Ce soir va être un dégât, de toute façon qu'est ce qu'un trente-et-un Décembre sans alcool, fumette et deux ou trois PLS par-ci par-là ? Comme j'avais promis à Shadi que je le passerais avec lui, je devrais m'attendre à ne connaître personne de la soirée... Ça ne m'enchante pas plus que ça, mais tant que je fini bourrée tout ira bien. "Putain, j'aurais pu y aller avec Kader.." Cela va faire environ deux mois qu'il est parti, et le vide qu'il laisse en moi se fait de plus en plus grand malgré les efforts de Shadi pour le combler. Avant de partir chez celui-ci, ma mère qui s'inquiétait pour moi avait décidé de me prendre un rendez-vous chez le médecin. "Tu as perdu trois kilos cinq depuis notre dernière entrevue, c'est alarmant." C'est tout ce que j'ai retenu de ma visite. Perdre tant en seulement deux mois et demi n'est pas si mal après tout. Une fois chez mon copain, je commence à me préparer pour ce soir, malgré mon état pitoyable il faut au moins que je soit crédible devant ses amis. Allongé sur son lit, il me regarde amoureusement, de haut en bas. "Qu'est ce que t'es belle..." Cette simple phrase fait remonter mon sourire jusqu'à mes oreilles.
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Il nous reste encore deux heures avant de partir rejoindre les autres. "-Je vais réviser un peu, tu veux m'aider ? -Je n'ai pas vraiment la foi, je préfère te regarder." Je m'allonge à côté de lui, et commence à le fixer. Il est là, à apprendre ses leçons avec intérêt, une main dans mes cheveux et un stylo à la bouche. Les petits regards furtifs qu'il me jette ne cessent de me faire craquer. Il fait bon dans sa chambre, et le voir ainsi torse nu et si concentré laisse place, dans ma tête, a des pensées qu'on ne devrait même pas citer à de jeunes enfants. Ce garçon à la capacité de m'attirer en un regard, regard qu'il a d'ailleurs si profond que je pourrais m'y noyer. Étant amoureuse je ne lui trouve pas le moindre défaut et qui sait, peut être en est-il totalement dépourvu ? L'habitude qu'il a pris de sans cesse replacer ses mèches rebelles, sa façon de se mordre la lèvre inférieure lorsqu'il est concentré... tous ces petits gestes quotidiens pourtant si banals me fascinent. Est-ce normal d'être à ce point obsédée par une seule et unique personne ? Est-ce que je dois m'inquiéter de sentir plus fortement les battements de mon coeur quand il viens se poser près de moi ? J'en doute, puis l'idée que je puisse le perdre un jour ressurgit instantanément et toutes traces de négativité disparaissent. Il me décoche un léger baiser le sourire aux lèvres, en me regardant tel un enfant qui regarde une vitrine de jouets à Noël. Puis en un chuchotement, presque un murmure, de simples mais agréables mots s'échappent de sa bouche si joliment dessinée. Un "je t'aime" qui suffit à illuminer mon être dans sa plénitude et à réchauffer mon âme. Ce garçon m'apporte tellement... J'en avais marre d'être la fille dépressive ne faisant que raconter ses problèmes dans l'espoir que quelqu'un puisse l'aider, assez d'être la pauvre adolescente qui pleure sans arrêts, s'entaillant les veines lorsqu'elle étais au plus bas, assez d'être celle qui étais casée dans la catégorie "meuf qui veut faire son intéressante en montrant ses cicatrices", assez d'être celle qui ne trouvait pas de sens à ce qu'on appelle la vie. En résumé, j'en avais assez d'être seule au monde, dans mon monde. Et dire que c'est ce garçon qui m'a sortie de là, lui et son charme déstabilisant, ses petites fossettes bien dessinées et son air insolent. C'est lui qui est devenu mon monde.
Maupassant a décrété que notre plus grand tourment dans l'existence est que nous sommes éternellement seuls et que tous nos efforts, tous nos actes, ne tendent qu'à fuir cette solitude. -Grâce à Shadi, je suis en train d'y arriver.
