Sink Into Oblivion.

III

2 Juillet 2014.

Le brun n'avait rien voulu changer, comme si tout devait être à l'exactitude de ce qu'il s'était passé des mois plus tôt. Il avait cette impression béante au fond du cœur qu'il avait attendu pour rien, et qu'il se bouffait la tête comme un adolescent de dix sept ans vivant son premier amour alors qu'il en détenait vingt quatre. Déambulant dans la chambre, il la retournait sans dessus-dessous. Une toile blanche traînait à côté des autres déjà utilisées. Il la fixa un moment, puis mis de la musique en fond sonore tout en s'abandonnant au dessin pour évacuer son stress. Il fallait qu'il reproduise le visage dont il se souvenait afin de ne pas se tromper. Et ce n'était pas forcément son visage par parfaite copie qu'il reproduisait, mais plutôt ce qu'il avait vu. Les détails qui l'avaient frappés, pas ses petits défauts qu'il n'avait pas remarqué. Après une heure de travail, il déposa la toile sur le lit et regarda l'heure. Il ne restait plus beaucoup de temps avant de sortir affronter la nuit de cet été splendide dans les rues de Sydney, et se déposer sur un banc face à l'Aquarium en attendant sa muse. Il se releva pour aller dans la salle de bain, et remettre ses cheveux en place convenablement. Il craqua ses doigts et ajusta son haut. S'observant, il essayait de se convaincre que son reflet était plus ou moins attirant. Ne souhaitant pas en faire des tonnes, il se contenta de se parfumer rapidement et de se munir de ses clefs ainsi que son porte feuille.

Concentré sur la route, il chantonnait ce que son lecteur audio décidait de lui jouer, appréhendant le rendez vous qu'on lui avait programmé des mois plus tôt. Avait-il été fou d'y croire, ou cela vaudrait-il le coup ? Il n'en avait aucune idée, mais il savait qu'il n'avait qu'à le vivre pour le savoir. S'engageant dans le parking, il guetta autour de lui pour chercher sa silhouette plutôt que de réellement chercher une place. Sachant que la nuit était tombée depuis belle lurette, il savait qu'il n'aurait pas du mal à s'en dégoter une. Mais la déception rude prit place sur son visage lorsqu'il ne décela personne devant son graffitis quelque peu dégradé. Arrêtant le moteur, il fixa les alentours à la recherche d'un mouvement. Plus le temps passait, plus son esprit perdait espoir. Têtu, il se décida à attendre une heure de plus en s'extirpant de son véhicule. Il alla s'asseoir sur le trottoir avec une bière qui traînait dans un pack à l'arrière de sa voiture. Les secondes défilaient, et le soleil pointait son nez. Harry fronçait les sourcils. Pour se donner de la contenance et évacuer son mécontentement, il fit exploser la bouteille au sol. Un débris ayant rebondit taillada son arcade de façon superficielle. Une voiture passa devant lui, s'arrêtant plus loin dans la rue. Quand la portière s'ouvrit, son cœur reparti de plus belle. Il fronça les yeux pour mieux percevoir qui allait dans sa direction, espérant corps et âme que ce soit celle qui trouvait toujours de la place dans ses pensées. Cependant, c'était un homme qui courrait pour arriver à sa hauteur. Il vérifia simplement qu'Harry allait bien avant de reprendre la route, et avoir nettoyé sa blessure. Le soleil montait de plus en plus sur la capitale, et c'est avec regret qu'il reparti dans sa voiture. En allumant le moteur, ce fut la mélodie qu'elle lui avait chanté ce fameux 2 Janvier 2014 qui résonna entre les vitres. Il ne voulait pas changer la chanson, même si son âme rêveuse venait de se briser en mille morceaux. 

Se rendant dans le café qu'il avait trouvé avec elle, il ne regarda pas le comptoir et alla s'asseoir près de la rive. Il aimait l'Australie, mais il ne savait pas si c'était réellement pour la population et le pays en lui-même, ou seulement parce que c'était relié au souvenir qu'il avait d'elle. Tout ce que son esprit semblait capable de se souvenir, c'était qu'une forte connexion s'était créé en ces lieux, et qu'elle n'aurait eu lieu nul part ailleurs. C'est une femme à la voix douce qui vint à sa rencontre pour prendre sa commande. Il marmonna ce qu'il désirait, sans quitter l'eau éclatante et légèrement agitée qui était face à lui.