Chapitre 8 : Il l'avait apaisée

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Le train de banlieue démarra dans un grincement strident transportant avec lui de nombreux banlieusards qui voyageaient vers la ville lumière.

À son bord, dans l'un de ses vieux et miteux wagons se trouvaient Georges et Svetlana. Ils allaient tous les deux rejoindre la chambre de bonne de la jeune femme pour récupérer ses affaires. Georges avait absolument tenu à l'aider.

La jeune femme avait enroulée son bras autour de la barre remplie de microbes et sa tête reposait contre cette dernière. Elle fixait ses pieds sans but réel. Elle tentait tant bien que mal de réfréner ses envies de pleure. Sa vie était vraiment une hécatombe.

Georges était lui adossé à l'une des portes du RER et il observait la silhouette de la jeune femme. Elle paraissait moins maigre enfouie sous sa North Face qu'il lui avait prêté. Le vêtement était bien trop grand pour elle. Il voyait bien que la jeune femme était triste. Enfin, il l'avait toujours remarqué mais elle le paraissait encore plus aujourd'hui. Georges vit qu'elle releva soudainement la tête pour le regarder. Ses prunelles se plongèrent quelques instants dans les siennes alors qu'elle enfonçait son menton sous l'encolure de la parka. Elle finit par détourner le regard pour le poser sur la banlieue qui défilait dehors.

Morose, désespoir, triste, souffrance, no-future.

Tant de mots qui fusaient dans l'esprit de la jeune femme quand elle voyait ces tours grises qui se dressaient en face d'elle. Sa vie était aussi misérable que cette banlieue de l'Est de Paris.

Après une grosse demi-heure de trajet, ils reprirent tous les deux le chemin de la veille pour rejoindre la chambre.

Arrivés devant l'immeuble, Georges vit qu'un homme se tenait devant la porte d'entrée. Il avait un air assez sévère et des cheveux grisonnants.

Pas commode le bonhomme, se dit Georges à lui-même.

Le proprio les fit monter vers la chambre puis il déclara après avoir ouvert la porte :

-Je vous prie de vous dépêcher Mademoiselle, je n'ai pas que ça à faire.

Georges vit Svetlana hocher vaguement la tête en entrant dans la pièce. Le jeune homme regarda de travers ce sombre connard avant d'entrer à son tour en suivant les pas de la jeune femme.

Elle n'avait que très peu de choses à embarquer. Elle enfouie dans un grand sac ses vêtements. Dans un autre elle glissa quelques vieux livres qu'elle tenait de sa grand-mère et le tour était joué.

Georges regarda autour de lui pour vérifier que rien n'avait été oublié. Sur la petite table, il vit qu'un papier était posé. Il l'attrapa dans ses mains et aperçu que le papier était enfaite un cliché Polaroïd. Il représentait une petite fille blonde assise sur les genoux d'une vielle dame. Le cliché était en noir et blanc. Il releva la tête et souffla :

-Svetlana ?

La jeune femme se retourna vers lui, étrangement surprise. Georges lui tendit la photo en disant :

-Tiens, c'était sur la table.

Elle attrapa la photo puis elle la colla contre sa poitrine en fermant les yeux. Elle adressa un fin sourire à Georges en ouvrant à nouveau les yeux tout en rangeant le cliché dans une des poches du manteau.

Elle tendit ensuite au proprio la clé de l'appartement. Puis elle commença à partir sans un mot. Georges suivit à son tour la jeune femme qui avait déjà commencé à dévaler les marches. Il entendit derrière lui l'homme dire :

-Et que je ne vous revois plus ici.

Le rappeur vit la jeune femme lever son bras et adresser un magnifique troisième doigt à l'homme. Georges sourit face à ce geste alors que le propriétaire ouvrait grand la bouche, visiblement choqué.

Georges rattrapa la jeune femme qui galopait dans la rue. Il lui prit un des sacs des ses mains et ils rebroussèrent chemin vers l'appartement de Georges.

Une fois au chaud, ils se débarrassèrent tous les deux de leurs manteaux. Georges déclara :

-Viens, j'vais te trouver un place pour ranger tout ça.

Elle le suivit dans sa chambre. Alors qu'il poussait un peu ses vêtements pour dégager de l'espace, la jeune femme elle s'était assise sur le rebord du lit en tenant dans ses petites mains sa photo.

Elle regardait avec amertume sa vie passée. Elle repensa avec tristesse à sa Russie natale et à sa grand-mère chérie. Elle lui manquait plus que personne d'autre.

Georges se retourna en s'apprêtant à dire que la place avait été trouvé lorsqu'il vit la jeune femme sangloter, ses mains enfouies dans son visage. Il s'approcha doucement d'elle puis il s'asseya à ses côtés :

-Hé... Murmura t-il en posant une main sur son épaule, qu'est-ce qu'il y a ?

La jeune femme éclata de plus belle, ne refrénant cette fois plus ses pleures. Georges ne sut que faire à part la prendre dans ses bras. Il approcha sa tête de torse et la jeune femme s'y blottie presque instantanément.

Elle mouillait de ses larmes le sweat-shirt du jeune homme. Lui se contentait de la serrer tout contre lui en murmurant quelques paroles réconfortantes.

Quelques minutes passèrent et les deux jeunes s'étaient allongés sur le lit. Svetlana avait toujours sa tête contre Georges. Ses larmes étaient sèches, sa crise était passée. Georges lui avait fermé les yeux. Il s'était soudainement sentit fatigué.

C'est pourquoi il n'entendit pas la jeune femme murmurer son premier mot après des semaines de silence.

Sa gorge se fit difficile à dénouer lorsqu'elle souffla :

-Merci.

Le jeune homme lui dormait déjà. Svetlana fixa encore un peu le jour qui déclinait dans le ciel. Elle finit par fermer les yeux à son tour, ouvrant ses bras à Morphée.

Il l'avait apaisée.

Svetlana [GEORGIO]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant