Chapitre VII

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Le contenu du panier préparé par miss Young pesait lourd au bras de Frances. De l'achillée mille-feuille pour faire baisser la fièvre, du sureau aux vertus calmantes, un onguent à base d'huile de thym, solidifiée dans de la graisse de mouton pour accélérer la cicatrisation. « Il devra en boire beaucoup, avait préconisé Adèle : de l'eau et de la tisane. » Aux remèdes, elle avait ajouté un gobelet, des bandages et des vêtements ayant appartenu au révérend Young. Tel que vous le décrivez, Justin Brécourt est à peu près de la taille de mon père. Le coupe-chou et le savon à raser du révérend furent placés au milieu des chemises et des pantalons. En raccompagnant son ancienne élève à la barrière, Adèle lui fit ses recommandations :

— Tâchez de trouver une cachette moins exposée que votre chambre. De mon côté, je contacterai une personne de confiance qui conduira notre blessé à la Côte une fois rétabli. De là, il pourra rembarquer pour la France.

Avec miss Young, tout devenait plus simple, plus facile. Je vous renouvelle la mise en garde de ne pas trop vous attacher à ce garçon, ajouta-t-elle cependant. Pourquoi ne pas donner une chance à votre futur ?

— Je refuse de servir de jouet à un homme dont les maîtresses ne se comptent plus.

Adèle hocha la tête dubitativement.

— Il a peut-être souffert d'un manque dans son enfance. J'ai entendu quelque chose à ce sujet, mais cela ne me revient pas dans l'immédiat.

Les carences affectives, vraies ou supposées, de Maverick laissaient Frances de marbre. Malgré le respect dû à sa gouvernante, elle camperait sur ses positions.

— Je voudrais être comme vous et vivre de ma musique, jeta-t-elle en désespoir de cause.

— Un vœu déraisonnable. Notre société n'est pas tendre pour les femmes sans fortune pourvues d'un certain degré d'éducation. Vous voyez-vous subsister médiocrement dans un orchestre de seconde zone ? Rogner sur la moindre chandelle, la plus petite bûche ? Porter des robes cent fois raccommodées ?

Oui. Tout plutôt que se prêter à ce pitoyable simulacre, fut sur le point de dire Frances. À quoi bon ? Son destin était tracé d'avance et rien ne pourrait le changer. Justin, malgré les circonstances peu favorables, était maître du sien. Il guérirait et s'en irait. 

Lorsqu'elle quitta le jardin, à la fois triste et soulagée de ne plus porter seule un tel secret, le soleil décrivait une courbe ascendante. Elle cligna des yeux, aveuglée, et faillit se heurter à un passant : un jeune homme grand et svelte dont l'extrême blondeur lui évoqua quelque chose. Peter Snow, l'amoureux de sa sœur. Oh ! mon Dieu ! Sans ses cheveux dont les pâles copeaux volaient au vent léger, elle ne l'aurait pas reconnu. Ce n'était pas tant sa physionomie qui avait changé que sa façon de se vêtir. Au lieu d'une blouse ouverte, il portait une chemise avec une cravate qui lui enserrait le cou : le tout complété par un veston brun et un pantalon de dandy ou peu s'en fallait. Apercevant Frances un sourire radieux naquit sur ses lèvres. Faute de chapeau pour se découvrir, il se borna à la saluer de la main.

Frances et son ducOù les histoires vivent. Découvrez maintenant