"Marcher, Chercher, Ne Dors Jamais Sans Souper"
Ce vieux dicton qui nous fait savoir, à tous, que celui qui s'emmerde à chercher l'inconnu aura le connu au cul.
Il n'était qu'une heure du matin. Je me pressais pour entrer chez moi avant qu'il ne se fasse plus tard. Je me demandais souvent, à force de me promener à ces heures à Diable, si je n'allais pas croiser un jour quelque chose d'inconnue. Un Vingt-Quatre décembre qu'était-ce, la veille de Noel. Je promenais par-ci par-là des regards suspects. On ouï-dire qu'à cette date, les sociétés chanpwèl arpentaient les rues pour trouver de quoi faire leur Cérémonie du demain. Mais après ce qui me fut arrivé, on m'a dit qu'il m'aurait été de bonnes fortunes si s'était une société bizango que j'avais rencontré.
Je marchais de ce pas de quelqu'un qui devait de l'argent à un autre et s'empressait de quitter son entourage, avant qu'il ne le marre. Le vent fouettait mon visage telles les mains souples d'une sirène. Les griffes de la nuit voulait me happer à la manière des Furies. Seul mon lit valquandais dans mon esprit. J'avais laissé la ville dans une cacophonie de son, de grogs, de piquer poumba et de plaisirs divers qui ont fini par avoir raison de mon bien être. Je fuyais tous ça pour aller prendre du repos.
Avec une maison pas trop en ville, il faut dire que quelqu'un doit avoir de couilles pour se promener à une heure aussi indue. J'avais quitté le Boulevard de la Liberté avec pour objectif la route de Pont Tambour. Les vieux ont l'habitude de dire que le Carrefour se trouvant entre la route de Pont Tambour et Derrière Moulin , Carrefour Pont Tambour qu'on l'appelait, n'était pas petit. Il fallait être brave on ne peut plus, pour le traverser à n'importe quelle heure. Les deux routes se trouvaient de part et d'autre du Pivert (Ave Jean Jacques Dessalines) que j'arpentais, ce qui donnait naissance à notre bonne vieille superstition de "Quatre Carrefours Contrés (croisée des chemins)". J'avançais avec crainte et peur au flanc. Si mon chemin croisent l'un de ces bourriques sans tête qu'allais-je faire? Et si c'était un "Cercueil Ma Douleur"? Sincèrement, je voulais faire demi tour, seul le sommeil qui me bousculait m'en empêchait.
Mon feu grand père me gronda par la suite que si quelqu'un n'avait pas demander passage au Carrefour, c'est sur que j'aurais été le manger d'un loas. Malheureusement que j'eu à rencontrer le chemin de ce quelqu'un qui a demandé passage.
Lorsque j'ai remarqué que le poteau lumière du Carrefour Pont Tambour était allumé, mon cœur sauta de joie. Mais pas pour longtemps. Même lorsque j'ai vu trois personnes venant dans le sens opposé, crainte n'était pas de mon monde. Ce n'est qu'après avoir maudit ce putain de brise qui m'aveugla avec des brindilles que mes trippes se cordèrent. Apres avoir frotter mes yeux, il ne restait que deux personnes devant moi, et ils restaient a l'affut de la lumière. Soudain, le poteau s'éteignît pour le meilleur et pour le pire. Mais c'est le pire qui me fit faveur. Distance que je cours, j'ai senti une force me frapper de face tel un locomotive a grande vitesse. Mes os se disloquèrent, mon cœur s'était mis à palpiter et je chuta sur le dos juste après avoir vu la forme blanche et balançant qui m'avait percuté. Un zombie. Merde disais-je du fond de mon cœur, je suis cuit. J'avais comme l'impression que le temps filait en slow motions. J'ai vu le fruit de la terre retourné vers ces maitres, et ils prirent la direction de Derrière Moulin. C'est alors que ma chute s'accéléra. Aimant écouter les contes sous les tonnelles, je savais que si je touchais terre, mon délai ne serait que demain midi.
Des mains se collèrent à mon dos au moment ou j'allais m'étaler de tous mon long. Les bras me poussèrent pour me mettre debout. La douleur était telle, que tout m'échappa.
Je plongea dans un rêve dans lequel je me voyais en discussion avec mon grand père. Je lui disais qu'il me fallait sortir que j'avais rendez vous avec quelqu'un. Lui, se tenait sur le pas de la porte avec un gros coco macaque, et me matraquait chaque fois que je voulais sortir de force. La nuit, un ribambelle de chiens venaient lancer leurs complaintes devant ma maison. Chaque jour le nombre de personne venant me chercher augmentait. Ce qui amena Grand Père à m'attacher sur le lit puis il fit face pour les défier du regard.
Dans la troisième nuitée, un groupe de Vlenbendeng tout entier était venue tailler du banda devant ma porte. GranPa était resté inébranlable devant la porte mais moi je hurlais comme un forcené. Je sentais des mains qui se débattaient pour me happer et a chaque fois que GranPa frappait du bâton, les mains reculèrent et le groupe de chanpwèl gronda de mécontentement. A l'aube après plusieurs tentatives qui échouèrent. Les chansons s'arrêtèrent. Un homme quitta le groupe pour s'avancer vers Grand Père.
-Tu m'as encore mis en échec Grand Père. Mais un jour, il te faudra quitter cette terre, et alors j'aurais la récompense du dérespectant de ton petit fils.
-Va Souflentchou! Ne m'énerve point gronda Grand Père, l'heure n'est plus à toi maintenant. Si ce n'avait pas été de l'imprudence de mon petit Fils, je t'aurais fait payer ces emmerdes. Aller va insolent!
- Un Jour les fourmis t'apporteront des nouvelles le Vieux.
- Oui celui de ta mort Oungan.
-Paix à tes paroles Lucius.
***
On m'a dit que j'avais passé trois jours au lit a rendre des flemmes, a crier les noms de tous les loas, et que Grand Père n'avait pas voulu quitter mon chevet tant que mes yeux ne se rouvrirent pas. Je me sentais vide de force, tout mon corps me faisait mal. Pa était couché au pied de mon lit. Je me levais pour aller faire pipi. En traversant GranPa, je sentis une main me retenir le pied.
-Ne dis pas que je t'avais pas prévenu mon garçon. Curtis. Un jour je serai pas la pour te protéger. Fait en sorte que les choses ne deviennent pas miels pour toi.
La nuit. Un monde hors du commun. Je soupirais. Je ne peux m'empecher de sortir à la rencontre de l'inconnu. L'amour de la nuit me fera toujours sourire comme un fou. Malgré les peurs et les obstacles.
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A l'ombre d'une Pergola
Short StoryEntre racine et branche, il y a surement un cheminement. On a appris à repousser nos limites, à nous surpasser et à chercher même dans les confins les plus reculés. Nous sommes un mythe qui chante la réalité sous la couleur d'une bannière qui émet c...