14 - Liam

545 42 9
                                    

Les épreuves permettent de se rendre compte d'un certain nombre de choses. Une maison qui part en fumée, tiens la prochaine fois je penserais peut-être à faire des copies des documents importants et ne pas tout garder au même endroit ; un téléphone volé ou perdu, la prochaine fois, je veillerais à mettre tous mes fichiers sur une clé USB ou faire cette putain de sauvegarde ; une arrestation pour vol, la prochaine fois je volerais pas, ou du moins je ferais en sorte de pas me faire prendre ; l'échec à un examen faute de révision et d'assiduité, la prochaine fois je révise, ou au moins je lis ce putain de cours, et je dis stop à l'absentéisme ; la découverte de sa petite amie au pieu avec un autre, la prochaine fois peut-être que je me taperais un mec ou j'éviterais de la couvrir de cadeaux alors qu'elle le mérite pas ; un divorce, la prochaine fois je ferais un putain de contrat de mariage ou je veillerais au moins à pas filer la totalité de mes codes perso à cette garce pour ne pas qu'elle se tire en me laissant dans la merde. Et moi, je me rends compte de quoi ? Bah de rien.

- Hey. Ça va ? Je tourne à peine la tête vers le nouvel arrivant. Mes sales manies me poussent à répondre un truc un peu ironique, genre ouais ça s'voit pas, je suis tellement heureux là que je pourrais danser à poil en plein milieu de ce couloir qui pue l'antibactérien et la mort. Mais ça n'a pas d'odeur la mort, c'est les corps morts qui en ont une, la mort est indolore, elle ne prévient pas, elle se manifeste comme ça. Et on se rend compte de sa présence que lorsqu'elle frappe. Je suppose que comme toute personne je la crains un peu, je la respecte aussi parce que de toute façon c'est bien la seule « chose » à laquelle on ne peut échapper.

- Ouais. Qu'est ce que tu fais encore là ? Ma voix est lasse comme jamais, emplie de fatigue. J'ignore à quoi je ressemble, sûrement à un épouvantail et je m'en contrefous car ma place est ici et pas sous la douche ou devant le miroir à donner un semblant d'ordre à ma tenue. Je voudrais juste pouvoir franchir le seuil de cette pièce et aller m'asseoir au plus près de lui. Il est sorti du bloc il y a plus de trois heures, et moi je suis là depuis trop longtemps. Je compte les minutes depuis que j'ai repris mon souffle en sachant qu'il avait résisté. C'est un battant Zayn. Mais les dés n'ont pas encore cessés de se mouvoir même s'ils ont atteint le tapis et on ne sait toujours pas s'il va tenir. Il dort et je frisonne. S'il le pouvait je crois que Zayn ne dormirait jamais. Je connais ses peurs, les plus profondes, celles qui le blessent et qu'il nourrit en ne les exprimant pas. Les miennes je les combats au travers de mon art ; en leur donnant une consistance, elles ne sont plus ce vague spectre terrifiant comme c'est le cas pour Zayn. Zayn c'est un peureux malgré sa force. Je me sens lasse et moi aussi j'ai peur. Une infirmière m'a conseillé de prévenir ses parents. Je n'ai pas envie d'endosser cette responsabilité, cependant j'ai envoyé un message à ses sœurs. Ainsi, si rien ne se produit il ne sera pas au courant car je sais déjà que s'il s'en sort, Zayn ne mettra personne au courant, ayant bien trop peur d'être déçu.

- Quelles sont les nouvelles ? J'ai appelé Louis, ils avaient besoin de sang pour Zayn et il est le seul dont je connaissais le groupe sanguin et sa compatibilité avec Zayn. Il n'a pas hésité, évidemment. Il est trop gentil ce mec, et je suis content qu'il le soit.

- Rien depuis qu'il est là-dedans. Il ne réplique pas car il n'y a rien à ajouter. Il ne va pas me mentir pour me rassurer, il sait très bien que ce n'est pas ce que je souhaite, je ne veux rien actuellement.

Half of me ZiamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant