Chapitre 3

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Il me faut un certain temps avant de me ressaisir, quelques fractions de seconde pour m'assurer que ce n'est pas lui. Je pousse un léger soupir. Je suis incroyablement soulagée, pendant un instant j'ai cru que mon pire cauchemar se trouvait devant mes yeux. Je secoue légèrement la tête et fais apparaître un sourire sur mon visage avant de dire :

- J'ai hâte de commencer à travailler avec vous tous.

Je me tourne vers l'équipe,toujours avec ce sourire collé sur mon visage. Ils m'adressent tous un sourire en retour, avant de repartir à leurs occupations. Je m'assois à mon bureau, allume mon ordinateur et sors un bloc-note et un agenda que je pose juste à côté. Elizabeth s'avance vers moi avec un dossier dans ses mains, elle le pose sur ma table avant de m'annoncer :

- C'est le manuscrit sur lequel tu vas travailler cette semaine. Tu as jusqu'à mercredi prochain, bon courage.

Puis elle repart toujours avec un sourire sur les lèvres. Je configure mon ordinateur en mettant un mot de passe et en regardant les différents logiciels que j'ai à ma disposition. Je jette ensuite un coup d'œil à la pile de papier posé à côté de moi, puis je note dans mon agenda la date de délai afin d'être sûre de finir dans les temps. Mercredi prochain, vu qu'on est mardi ça me laisse environ huit jours pour travailler dessus. Je décide de m'y mettre maintenant et commence à lire le manuscrit. Celui-ci est plutôt intéressant et je ne vois pas le temps passer,résultat quand je lève la tête l'horloge indique treize heures et demi. Je me lève et remarque que nous ne sommes plus que trois dans le service à être encore ici, moi et deux hommes qui semblent plongés dans leur travail.

Je sors et m'en vais chercher un plan du bâtiment puisque je n'ai aucune idée de l'étage où se trouve la cafétéria et que je commence vraiment à avoir faim. Je finis par trouver et j'apprends qu'elle se situe au deuxième étage. Je décide de prendre l'ascenseur car mes talons ne me permettent pas de descendre quatre étages à pied. Une fois arrivée en bas, j'entre dans le réfectoire, prends un plateau et garni mon assiette avec une salade, du jambon, des pâtes et un muffin au chocolat. J'allais m'asseoir à une table vide mais une voix aiguë m'interpelle :

- Kat ! Viens te joindre à nous !

Je me retourne et aperçois Nico en compagnie d'Elizabeth, David et un autre garçon qui s'appelle Evan il me semble. Elle me fais signe de la main et je décide de les rejoindre. Je pose mon plateau à côté d'Elizabeth et à peine ai-je le temps de poser mes fesses sur la chaise que Nico s'empresse de me parler :

- Alors Kat, parle nous de toi !

- Qu'est ce que tu veux savoir ?

- D'abord pourquoi ton nom de famille est Azarov alors que tu viens tout droit de Seattle, ça ne fait pas du tout américain comme nom.

- Mon père est d'origine russe mais il a quitté la Russie à l'âge de 10 ans pour partir en France avec mon grand père. Il a rencontré ma mère là bas, ils se sont mariés et deux ans après j'étais là. Katerina vient du prénom de ma grand mère du côté de mon père que je n'ai pas connue. Mais maintenant mes parents sont divorcés, mon père est resté en France et ma mère est partie à Seattle pour s'installer avec son nouvel homme et moi. C'est à peu près tout ce qu'il y a besoin de savoir.

- Ta grand mère n'est pas venue en France avec le reste de ta famille ? Me demande Nico.

- Non elle est morte quand mon père avait quatre ans, tuée par des soldats.

- Désolée...

- Non ce n'est pas grave je ne l'ai jamais connue de toute façon mais d'après mon père c'était une femme formidable.

Plus personne ne parle, ils me regardent tous et je crois déceler de la pitié dans leurs regards. J'essaye alors de changer de sujet et demande :

- Ça fait combien de temps que vous êtes ici ?

- Six mois pour Nico, onze mois pour Evan, un peu plus d'un an pour moi et deux ans pour David,me répond Elizabeth.

Tout le reste du repas s'effectue en silence et je m'en veux un peu d'avoir gâché l'ambiance. Je finis rapidement mon assiette et file poser mon plateau avant de reprendre l'ascenseur pour retourner travailler. Arrivée à mon étage je sens mon téléphone vibrer dans la poche de mon pantalon. Je jette un coup d'œil à l'écran et le nom qui s'affiche me surprend tellement que je m'arrête en plein milieu du couloir d'un coup, ne faisant pas attention à la personne derrière moi qui manque de peu de me percuter. Il grogne et me dit de faire attention où je vais avant de repartir d'un air furibond. Je n'y prête pas du tout d'attention, mes yeux toujours rivés sur l'écran.

Papa. C'est le nom qui s'affiche sur l'écran, la dernière fois que je lui ai parlé remonte à trois ans quand j'ai intégré mon école de lettres. J'hésite à répondre, pas uniquement parce que mes liens avec lui sont tendus mais aussi parce que si je commence à tout le temps prendre mes appels personnels au bureau, je vais être mal vue. Je range mon téléphone dans ma poche au moment où le nom disparaît. Je retourne dans mes locaux et m'installe à mon bureau, reprenant la lecture de mon manuscrit. Peu à peu tout le monde retourne à sa place et l'après midi se passe sans encombres. Quand je lève les yeux de mon dossier il est dix sept heures, je décide donc de me lever et de ranger toutes mes affaires. Juste avant de passer la porte j'entends la petite voix de Nico :

- A demain Kat !

- A demain tout le monde, répondis-je.

Je me dépêche de sortir du bâtiment et cours pour ne pas louper le tramway. En arrivant à l'arrêt je soupire en voyant que le tramway est supprimé et que je dois attendre vingt minutes avant le prochain. Je m'assois donc sur le banc sous l'abri, prend mon téléphone et sors mes écouteurs, je me détends légèrement lorsque Take it all de Ruelle se met en marche.

J'essaie de faire un bref récapitulatif de ma journée et ne peux m'empêcher de penser que ce nouveau job s'annonce très bien. En plus de ça, mes collègues ont l'air ultra sympas. Bref, c'était vraiment une bonne journée si on oublie les yeux effrayants de mon boss et le coup de fil de mon père. Tiens, d'ailleurs dois-je le rappeler ? Cela fait trois ans que je n'ai pas eu de nouvelles de lui et je ne suis pas sûre de vouloir lui parler. Ce serait dommage de gâcher une si belle journée. Mon téléphone bip et en regardant l'écran je remarque un message, le nom qui s'affiche n'est autre que celui de ma meilleure amie, Allison. j'ouvre son SMS et sourit en le lisant.

Salut ma Katty ! J'espère que ta première journée s'est bien passée et je veux un compte rendu détaillé au téléphone dans les jours à venir. Tu me manques, bisous !

Tiens, je suis surprise qu'elle ait retenue qu'aujourd'hui était mon premier jour. Mais son message me fait vraiment plaisir et je m'empresse de lui répondre.

Salut la blonde, ma journée s'est super bien passée. Je te tiens au courant et on se fait un skype avant la fin de la semaine ! Bisous.

J'esquisse un sourire avant d'entendre la légère sonnerie annonçant l'arrivée du tramway. Je me lève et lorsque celui-ci arrive je m'engouffre dedans en même temps que la masse d'employés en costards-cravate. Le trajet se passe rapidement et déjà la voix du haut parleur annonce mon arrêt. Je descends, et me dépêche de rentrer chez moi, impatiente de m'affaler sur mon canapé et de me détendre un peu. Je sors mes clés de mon sac et rentre dans mon appartement, déposant mon manteau et mes chaussures dans l'entrée avant de balancer mon sac sur le canapé du salon. Je m'affale à côté, et soupire. Je jette un coup d'œil au téléphone posé sur la table basse puis me lève. Je saisis l'appareil et alors que je compose le numéro, j'appuie sur la touche annuler au dernier moment. Je ne suis pas vraiment prête à affronter mon paternel et je ne veux pas pourrir cette journée.

Je me fais un plat de pâtes en vitesse et me dépêche de manger. Épuisée par cette journée, je n'ai qu'une envie : me coucher. J'enfile mon pyjama qui se compose d'un legging noir et d'un t-shirt coca-cola rouge. Je me laisse glisser sous la couverture de mon lit et je sombre dans les bras de Morphée.


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