Chapitre 6

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- « Tout d'abord, tu dois vérifier les fautes d'orthographes et les entourer en rouge. Si il y en a trop, tu renvoies le manuscrit à l'auteur, en lui laissant pas plus de cinq jours pour le corriger. Ensuite, les fautes de syntaxe, utilises un stylo vert, c'est plus voyant que le noir ou le bleu. Et enfin, tu as le numéro de l'auteur à la fin du manuscrit,normalement.

-Oui je l'ai, je dois m'en servir ?

- Bien sûr, si tu penses que l'auteur devrait rajouter des détails ou si tu as un quelconque opinion sur comment améliorer son histoire, c'est ton devoir d'en discuter avec lui. »

Je commence à saisir le truc, grâce aux explications de David. Je m'empresse de tout noter sur un bloc note, afin d'être sûre de ne faire aucune erreur pour mon premier manuscrit. La voix de David me sort de mes pensées :

- « Si jamais tu as un souci, appelle moi et surtout n'hésite pas !

- Merci beaucoup, tu m'as été d'une grande aide. »

Le beau brun reste quelques instants à me fixer, et ses yeux bleus me donnent des frissons. Des souvenirs me reviennent à l'esprit et je me lève en vitesse.

- « Je vais prendre l'air un peu,ok ? »

Je n'ai pas le temps d'entendre sa réponse que j'ai déjà franchi le seuil de la porte et que je me dirige vers l'ascenseur. Je ne croise aucun visage familier sur le chemin, ce qui m'enchante, je ne suis pas trop d'humeur à faire la causette. Une fois dans l'ascenseur, j'ai l'impression d'étouffer. Comment oublier mon cauchemar alors que mon supérieur a les mêmes yeux que celui-ci ? Le bip sonore indiquant l'ouverture des portes résonne dans ma tête et je sors, d'un pas rapide et déterminé. Je manque de peu de percuter certaines personnes sur mon passage, mais franchement, c'est le dernier de mes soucis. Je veux juste de l'air, je veux juste réussir à regarder mon supérieur dans les yeux sans avoir envie de partir en courant. Je compte l'espace qui me sépare de la grande porte d'entrée, mes pas se font plus grands, plus pressants. Finalement, après quelques mètres, je sens enfin l'air frais qui s'engage dans mes poumons.

Je fais quelques pas avant de m'arrêter au milieu du trottoir, les yeux dans le vide. J'essaye en vain de vider mes pensées, de chasser ses beaux yeux bleus de ma tête. Face à moi, la ville s'anime, les marchands ont ouverts leurs boutiques, les passants affluent et mon esprit s'égare. Là, à droite une mère et sa fille marchent main dans la main, sans doute sur le chemin de l'école. Pas très loin, un vieil homme donne à manger à un tas de pigeons. Et sur sa gauche, la fleuriste arrange les derniers bouquets de fleurs avant le début de la journée. Tout semble banal, comme si rien ne pouvait ébranler ce monde à l'apparence si parfait. Mais si on regarde plus attentivement, on peut les voir, toutes les fissures qui empêchent ce monde d'être utopique. Ce vieil homme, vêtu tout de noir et à la mine triste, s'arrête ensuite chez la fleuriste prendre un bouquet de roses rouges avant de prendre la deuxième rue sur sa droite. Elle mène au cimetière. La jeune fille s'est mise à pleurer et la fleuriste, elle, se déplace en fauteuil roulant, ayant perdu l'usage de ses jambes durant je ne sais quel accident.

Puis soudain, une chevelure attire mon regard. Une jeune fille se trouve de dos, au plein milieu de la rue, ne semblant pas prêter attention aux voitures. Lesquelles semblent l'éviter comme la peste, elles ne la touchent jamais. De là où je suis, je ne vois que sa robe blanche comme la neige, et ses longs cheveux blonds, flottants au vent. Puis soudain elle se retourne, et je me fige.

Elle est face à moi, un sourire narquois gravé sur ses lèvres et ses yeux semblent me défier de venir la voir. J'ai le souffle coupé. Je sais que ce n'est pas réel, que ce n'est sans doute qu'une hallucination, mais les détails sont tellement réalistes que j'ai l'impression de l'avoir en face de moi. J'ai l'impression d'être en tête à tête avec ma meilleure amie depuis la maternelle. J'ai beau cligner des yeux, rien ne se passe, elle est toujours là. Elle me fixe toujours intensément, ce même sourire collé à ses lèvres. Et alors que je pensais, que cela ne pouvait pas être pire, j'entends sa voix qui m'appelle.

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