15 - Zayn

508 41 0
                                    

Après la douleur et la peur, c'est l'apaisement qui s'est éprit de moi. À croire que je suis en deuil et que j'ai brûlé quelques étapes. Je ne vois plus le ciel, mais je l'imagine très bien me surplombant. Peut-être que mes yeux se ferment en une réaction naturelle pour protéger mes rétines de l'astre brûlant. Ça doit être ça, parce que ce n'est pas mon genre de rester allongé à ne rien faire. J'ai une copine à quitter. La case rupture est celle que je souhaite éviter en général et que je provoque trop souvent. Quand j'sens qu'elles se lassent de moi, je fais tout pour qu'elles me quittent pour les raisons que j'ai choisies ; je fais le connard ou le relou au choix. Et si elles me soulent, je fais pareil.

Je suis trop lâche pour les larguer dans les formes ou même avec tact parce que si elles se mettent à pleurer ça me touche. Et j'ai trop peur que ça soit elles qui me laissent tomber et je passe souvent pour un connard alors que je suis parfaitement au courant de leurs intentions. Je ne l'ai jamais dit à Liam. Mais je sais qu'il est au courant. Lui seul me connaît. Je crains parfois qu'il reste par compassion, parce que je lui fait de la peine et qu'il refuse de me blesser plus que je ne le suis déjà mais très vite mes idées se remettent en place. Car mon cœur - ou mon cerveau - sait et a confiance en lui. Je ne parviens jamais à douter de lui, je sais quand il ment, je sais quand il triche au poker, je devine qu'il se paye ma tête lorsqu'il me fait goûter un plat et prétends l'avoir cuisiné, mais ce ne sont là que des actions sans conséquences qui n'ont aucun impact sur la foi que j'ai en lui. Il ne ment jamais sur les sujets sérieux et préfèrera se taire, sachant pertinemment que je comprendrais. Il y a plein de choses que j'ignore dans ce monde et je m'en soucies peu, bien trop obnubilé par mon idéal de vie.

C'est moi l'égocentrique en réalité. C'est moi qui cherche à tout prix à tracer mon chemin, à me trouver une nana qui m'aimera vaguement, qui me fera des enfants et avec qui je pourrais vivre ce que j'ai toujours désiré.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais c'est la première fois que le sommeil est un allié car j'ai la sensation que ma conscience s'éveille doucement. Je n'avais pas réalisé être entouré de barrières et d'illusions, je n'avais pas vu à quel point j'avançais à reculons. Jusqu'à ce que je claque la porte de l'appartement de Liam. Le seul endroit où j'ai envie d'être. J'aime mon studio mais je préfère le sien, il est propre, ordonné et j'en apprécie chaque odeur. Ça sent la peinture et le white-spirit ; parfois la lessive ou la bouffe commandée chez le traiteur ; ça sent les humeurs de Liam et celle du désodorisant chimique qu'il a installé au dessus de la porte d'entrée juste pour donner à ses invités qu'il n'a pas conviés l'impression d'être malvenus. Dans cet appartement à la porte trop lourde et dissuasive, au pas de laquelle trône un tapis souhaitant la bienvenue à ceux qui en sortent. Je veux me réveiller allongé dans le pieu de la chambre d'amis qui n'est utilisé que par moi car interdit aux autres et même à Niall qui est là aussi souvent que moi. Pourquoi je n'y pense que maintenant ? Je connais Liam depuis quelques années maintenant, alors pourquoi toutes ces réflexions me font l'effet d'un puzzle dont les pièces se rassemblent peu à peu ? Un tableau dont Liam semble être la pièce maîtresse.

Half of me ZiamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant