Chapitre 2 : Pourquoi suis-je venu ?

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Elle était encore là, debout sur ce trottoir à attendre qu'un client arrive. Il la voyait souffler dans ses petites mains pour se réchauffer ou bien parfois sautiller sur place.

Il avait l'impression de voir la mort en elle. La vie paraissait avoir quitté ce corps horriblement maigre et fragile. Une épée Damoclès semblait être suspendu au dessus de sa tête comme si elle était sur le point de quitter cette vie.

Il ne savait pourquoi il était revenu la voir, il l'avait juste fait.

Le visage de cette fille de joie obsédait son esprit depuis plusieurs jours maintenant. Il n'arrivait pas à se défaire de l'image de cette femme aux cheveux rasés et au visage abîmé. Il revoyait encore le sang dégouliner de sa bouche puis le long de son cou creusé.

Lorsqu'il l'avait déshabillé, il avait reculé d'un pas en voyant ses bras et ses jambes recouverts de bleus déclinants en plusieurs couleurs. Il ne comprenait pas comment cette fille pouvait encore tenir debout, elle lui avait paru si maigrichonne. Il lui avait retiré sa petite robe avec une délicatesse qui lui était inconnu, il avait eu si peur de la briser.

Le jeune homme la regardait depuis quelques minutes déjà. Il hésitait à aller la voir.

Ce n'est qu'une sale pute, lui hurla sa conscience, cette vie elle l'a bien cherché.

Pourtant quelque chose le poussait à aller lui parler. Il avait irrésistiblement envie de savoir qui se cachait derrière ces bas résilles. Elle était diablement attirante, il avait comme un inéluctable désir de bonté en la voyant :

Il faut que je l'aide, souffla t-il en traversant la rue pour la rejoindre.

Il rabattit la capuche de sa parka sur sa tête, il savait qu'elle ne le suivrait pas si elle le reconnaissait. Il s'approcha à pas de loup de sa silhouette.

Comment diable aborder une pute ? Se demanda t-il.

Il se plaça face à son dos puis après une inspiration il tapota son épaule.

La jeune femme se retourna puis elle lui fit face. Elle le dévisagea de haut en bas et attendit qu'il prenne la parole. Le jeune homme finit par dire en marmonnant pour tenter de changer sa voix : 

-Salut, tu prends combien ?

Merde, merde, merde, jura t-il, c'était quoi ça ?

Elle haussa un sourcil et répliqua d'une voix éraillée :

-On parlera business après, viens.

Elle le dépassa et fila à toute vitesse en s'enfonçant dans les rues.

Il l'a suivit sans savoir ce qu'il était en train de faire, il voulait juste lui parler.

La jeune femme s'arrêta brusquement devant un vieil immeuble du dix-huitième et ouvrit la porte. Elle grimpa les marches en mauvais état puis arrivée à son pallier, elle le fit entrer dans une chambre de bonne.

La pièce était atroce. Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire ce lieu dépouillé de toute humanité.

Elle ne peut quand même pas vivre là, si ? Pensa t-il.

Les bras ballants il observait la chambre, les yeux bien trop horrifiés.

Elle le rejoignit après avoir retiré son manteau et se plaça devant lui. Elle souleva ses bras cadavériques vers lui et empoigna la capuche de sa parka dans ses doigts :

-Je fais tout, mais n'essaye pas de m'embrasser sinon tu dégages, le prévint-elle.

Il attrapa ses poignets lorsqu'il sentit qu'elle abaissait sa capuche pour découvrir son visage. Il souffla :

Svetlana [GEORGIO]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant