Une lumière. Une magnifique lumière blanche...si apaisante. Etais-je morte ? Probablement, je ne sentais pas mon corps. Ah, je me sens si légère...je m'attendais à quelque chose de plus...difficile. Finalement mourir est si simple, si rapide et on ne ressent tellement...rien. Je n'ai même plus l'impression d'avoir un corps, je ne ressens que cette sensation apaisante dans tout mon corps. Je pourrais rester ainsi pour toujours je crois.
« Toi...bien...bientôt»
Quoi ? Qui est là ? Qui parle ? On n'est finalement pas seul dans la mort ?
« ...repos...calme...p___ »
Pourquoi ne prononcez-vous pas des phrases normales ? Montrez-vous !
« Ha...calme...pas...dormir... »
Dormir ? Mais je...
« Là, toi pouvoir m'entendre maintenant. Toi m'entendre ? »
Oui je t'entends. Etrange, avec cette pensée, j'ai l'impression de ressentir quelque chose dans ma gorge.
« Si toi m'entendre, toi ouvrir œil »
Ouvrir mes yeux ? Ils ne le sont pas déjà ?
« Toi pas avoir peur, ok ? Moi montrer moi à toi. Moi faire parfois peur à gens comme toi. Toi pas peur, pas peur.» *
Tandis que la voix disait ses mots, je vis apparaitre dans mon champ de vision une créature aux allures très...reptiliennes et son apparence me rappela immédiatement celle du bébé dragon qui allait me dévorer.
« Pas peur ! Pas peur ! Moi pas méchant, moi gentil ! Toi calme, calme... »
Voyant le regard de mon interlocuteur, je finis par me calmer même si son apparence « dragonique » me donnait de larges frissons dans le dos, qui au passage ne manifestait lui aucun signe de « vie » : je ne sentais aucune partie de mon corps en dessous de mon cou et le peu que je sentais ne m'était pas agréable. Je ne sus pas comment mais le reptilien sembla comprendre ce à quoi je pensais.
« Toi très blessé, toi avoir corps en charpie. Moi avoir soigné toi avec magie mais toi pas pouvoir bouger avant beaucoup jours. Toi avoir besoin beaucoup repos. Toi pas t'inquiéter, moi être là, moi aider toi. »
Ah...donc le dragon m'avait bien grignoté pour son petit déjeuner...finalement mon plan n'était pas si bon que ça. Enfin dans un sens j'ai eu une certaine chance qu'il ne m'ait pas mangé jusqu'au bout...et que ce reptilien soit passé par là. D'ailleurs, ce reptilien il faudra que je lui demande son nom, actuellement je n'arrive même pas à savoir si c'est un homme ou une femme, sa voix est si androgyne et son corps si différent de celui d'un humain que je n'arrive pas à savoir s'il a vraiment un genre. C'est vraiment étrange de savoir qu'il existe de telles espèces sur ce continent.
« Toi dormir maintenant. Moi revenir plus tard pour nourrir toi et changer pansements. »
Je ne pus malheureusement pas acquiescer mais l'idée fut bien là et je ne sus comment mais le reptilien sembla comprendre ma réponse bien que je ne l'ai pas formulée à haute voix. En parlant de ma voix, je me demande si je la retrouverais un jour. Si le dragon m'a trop grignoté il se pourrait même que je ne bouge plus jamais, piégée sur ce lit pour toujours, sans parler, seulement écouter. Cette perspective m'effraya beaucoup mais la fatigue me saisit avant que mes pensées ne purent aller plus loin.
Le matin vint perturber mon sommeil, un sommeil si lourd et sans rêve. Mon esprit encore embué avait alors du mal à recoller tous les morceaux de ma mémoire mais bien vite, je fus capable de me rappeler mon échange précédent avec ce reptilien aux yeux jaunes qui visiblement s'occupait de moi. Cette fois-ci, il semblait que je sois seule dans la pièce où je me reposais. J'en profitai pour essayer de jauger calmement de mon état : pouvais-je bouger une quelconque partie de mon corps ? Oui, visiblement le bout de mes doigts et ma tête semblait vouloir bien bouger. Je forçai encore un peu pour essayer de faire bouger mes bras mais ce n'est qu'au prix d'un énorme effort que je réussis à un lever un vers mes yeux. Ce que je vis me choqua presque aussitôt, mon bras était recouvert de bandage mais une partie était en train de se desserrer et ce qui était en dessous me glaça d'effroi : à vif, on voyait une énorme partie de mon muscle, avec quelques morceaux déchiquetés de peau qui devait surement être en train de se reformer. Voyant mon état je m'étonnais de ne pas ressentir plus de douleur...quelle magie cela pouvait-il bien être ? Nul doute qu'elle devait être puissante puisque dans mon état actuel (du moins ce que j'en voyais à travers ce bras) je devrais hurler de douleur comme si j'étais en train de mourir. Pourtant il n'en était rien, je n'avais qu'un sentiment de paix, contrastant violemment avec ce que je voyais. Mon cerveau m'envoya d'ailleurs des signaux contradictoires, ne sachant plus si je devais souffrir ou non. Visiblement cette magie, mon corps ne la connaissait pas et bien sur moi non plus.
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Les chroniques d'Ina
Fantezie"Privé de mon passé, privé de mon identité, piégé dans un monde qui m'est inconnu, je ne sais rien de moi ni du monde dans lequel je me trouve. Me suivrez-vous dans l'histoire de ma vie sur ce continent inconnu qu'est Ina ?"