Élias ouvre la porte et jauge la neige un petit moment. Puis il s'écarte pour me laisser le passage. Lentement, je m'élance dans la neige. Mes roues bloquent immédiatement mais Élias se met derrière moi et pousse. Oscar est trop heureux de me voir et saute dans tous les sens. J'essaye de faire avancer mon fauteuil roulant dans la neige, je pousse sur les roues de toutes mes forces mais ça ne marche pas. Il y a beaucoup trop de neige et même Élias, qui est pourtant très musclé, n'arrive pas à me faire avancer. Il ne lâche rien mais je sais parfaitement que je n'avancerai plus.
- Laisse tomber ! » Je finis par dire un peu trop fort.
Oscar arrête immédiatement de crier et de sauter dans tous les sens et me fixe avec méfiance. Son père lui, continu de pousser mon fauteuil, sans résultat.
- Arrête je te dis ! C'est ridicule ! Pourquoi crois-tu que je ne sors pas ?! Je ne peux plus rien faire ! Je ne peux même pas accrocher l'étoile en haut de ce foutu sapin ! Je ne sais pas pourquoi je me suis laissé convaincre ! Cette idée était vraiment stupide ! » Je hurle alors que des larmes menacent de m'échapper.
Élias s'arrête et vient devant moi mais j'évite son regard.
- Je suis désolé ... Je pensais que ... » Bégaye-t-il alors que je commence déjà à reculer avec mon fauteuil pour regagner la prison qu'est ma chambre.
- Ouais bah évite de penser parce que tu ne sais rien ! Tu ne comprends rien OK ?! » Je termine avant de rentrer dans la maison.Ma mère tente de me retenir mais je ne l'écoute pas et pars m'enfermer dans ma chambre. J'entends mon père discuter avec Élias pour le rassurer pendant que je pleure au beau milieu de ma chambre. Ma mère entre, sans mon autorisation et je pars m'enfermer dans ma salle de bain, seule pièce que je peux fermer à clé même si j'ai promis à mes parents de ne jamais le faire. Ma mère tente de s'énerver contre moi tout en me disant à quel point c'est dangereux pour moi de m'enfermer. Puis elle essaye de me faire croire qu'elle comprend ce que je vis mais la vérité c'est qu'elle ne pourra jamais comprendre. Elle pourra essayer mais elle n'y arrivera jamais vraiment parce qu'elle ne pourra jamais ressentir ce que je ressens. La vérité, c'est qu'elle, elle peut toujours marcher et moi non. Elle ne saura jamais ce que ça fait ...
Je reste enfermée dans la salle de bain toute la journée. Je ne mange rien, je ne fais rien d'autre que pleurer. Mon père et ma mère essayent de me convaincre à tour de rôle d'ouvrir la porte mais je ne leur répond pas. Ils finissent par appeler Eva, le soir, et ils ont raison, car je lui ouvre immédiatement. Elle entre et me prend dans ses bras, attendant que je me calme et que je lui raconte tout. On discute une bonne partie de la soirée. Elle m'oblige à manger puis s'occupe de me mettre en pyjama et de me coucher. Elle ne quitte ma chambre que lorsque je m'endors difficilement, avec le moral à zéro et l'envie de quitter ce monde qui ne veut visiblement plus de moi, ou tout du moins, plus de moi heureuse ...
Le lendemain matin, je me réveille honteuse. Je découvre mes parents, endormis l'un sur l'autre, dans le seul fauteuil de ma chambre. Ils ont dû passer la nuit ici, pour me surveiller et être là pour moi. Je regrette mon comportement de la veille. Je me rends compte du mal que j'ai du leur faire. Je suis impatiente qu'ils se réveillent pour que je puisse leur demander pardon. Ma mère est la première à ouvrir les yeux. Elle semble fatiguée mais me sourit dès que nos regards se croisent. Elle quitte les genoux de mon père pour venir s'asseoir sur le bord de mon lit. Immédiatement, je tends mes bras vers elle pour qu'elle me fasse un câlin. Elle semble ravie que je ne la repousse pas de nouveau.
- Je suis désolée pour hier maman. C'était compliqué pour moi de gérer tout ça ... Je n'aurai pas dû te repousser comme je l'ai fais ... Je ne voulais pas vous inquiéter ... » Je m'excuse tout en pleurant.
- Ce n'est pas grave, c'est rien, oublions ça ! » S'exclame-t-elle tout en caressant mon visage.
- Aujourd'hui est un nouveau jour ! » Ajoute mon père qui vient de se réveiller.Je lui fais signe de venir et il s'ajoute à notre câlin. Puis mon père me sort de mon lit pendant que ma mère va chercher mon petit-déjeuner. Je l'entends parler avec Élias et lui dire que je vais mieux ce matin. Puis j'entends la porte de la maison s'ouvrir et se refermer. C'est pourtant trop tôt pour que ce soit Eva. Ma mère finit par revenir avec un plateau, accompagnée d'une petite tête blonde.
- Il voulait te voir. Ça ne te dérange pas ? » Me demande-t-elle pendant que Oscar grimpe sur mon lit sans attendre la permission.
Je m'approche de lui avec mon fauteuil roulant et lui sourit.
- Pas de problème. » Je réponds pendant que ma mère me dépose mon petit-déjeuner sur mon bureau.
- Tu vas plus pleurer maintenant ? » Me questionne alors Oscar avec une bouille toute triste.
- Non, je ne vais plus pleurer. » Je lui répond tout en lui souriant.
- Et bah moi, je préfère quand tu souris ! » S'exclame-t-il, de nouveau content, me faisant rire.
- Moi aussi ! » Je lui confirme tout en lui ébouriffant les cheveux.
Il grogne mais rigole.
- J'ai fais un géant bonhomme de neige ! » Continu-t-il pendant que je commence à manger.
- Whaou ! C'est cool ! Tu t'es bien amusé alors ?
- Oui ! Plus que papa ! Il était un peu triste papa que tu sois parti, je crois qu'il voulait vraiment que tu joue avec nous ! »Mon sourire se fane un peu. Je ne sais pas quoi lui répondre. Alors ma mère lui demande de retourner à la cuisine avec elle pour faire des gâteaux. Oscar est aux anges et s'en va en courant. Mon père le regarde faire, un sourire aux lèvres, puis il dépose un baiser dans mes cheveux et me laisse manger tranquillement. Ensuite, Eva arrive, toute souriante. J'ai l'impression qu'elle me cache quelque chose et j'essaye de lui tirer les vers du nez mais elle reste silencieuse. Une fois que je suis propre et habillée, elle me demande de nouveau de l'accompagner jusqu'à la porte. Je n'en ai pas vraiment envie mais elle insiste tellement que je n'ai finalement pas vraiment le choix. Je sors de ma chambre avec elle. J'attends qu'elle salut mon père, puis ma mère et Oscar qui sont dans la cuisine, plein de farine et de chocolat, puis je lui ouvre la porte. Je tombe alors nez à nez avec Élias. Instinctivement, je recule, mais Eva me bloque et Élias se penche pour attraper mes accoudoirs et me tirer de nouveau vers lui.
- On a fait un super bonhomme de neige hier avec Oscar et je crois me souvenir que tu voulais voir à quoi il ressemblait. On a pas prit de photo, je me suis dis que se serait mieux que tu le vois de toi même. » S'exclame-t-il pendant que je panique.
J'essaye de reculer mais je suis bloquée et je déteste ça. Et cet idiot en face de moi me sourit à pleines dents !
- Je ne peux pas ! Tu ne te rappelle pas ?! » Je m'énerve malgré moi tout en me débattant.
- Maintenant tu peux ! » Me corrige-t-il en s'éloignant.
J'arrête de me débattre pour regarder devant moi. Élias a créé un chemin dans la neige de la taille de mon fauteuil roulant.
- Qu'est-ce que ... » Je bégaye alors qu'il me sourit de plus belle.
- Après toi ! » Se contente-t-il de me dire en me montrant le chemin.Je me tourne vers Eva qui m'encourage d'un signe de tête. Alors je m'élance. Le chemin est parfait et j'arrive à aller jusqu'au bonhomme de neige sans encombre. Je m'arrête devant lui et le fixe, les larmes aux yeux. Il est vraiment géant et vraiment super ce bonhomme, les garçons ont raison. Et je n'arrive pas à croire que Élias ait fait tout ça seulement pour que je puisse le voir. Lorsque je me retourne, je découvre que ce dernier est juste derrière moi. Il me fixe avec un sourire, les mains dans les poches.
- Merci ... » Je murmure tout en essuyant mes larmes.
- Ce n'est que le début ! » M'assure-t-il alors.
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La magie de Noël
RomancePrologue - Je m'appelle Jade Dawson. Il y a cinq ans, alors que je n'avais que quinze ans et que je rentrais tranquillement du lycée, une voiture m'a renversé sur le passage piéton. Depuis, je suis paraplégique. Je passe ma vie dans un fauteuil rou...