deux. le toit.

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   La soirée se déroulait plutôt bien, on allait et sortait de la salle de concert, on était tous recouvert de sueur, mais on se sentait bien, on se défoulait. J'ai toujours aimé les concerts pour ça. Au bout d'un moment passé à l'intérieur du bar, on décide de sortir du lieu du concert histoire de respirer un peu.

  Mike, Gab et Mal discutent entre fumeurs, près du portail à l'entrée; Billie et moi on est un peu plus loin assis sur les marches.

"Qu'est-ce que t'as sur la main ?" Me demande-t-il. "Ah, ça, c'est un dessin, un œil." "Il est bien fait. T'es une artiste ?" "J'aime pas ce mot ?" "Pourquoi ça ?"  M'interroge-t-il d'un air confus. "Je sais pas, ça fais trop snob, supérieur, j'suis pas quelqu'un d'exceptionnel, j'ai pas de super pouvoir, je trouve juste ça débile." "Je vois pas les choses de cette manière."

Je le regarde un instant, il en fait de même, tout ça en silence. Un silence pas désagréable d'ailleurs. Soudain il le brise:

"Tu me montres d'autres de tes oeuvre, l'artiste ?" Me taquine-t-il. "Une autre fois peut-être, j'ai rien sur moi là." "Bon dommage."

Il tourne la tête et lâche un espèce de soupire-rire en fixant les marches. Il se lève, descend quelques marches, se tourne vers moi et me fais signe de le suivre. Sans broncher je m'exécute.

On arrive dans un abribus, à cette heure là, la rue est déserte. Il s'assit sur le banc à l'abris de la brise de minuit et je fais de même. 

Il sort de sa poche un joint, il me regarde et des rides se forme sur son front, l'air de me demander "ça te tente ?". Je réponds par un acquiescement et il sort alors un briquet pour l'allumer.

Je le regarde poser ses lèvres sur le ter, et aspirer la première bouffée, mes narines sont immédiatement remplie de l'odeur que j'apprécie tellement. Il garde un moment la fumée dans ses poumons, en fermant les yeux, et puis la recrache délicatement dans l'air. Puis après avoir tiré quelques fois, il me le passe.

Au bout de quelques minutes, nous en sommes à la moitié, ses yeux sont gorgés de sang, sa muqueuse est rouge, je pourrai presque sentir sa salive s'évaporer de sa bouche, je commence à être dans le même état que lui.

Soudain, la drogue prends emprise sur mon corps et je me sens lentement flotter en arrière, je ferme les yeux, je suis bien. Quand je les ré-ouvre, je remarque qu'il sourit en me regardant, je sourie à mon tour, ne pouvant m'en empêcher.

"Tu veux aller au paradis ?" Me dit-t-il "Je sais pas, ça existe le paradis ?" "C'est pas grave, viens, tu vas comprendre." 

Il se lève, m'attrape par le bras pour m'aider à me lever et m'emmène à l'entrée d'un immeuble non loin de là. Le code de l'immeuble ne marchait, plus j'en conclue donc qu'il devait être abandonné. En entrant on tombe directement dans une minuscule cage d'escalier, on commence à monter, ça nous semble interminable, il y à neuf étages.

On arrive enfin au bout, face à une porte en fer. Billie lui donne deux ou trois coup de pied et force sur la poignée grinçante. Il ouvre alors la porte qui donne sur un toit. Il s'avance et se pose sur le rebord de l'immeuble. "Attention, tu vas tomber, t'es malade", lui dis-je. "Mais bien sur que non !". Je le rejoins doucement, et je m'assoie par terre. Il descend du rebord et s'assoie à côté de moi. Je me sens bien, la vue du ciel étoilée me rends nostalgique, je ne pense à rien, je laisse mon cerveau s'envoler. Je tente de créer un contact visuel avec Billie, mais celui-ci fixe le sol.

"Qu'est-ce que tu fais quand quelque chose d'injuste t'arrives ?" me demande-t-il. Je pense un moment. Étrange comme question. Il est dans un état nostalgique comme moi je pense. "Hum, eh ben, je pense que si quelque chose d'injuste t'arrive c'est que tu as fais quelque chose de mal avant. C'est le karma. Si on t'enlève quelque chose, tu ne l'as pas mérité..." Je regarde maintenant mes mains, ça me rends triste de parler de ça. Ça me rappelle des mauvais souvenirs, et c'est la dernière des choses dont j'ai besoin en ce moment. "Tu penses que j'ai fais quelque chose de mal ?" Billie me coupe dans mes pensées. "J'ai toujours aidé ma mère, même quand mon père n'était plus la, mais on peut jamais compter sur sa famille. Cette bande d'enfoirés..." Billie commence à devenir tout pâle, il à les yeux à moitié fermé et sa tête vacille, peinant à rester droite. "Billie...?" 

Soudain il se braque sur lui même et commence à crier "C'est moi qui l'ai tué ! Je suis désolé ! Désolé ! Désolé !" Je tente de le calmer mais il me repousse. "Va crever ! Comment tu as pu ? Va te faire foutre ! Dégage ! J'vais te tuer, j'te jure, j'vais te tuer si tu pars pas ?" Son souffle est rapide et saccadé, il se calme, je le regarde avec inquiétude, ne sachant quoi faire. Il semble plus serein maintenant, je pose ma main sur son bras et me place en face de lui. "Billie, tu pars en bad trip, il faut qu'on parle, et il faut que je te fasse marcher, calme toi, respire." Il relève la tête vers moi, ses yeux sont mouillés, rouges et à moitié fermés. "J'avais quelque chose à te dire..." Surprise, je lui dis "Va y dis le moi, mais lève-toi vraiment, il faut qu'on marche tu te sentira mie-" Il me retient par le bras et me regarde sérieusement "Ecoute moi, s'il te plait... Je sais pas ce qu'il m'a pris tout à l'heure, écoute j'ai pas vraiment le moral en ce moment, tu le sais, avec tout ce qu'il se passe chez moi... Dans ma tête aussi, c'est insupportable, c'est invivable, j'ai besoin de toi... Je crois que depuis tout ce temps j'ai toujours eu besoin de toi." Il recommence à regarder dans le vide. Il délire complètement, il me prend carrément pour quelqu'un d'autre. Bon je peux pas le laisser comme ça. "Oui, c'est ça, si tu veux Billie." J'arrive enfin à le soulever, on se dirige vers la porte, je l'aide à descendre les escaliers, on sort enfin de l'immeuble abandonné.  Près de l'abribus il y a une cabine téléphonique, je m'y précipite, toujours en soutenant Billie pour l'aider à marcher droit. Je compose le numéro de Mal.

"Allô ? Oui Mal, c'est moi Julie. Ecoute, je sais pas où vous êtes mais là je suis avec Billie, on s'est fumer un joint et il est complètement parti en bad, tu peux me passer Mike ?" "Bah écoute, j'aimerai bien mais il a cru que... bah vous deux vous alliez faire votre petit affaire plus loin et comme il était fatigué il est rentré chez lui..." Je me mords la lèvre. "Merde, qu'est-ce que je vais en faire." "Bah Julie tu  connais pas ce type..." "Peut-être mais je peux pas le laisser comme ça. Il est vraiment en plein délire, ça me fait de la peine, t'aurait du voir comment il s'est mis à crier tout à l'heure, il me confonds avec quelqu'un d'autre." "Au pire, ramène le chez toi." "Oui je pense que je vais faire ça. Merci, du coup j'y vais, salut Mal." "Salut, bonne chance surtout, tu veux pas qu'on te trouve pour t'aider." "Non t'inquiètes, ça va aller, merci." Je raccroche. 

Billie est silencieux, mais un peu plus conscient que tout à l'heure. Je me mets à lui parler pour qu'il reprenne un peu ses esprits. "Billie, t'es pas dans ton état normal, je sais pas où t'habites mais j'habite pas loin, si tu veux, tu peux passer la nuit chez moi, ok ?" Il soupire. "J'ai pas de chez moi." Je le regarde avec étonnement. C'est un SDF ? "Tu veux dire quoi par là Billie ?" "Je suis parti, j'ai plus de chez moi... Si tu m'accueilles ça serait bien. Ca serait vraiment cool..." Je me demande bien quelle genre de vie il mène... Pourquoi serait-il parti de chez lui ? Oh je suis trop défoncé pour réfléchir, je veux juste rentrer chez moi. "Oui, il y a pas de problème."

A peine notre discution se fini que le bus arrive non loin. Nous le prenons. Après 8 stations on descend, nous montons chez moi, je lui donne quelque chose à manger, l'installe dans mon lit et vais me coucher sur le canapé. Étrange ce type.. Mes paupières sont lourdes, je m'endors aussitôt.

OK, OK, OK x2, c'est vraiment nul j'suis désolée mdr.

don't go.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant