Chapitre 4

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Belle

    L'odeur du désinfectant emplit les narines de la jeune écrivaine alors qu'elle entrait dans l'hôpital. Les mêmes infirmières l'accueillirent, sans leur accorder plus d'importance elle se mit en route vers la chambre d'Aurore. Alors qu'elle poussait la porte, elle découvrit, le jeune infirmier en train de lui éponger le visage. Entendant la porte s'ouvrir il se retourna et sourit en découvrant Belle. Celle-ci s'approcha et caressa la joue de sa très chère amie avant de poser la question :

"Est-ce qu'elle se réveillera un jour ?

-Je n'en doute pas une seule seconde ! Je fais tout pour !

Belle lui jeta un regard reconnaissant.

-Et vos supérieurs ?

-Ils la condamnent... dit-il la mine sombre, mais je sais qu'elle va se réveiller ! Au faite madame...

-Oui ?

-Puisque vous semblez passer beaucoup de temps à l'hôpital, je pense que ce serait bien si vous vous inscriviez au programme de rencontre avec les malades.

Belle le regarda surprise.

-En quoi consiste ce programme ?

-Eh bien, les patients ayant vécu des accidents, ou qui viennent de sortir du coma, réapprennent à vivre en communauté,discuter au sein de ce programme permet de faciliter leur réinsertion dans la vie courante. C'est une très belle opport...

-J'accepte ! Cela ne me fera pas de mal non plus je pense.

Ce fût au tour du jeune infirmier de la regarder avec surprise, avant de se reprendre et de sourire avec satisfaction.

    -Il faudra vous inscrire à l'accueil.

    -Parfait ! J'y vais de ce pas ! Merci ... ?

    -Philippe.

-Merci Philippe !"

Les formalités de l'inscription ne prirent que quelques minutes, on conduisit alors la jeune femme vers une partie de l'hôpital qu'elle ne connaissait pas. C'était la partie la plus ancienne de l'hôpital, pas de baies vitrés, pas d'ascenseur, seulement de la pierre et toujours cet insupportable odeur de désinfectant. L'infirmière qui l'accompagnait lui donna quelques conseils : si le patient avait des détérioration physiques il ne fallait pas s'y attarder sous peine de le mettre mal à l'aise, ne pas non plus chercher à en apprendre trop sur le patient, ne demander sous aucun prétexte les raisons de l'accident et ne pas évoquer la famille. Belle sourit en hochant la tête et pensa avec amusement "De quoi vais-je donc pouvoir lui parler ?". Enfin la jeune femme entra dans la salle commune où se tenait une dizaine de personnes avec des caractéristiques différentes : certains étaient en fauteuil roulant, d'autres avaient une partie du visage brûlé, certains des malformations sur le bas du corps. Belle remarqua au fond de la salle un jeune homme, la capuche rabattue sur sa tête. Il ne semblait avoir aucun problème physique apparent. Belle esquissa un pas vers lui, mais l'infirmière lui glissa à l'oreille :

"Prenez garde, il n'est pas... facile ces derniers temps..."

Belle lui sourit comme pour la rassurer. Et s'assit sur la chaise en face du mystérieux jeune homme. Il se passa bien quelques minutes avant que la jeune femme se décida à dire quelque chose.

    "Bonjour, je m'appelle Belle.

    -C'est pas un nom ça, c'est un adjectif.

    -Je suis navré, mais c'est aussi mon prénom.

L'inconnu leva vers elle son regard bleu azur.

    -Et vous ?

    -Toi.

    -Et toi ?

    -Tu n'as qu'à m'appeler la bête, dit-il en rabattant sa capuche.

Belle eut un petit mouvement de surprise avant de se reprendre. Le visage qui lui faisait face était couvert de cicatrices, ses yeux bleus remplis de tristesse restaient figés sur son visage. Les minutes s'écoulaient lentement, la jeune femme prise au dépourvue tenta de sourire avec compassion mais son sourire loin d'être naturel agaça le jeune homme qui se mua dans un silence complet. Ne sachant quoi faire, Belle se leva alors qu'une infirmière entrait dans la pièce, poussant un chariot remplis de thé.

    "Bonjour mademoiselle Belle, dit l'infirmière qui devait être âgée d'au moins une cinquantaine d'année, alors comme ça vous êtes la nouvelle de notre programme de réinsertion ? Je m'appelle Miss Samovare, et je suis une grande fan de thé !  Sachez que vous êtes la bienvenue si vous avez besoin de quoique ce soit, je suis là pour vous !

    -Enchantée, dit Belle surprise de la joie et la bonne humeur que dégageait la doyenne.

    -Alors comment va la bête ? dit-elle avec un sourire en s'adressant au jeune homme.

Il ne broncha mais Belle surprise l'esquisse d'un sourire, elle se tourna vers miss Samovare en soupirant :

    -Il n'est pas très bavard...

    -Eh bien ma chère, dit-elle en ricanant, vous n'avez pas choisi le plus facile, mais c'est à vous de savoir si il en vaut vraiment la peine !"

    Belle avait tenté une nouvelle fois d'établir le dialogue avec le sombre jeune homme mais sans réussite, elle lui avait alors souhaité une bonne fin de journée et était rentrée doucement chez elle, profitant de l'air frais de la fin d'après-midi pour se rafraîchir les idées. Le soleil se couchant, Belle se décida à rentrer. Elle se prépara un bon thé, s'assit dans son canapé tout en regardant le ciel s'assombrirent. Elle resta pensive jusqu'à ce que ses yeux se ferment et qu'elle s'endorment doucement.

Philippe

    Il retira doucement sa blouse avant de quitter le vestiaire avec son sac. Il croisa Miss Samovare qui lui demanda des nouvelles d'Aurore, sa patiente. Sa seule et unique raison de penser ces derniers temps. Tout d'abord, au tout début lorsqu'elle est arrivée, Philippe avait cru qu'elle se réveillerait rapidement, après tout elle était en pleine forme avant cet espèce d'accident de moto, d'ailleurs depuis longtemps maintenant, plus aucune de ses blessures physiques n'étaient visibles, la venue de Belle, une amie proche aurait dû réactiver ses sens mais rien n'y fait, elle a toujours les yeux fermés. Le jeune infirmier passait des journées entière à lire des bouquins de médecine sur le coma. Il avait tenté tellement de méthodes. Ses supérieurs avaient été clairs, si son état ne présentait pas d'amélioration d'ici deux semaines, il la débrancherait. Cette pensée lui était insupportable d'autant plus qu'il commençait à s'attacher à cette patiente. Il ne lui avait jamais parlé, mais il connaissait son dossier par coeur, Belle lui racontait parfois quelques anecdotes dont il raffolait. Elle semblait si heureuse et si vivante, pourquoi cet accident devait l'empêcher de finir la vie qu'elle avait commencé. Il rentra chez lui, relus ses notes. Il pris sa tête dans ses mains et pria n'importe quel dieu de lui donner la force, de l'aider dans sa quête, dans son combat. Aurore méritait de vivre. Il avait besoin qu'elle vive.

Tous ensemble (JusteWriteIt)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant