Prologue

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Ce soir-là, lorsque mon père s'est garé devant la maison, je ne savais pas que ma vie allait prendre un tournant si brusque, et surtout si étrange. Il a déverrouillé la porte de notre nouvelle maison et a soupiré en essayant sans succès d'allumer le courant. J'ai lancé mon sac à dos sur l'une de mes épaules avant de faire un pas, puis deux à l'intérieur de notre demeure... si on pouvais encore appeler ça une demeure. Le village était déjà assez flippant, il fallait en plus que mon père ait choisi la plus vieille maison qui soit. La voisine, une vieille dame vêtue d'une longue robe noir nous observait, planquée derrière ses rideaux. Son regard me donnait froid dans le dos.

La maison était énorme, malgré le fait que nous ne soyons que deux. Je jetais un coup d'oeil vers mon père. Au même moment, un long grésillement a retentit et une lampe, puis une seconde se mirent à clignoter.

Après que le courant soit enfin établit, j'ai enfin pu voir l'intérieur de la maison clairement, et franchement, c'était presque aussi flippant que  de l'extérieur. J'avais l'impression d'avoir atterrit dans un film de vampire ou dans un manoir hanté. Un énorme lustre croulant sous la poussière pendait lamentablement au milieu du hall et un escalier tellement large qu'on pouvait y monter à trois ou quatre en même temps, même en étant en ligne, menait au second étage. Je me dirigeais aussitôt vers celui-ci avant de lancer à mon père qui se débattait avec une toile d'araignée :

- Heureusement que c'est bientôt Halloween, on n'aura pas besoin de déco !

Mon père m'a sourit d'un petit sourire forcé. Je crois qu'il regrettait presque d'avoir déménagé de chez ma mère. Il ne m'a jamais porté beaucoup d'attention, alors ça devait lui faire bizarre de devoir vivre dans une maison seul avec moi.

J'ai posé un pied sur la première marche de l'escalier. Le bois a aussitôt émit  un grincement à réveiller un mort, et un nuage de poussière a décollé de la vieille moquette disposée sur les marches. J'ai continué mon ascension non sans éternuer plusieurs fois.

En haut, il n'y avait plus de lumière.

- Papa ! ai-je lancé en me disant que si je criais trop fort la maison allait s'écrouler.

Mais comme il ne répondait pas, je me suis résolu à crier en me penchant par dessus la rambarde de l'escalier :

- Papa !

La silhouette de mon père est apparu dans la faible lueur du lustre.

- Asa ! Qu'est-ce qu'il se passe ! Tu vas bien ? demande-t-il aussitôt, paniqué.

J'ai levé les yeux au ciel avant de répondre :

- Tout va bien ! Je voulais juste te prévenir qu'il n'y a pas du tout de lumière en haut ! Est-ce que c'est normal ? ai-je ajouté histoire de faire bonne mesure.

J'ai entendu le soupir de mon père jusqu'en haut et il a rétorqué :

- J'appellerai quelqu'un demain ! Fait attention ! Tu ferais mieux de ne pas t'aventurer là-haut sans lumière !

J'ai soupiré avant de continuer mon inspection. Je suis rentré dans la première pièce que j'ai vu. En ouvrant la porte, la poignée s'est décrochée de celle-ci pour se retrouver dans ma main.

La pièce contenait un énorme lit à baldaquins, recouvert de draps autrefois blancs. De toute évidence, la maison n'avait pas été habitée depuis plusieurs dizaines d'années. Dans l'obscurité, le lit avait des allures fantomatiques qui me faisait froid dans le dos. Une coiffeuse était disposée à l'opposé du meuble, devant un miroir noirci par le temps. Faute de maquillage et de produits de beauté, des cadres étaient disposés, abritant des vieilles photos grisées. Je m'en suis approché pour les voir de plus près. Une représentait une jeune femme entourée de loups. Une autre montrait la même femme accompagnée cette fois d'un jeune homme vêtu d'une peau de bête. Il avait le crâne rasé, orné d'un mohawk du style indien. L'un de ses bras était passé autour des épaules de la jeune fille et il lui embrassait la joue. Derrière, on voyait la tête de la bête qu'il avait tué reposer sur ses épaules, comme une capuche. Mais j'eu beau plisser les yeux et frotter le cadre de la photo, je n'ai pas pu reconnaitre de quel animal il s'agissait. Les autres photos étaient trop abimées pour que l'on puisse voir quoi que ce soit. Je les reposais et ouvrais les tiroirs un à un. Je fronçais les sourcils en voyant un collier recouvert de poussière dans le fond de l'un d'eux. Je le soulevais en le secouant. Quelques plumes y étaient accroché, mais la pièce maitresse du collier était sans aucun doute une magnifique dent de loup. Quelque chose était gravé dessus. Un prénom : Liz. Je fourrais le bijou dans ma poche en me demandant si Liz était la fille des photos.  J'embrassais une dernière fois la pièce du regard avant de ressortir dans le couloir.

Le 100ème Gardien (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant