Chapitre III

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Des coups frappés à la porte tirèrent Sebastian de ses réflexions. Une voix féminine s'éleva derrière le battant :

— Ouvre, Frannie ; c'est Grace.

Un instant désemparée, la jeune fille se ressaisit.

— Ma sœur, dit-elle à Sebastian. Cachez-vous ! vite !

Elle désignait les larges tentures derrière lesquelles on pouvait facilement se faufiler. Elle lui offrit sa main pour se lever, mais Sebastian fit « non » de la tête. Il se sentait capable de parcourir l'espace séparant le fauteuil de la fenêtre. Il ferma celle-ci et détacha les embrasses dorées ; les lourdes draperies retombèrent. Sebastian prit soin de ménager un interstice. La seconde fois en une demi-heure qu'il était forcé de se dissimuler. La dernière, j'espère. En dépit du côté cocasse de la situation, il avait hâte de réintégrer ses habits de duc.

Le cœur de Frances battait fort en tournant le loquet ; presque autant qu'en apercevant l'ombre sous sa fenêtre. Elle avait eu un réflexe de peur, vite remplacé par de la curiosité. Peut-être aussi l'instinct de protection qu'éprouvent les femmes devant un être en danger. Quand l'homme lui avait parlé, toute crainte l'avait définitivement abandonnée. Fugitif ou pas, sa façon de s'exprimer trahissait un certain degré d'éducation, tout comme ses vêtements révélaient le souci de son apparence. Et malgré l'état déplorable où il se trouvait, elle n'avait pu s'empêcher de remarquer sa prestance. Le comte de Milton, l'éternel soupirant de Céleste, était loin d'avoir cette allure ; il transpirait même la vulgarité et son odeur incommodait Frances. Malgré la longue course que l'inconnu avait dû fournir, une fragrance subtile de savon à raser et de cuir émanait de lui, en plus d'autres senteurs, plus épicées, mais nullement désagréables. Dans son ignorance de jeune fille tenue à l'abri du désir masculin, elle ne pouvait les identifier.

La porte s'ouvrit et Grace pénétra dans la chambre. Pourvu qu'elle ne soupçonne rien ! pensa Frances. Se rendant compte du tremblement de ses mains ; elle dissimula ces dernières dans les plis de sa robe.

— Tu boudes toujours ? demanda sa sœur.

— Je ne boude pas, je suis en colère. Cette façon qu'ils ont de se moquer de moi, de me traiter en quantité négligeable...

Elle n'aurait pas dû parler ainsi devant un étranger, mais peu importait. Il ne la connaissait pas et n'était pas en position de la juger. Grace lui tapota affectueusement la joue.

— Tu te fais des idées. Nous te tenons tous en haute estime.

— Toi, peut-être ; pas Augustus, ni Becky, ni Père. Autrement, ils ne m'obligeraient pas à épouser cet homme horrible.

Frances se figura avoir entendu un froissement de tissu au moment où elle prononçait ces derniers mots. Quelle catastrophe si ce malheureux se dévoilait ! Grace protesta :

Frances et son ducOù les histoires vivent. Découvrez maintenant