle se laissa aller dans son fauteuil.

- Pourquoi m'avez-vous amené ici ? lui demanda sèchement Canelle.

Octavia se leva sans prévenir et entraîna la jeune femme derrière le rideau qui séparait la salle de bal d'une petite pièce comportant un vaste bureau. La Maîtresse de la Cité Céleste se tint dos à elle pendant cinq bonnes minutes puis se retourna brusquement. Canelle recula d'un pas.

- Tu crois peut-être que j'ai eu le choix, lança Octavia, le visage ravagé par les larmes.

Canelle ne sut quoi dire.

- Lorsque je t'ai mise au monde, tu crois que je ne voulais pas rester avec ton père et toi ? Qu'on forme une famille ? sanglota Octavia, une pointe d'amertume dans la voix.

Canelle se mit à trembler devant toute la détresse que renvoyait la femme en face d'elle.
Octavia se reprit et sécha ses larmes à l'aide d'un petit mouchoir noir.

- J'avais des devoirs ici. Pardonne-moi mais dans la vie parfois il faut faire des sacrifices.

Puis elle planta ses yeux dans ceux de sa fille.

SacrificesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant