Un soir, peu de temps après que sa planète se soit entièrement vidée de toute vie humaine, la petite habitante s'accouda à sa fenêtre, un sourire naissant sur son visage lorsqu'elle aperçut son étoile, scintillante dans le ciel bleu nuit. Elle avait été triste aujourd'hui mais savoir qu'une fois de plus, son étoile était présente lui réchauffait le cœur, l'allégeait un peu de sa tristesse et de sa solitude.
« - Comment vas-tu aujourd'hui petite étoile ? »
L'étoile tremblota rapidement, un peu comme si elle tenait à lui répondre que tout allait bien et la petite habitante continua :
« - Je me sens si seule ici. Avant aussi, je ressentais parfois cette solitude, mais il y avait du monde autour de moi. Il y avait des rires, des chansons, de l'amour. Aujourd'hui, il n'y a plus rien que le silence. »
Elle soupira doucement et baissa la tête, chassant une longue mèche blonde de son visage avant de relever la tête pour regarder de nouveau son étoile.
« - Heureusement que tu es là. Tu me tiens compagnie chaque soir et tu écoutes toutes mes complaintes. Sans toi, la solitude serait intenable. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si toi aussi tu avais décidé de quitter la planète. »
Elle vit l'étoile s'agiter, sa lueur se propageant davantage dans le ciel sombre et elle eut l'impression qu'elle se rapprochait de sa fenêtre. Elle semblait si proche qu'il lui semblait qu'en tendant un peu la main, elle pourrait la toucher. Mais au fond, elle savait qu'elle était à des milliards de kilomètres d'elle. Si loin et si proche à la fois. Soudain, la voix cristalline de l'étoile se fit entendre :
« - Tu sais ma petite, les étoiles ne sont pas éternelles. Un jour, je devrais te quitter et abandonner ta planète. Les étoiles redeviennent toutes des poussières de diamant. »
« - Mais comment ferais-je sans toi ? Que deviendrais-je lorsque tu seras partie ? Je serais seule. Tristement seule, désespérément seule. »
« - Il ne faut pas dire ça. Loin de cette planète, il y a d'autres planètes, d'autres habitants. Tu pourrais aller à leur rencontre et construire ta famille, ta vie. »
« - Mais ma famille c'est toi. Tu es tout ce que j'ai. Tu es le trésor le plus précieux que je possède. Ton amour me réchauffe chaque jour et comble mon cœur d'une joie infinie. Tu accompagnes chacune de mes journées par ta douceur et ta bienveillance. Tu écoutes chacun de mes mots et quand je ris, je peux presque sentir la chaleur de ton rire dans mon dos. Et quand je pleure, je peux presque sentir la tendresse émaner de toi et m'envelopper, bien mieux que n'importe quels bras. Sans toi, je n'ai plus rien. Je ne suis plus rien. »
Elle sentit alors couler sur son visage une larme, puis deux, à l'idée qu'un jour son étoile disparaisse. Un vide terrible se creusait en elle à cette simple pensée. Son cœur se serrait imperceptiblement et elle sut que jamais, elle ne pourrait vivre sans son étoile.
« - Tu sais, un jour, j'inventerais une machine qui permettra aux étoiles d'être immortelles. Comme ça tu ne me quitteras jamais. Tu veilleras sur moi pour toujours. »
Elle eut presque l'impression de sentir l'étoile sourire et elle essuya doucement les larmes qui séchaient sur son visage pâle.
« - Tu sais, même lorsque je serai redevenue poussière, je serais là. Je te suivrais toujours et éternellement. À chacun de tes sourires, je sourirais. A chacune de tes larmes, je pleurerais. Je ressentirais comme aujourd'hui la moindre petite émotion qui t'embrasse, te met en joie, te fait souffrir, te fait douter, et je t'accompagnerais. Même si tu ne me vois plus, je serais pour toujours dans un petit coin de ton cœur, enfoui là. Je te protégerais à jamais et je vivrais avec toi. Et je le sais, pour moi, tu continueras de vivre, de sourire, de pleurer. Tu grandiras, tu t'élèveras. Tu deviendras la femme forte que j'ai toujours su que tu deviendrais. Tu iras loin et tu verras d'autres planètes, d'autres étoiles. »
« - Merci de me dire tout ça. Quand l'obscurité prendra ta place et envahira ma planète, je te chercherais au plus profond de mon cœur pour me rassurer et me consoler. Et je te promets que je n'aimerais jamais plus une étoile comme je t'aime. Mon amour brillera pour toujours et t'accompagnera comme chaque petite poussière de diamant qui te fait. »
« - Je dois m'en aller. Le soleil va se lever. Tu devrais toi aussi aller te coucher ma petite. »
Et elle sentit alors un souffle délicat se promener sur son visage comme la caresse d'une main bienveillante. Elle resta un instant à regarder le ciel, qui doucement reprenait ses couleurs d'aurore, et bientôt, le soleil se leva, chassant pour la journée son étoile, et prenant fièrement sa place, trônant et exposant ses rayons aussi prétentieusement qu'il le faisait chaque jour.
Elle referma la fenêtre et regagna son lit, se glissant sous la couette. Elle était épuisée car une fois de plus elle avait passé toute la nuit en compagnie de son étoile, mais pourtant, elle ne put trouver le sommeil. Elle repensait aux paroles de cette dernière, incapable de chasser ces mots qui l'effrayaient de son esprit. Elle somnolait parfois, mais se réveillait, en sursaut, lorsque l'image d'un ciel noir, dépourvu de son étoile, s'immisçait dans son esprit.
Lorsque finalement, après quelques heures de sommeil, elle quitta son lit, la journée était déjà à son zénith. Elle alla alors se balader, longuement, savourant la chaleur du soleil caresser son visage et se perdre dans ses cheveux de blés, et admirant les champs fleuris aux teintes si colorées, qui composaient sa planète. Elle se rendit à la rivière du Rocher Noir, l'endroit qu'elle préférait et où elle se rendait aussi parfois la nuit pour voir son étoile. Ici, elle avait l'impression d'être loin de tout, d'être dans un autre monde et toutes les angoisses s'envolaient le temps de quelques heures. Elle s'installa au bord de la rivière, laissant ses pieds rencontrer l'eau glacée et elle laissa son esprit dériver, s'attardant encore sur les mots de son étoile.
Ça lui faisait mal d'imaginer qu'un jour sa petite étoile la quitterait, mais au fond, elle savait que ce qu'elle lui avait dit était vrai. L'étoile ne mentait jamais. Même si elle venait un jour à quitter le ciel et à éteindre sa lueur si brillante, elle savait qu'elle serait toujours là, quelque part dans son cœur, et cette pensée la réconfortait. Elle avait tellement de souvenirs avec elle. Elles avaient pleuré ensemble, elles avaient ri toutes les deux, elles avaient parlé, à cœur ouvert, de tout et de rien, et elles s'étaient découvertes mutuellement, s'ouvrant l'une à l'autre. Il n'y avait rien de plus beau au monde que ce qu'elles avaient pu partager. Et ça, la petite habitante en était convaincue. Et elle savait qu'elles partageraient encore beaucoup de choses avant que l'étoile ne s'en aille. Elle s'en fit la promesse. Il fallait que chaque jour compte et il fallait que chaque jour, la petite étoile sache qu'elle était aimée et qu'elle le serait éternellement. Ces pensées chassèrent la mélancolie qui s'était installée suite à leur discussion et lorsque la nuit tomba, elle était encore là, perchée sur son rocher, à attendre impatiemment l'étoile.
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Une étoile dans le ciel
Short StoryUne jeune femme vit seule sur une planète loin de tout. Elle n'a pour seule compagnie qu'une étoile qui veille sur elle depuis toujours. Petit conte philosphique écrit pour l'anniversaire de ma mamie. Métaphore de l'amour que je lui porte et de ce q...