Chapitre 7

60 12 4
                                    

Cette fois-ci, c'est à mon tour de rester bouche-bée. Mon cerveau n'arrive pas du tout à recevoir la nouvelle information et je reste immobile, les yeux dans les yeux avec mon supérieur. Ou plutôt devrais-je dire, mon voisin. Je crois que mon expression l'amuse, puisqu'il rigole légèrement avant de se remettre face au volant, et de démarrer la voiture. Je ne sais pas quoi dire, alors le trajet s'effectue en silence. Je ne suis pas d'humeur à rigoler aux éclats, et je n'ai pas envie de me forcer, alors je préfère ne pas parler. J'ai bien envie de faire une remarque, mais j'ai peur des mots qui peuvent sortir de ma bouche. Il faut d'abord que je me calme. Même David semble avoir remarquer que ses rires n'arrivent pas à me faire sourire, alors il ne parle pas non plus. J'avoue cependant que la surprise n'est pas désagréable, et si j'étais un peu plus d'humeur, j'aurais probablement répondu concernant sa remarque sur sa beauté. Je jette en coup d'œil en coin à David, et je dois dire qu'il est vraiment beau, tout à fait mon style. Mais une petite voix me hurle qu'il est peut être dangereux lui aussi. Après tous, la plupart des hommes sont tous les mêmes. Pourquoi serait-il différent ?

La voiture rentre enfin dans la résidence et David se gare sur une place juste à l'entrée de notre bâtiment. Tiens, ça me fait penser, je ne l'ai jamais vu monter dans le tramway alors que du coup, on le prend à la même station. Bon c'est vrai que je ne regarde jamais vraiment qui attends le tramway, mais c'est quand même surprenant. Le bruit d'une portière qui s'ouvre me sort de mes pensées et je tourne la tête vers la droite, David m'a ouvert et semble attendre que je sorte. Je ne peux m'empêcher de déceler quelque chose qui ressemble à de l'inquiétude dans son regard, alors je fais apparaître un petit sourire forcé aux coins de mes lèvres. Je sors rapidement de la voiture avant de me rendre compte que j'ai laissé mon sac au bureau. Mais c'est à ce moment là que j'aperçois le dit sac dans les mains de David.

- « Avant de t'empêcher de te jeter en plein milieu de la rue, je suis allé chercher nos sacs à l'intérieur. Tu n'avais pas l'air bien, alors j'allais te proposer de rentrer chez toi dans tous les cas. - Son visage se fait sévère- Mais je ne m'attendais pas à te trouver à deux doigts du suicide. »

Il me tend alors mon sac, que je saisis délicatement. Il me tourne le dos et se dirige vers l'entrée d'un pas rapide, avant de me tenir la porte, tel un gentleman. Je m'introduis dans l'immeuble et appuie sur le bouton de l'ascenseur, lequel s'ouvre immédiatement. David se faufile à mes côtés, et ne m'adresse toujours pas la parole. Les portes s'ouvrent et je m'engouffre dehors, franchissant la distance qui me sépare de mon appartement en quelques secondes. Je fouille mon sac à la recherche de mes clés, quand la voix sévère du brun me fait relever la tête. Il est devant la porte ouverte de son appartement, et il me fait signe d'entrer.

- « Tu ne pensais quand même pas que j'allais tranquillement te laisser rentrer chez toi après ce que tu as fais ? »

En temps normal, je lui aurai répondu non, mais je suis trop secouée pour me prendre la tête avec lui. Je ne me comprends pas et je ne supporte pas d'être dans cet état. La seule chose dont j'ai besoin, c'est d'une bonne nuit de sommeil. Je m'approche de David, en traînant un peu les pieds et je m'engage dans son appartement.

Une odeur de propre règne dans celui-ci, une odeur de propre mélangée à un léger parfum sucré que je n'arrive pas à déterminer précisément. J'enlève mes chaussures et ma veste dans l'entrée, puis dépose mon sac par terre avant de partir à la découverte du lieu de vie de mon supérieur. L'entrée donne sur un grand salon, un peu comme le mien avec de grandes baies vitrées qui laissent passer la lumière et donnent une magnifique vue sur la ville. A droite, il y a sa cuisine, identique à la mienne, mais la peinture est plus colorée que chez moi. David passe devant moi et sors deux tasses d'un placard, et sans même me demander mon avis il commence à faire chauffer l'eau et sors deux sachets de thé. Il m'invite ensuite à m'installer sur son canapé,et ce serais mentir de dire que je suis actuellement à l'aise. Je reste quelques instants seule dans le canapé puis le brun finit par me rejoindre, les deux tasses à la main. Il m'en tend une et je le remercie d'un hochement de tête. Je prends une première gorgée et un goût de menthe et de miel m'envahit la gorge.

ShelterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant