* Point de vue de David *
Je suis habitué à la voir partir en courant mais là c'est différent. Ce n'est pas pour la même raison, en général Talia va crier de rage ou s'énerver et tout casser. Mais là en la retrouvant le regard presque vide je comprends que ça n'a rien à voir.
- Comment l'oublier?
Je n'ai pas vraiment de réponse à sa question. Je sais juste que je déteste la voir dans cet état. Je m'assied par terre à coté d'elle et je lui propose mon épaule comme on a l'habitude de faire. Elle se laisse glisser et pose sa tête sur mes jambes. Elle a l'air si fragile comme ça. J'ai l'impression qu'elle pourrait se briser à n'importe quel moment.
- Tu veux qu'on fasse un accident de voiture aussi? Ban après pas sûr que tu veuilles renoncer à ta belle gueule...
Elle ne me répond pas mais elle sourit un peu avant de me frapper. Et puis la seconde après elle est déjà redevenue l'autre Talia qui veut cacher toute sa peine mais qui ne fait que la montrer un peu plus. Sur le coup j'étais content de moi mais il en faudra beaucoup plus. Alors on commence à parler.
- Tu penses que si on tombe amoureux d'une jumelle on est forcément amoureux de l'autre?
- Qu'est ce que tu racontes Talia? ... non.. pas forcément si la ressemblance n'est que physique. Mais de toute façon le physique c'est le physique, ne me parles pas d'amour dis moi plutôt que tu rêves de la...
-T'es super chiant quand tu veux!
- Arrêtes je rigole! Mais sinon c'est notre otage alors tu peux lui demander hein!
Elle s'est levée et elle commençait à partir puis elle se retourne et me dit "on sait tous les deux qu'elle ne te laisse indifférent non plus alors demandes lui toi même". Le sourire qu'elle affiche après ça montre à quel point elle est contente d'avoir eu le dernier mot. Mais le "non plus" est signe qu'on est tout les deux dans la merde quand même. De mon coté je sais qu'il n'y aura pas de suite. Du sien je n'en suis pas si sûr, Talia est du genre à vouloir vérifier si la pomme est bien croquante.
Mais... elle ne refera pas la même erreur. Je ne veux plus qu'elle souffre je veux qu'elle passe à autre chose.
Il est temps...
* Point de vue de Talia *
Je redescends au sous-sol et quand j'arrive dans la pièce elle me regarde un peu intriguée sûrement par mes sauts d'humeur. Après quelques minutes de silence où on s'est dévisagée. Je m'assoie sur la même chaise que tout à l'heure :
" Que va t-on faire de toi?" elle fronce les sourcils et répète ce qu'elle dit depuis 3 jours, qu'elle ne dira rien à la police, qu'elle expliquera qu'elle avait besoin de changer d'air et qu'elle est partie sans téléphone, etc...
- Pourquoi tu me regardes comme ça?
- Parce que tu lui ressembles.
- C'est normal ça!
- Oui. Je sais.
- Racontes moi ton histoire s'il te plait, elle me répond.
Sa requête fait mon visage se déformer plusieurs fois : incompréhension, amertume, colère, tristesse. Tout ça en quelques secondes.
- Mon frère t'en a déjà parlé, j'en suis sûre.
- Ton frère? C'est ton frère?
- On peut dire ça, oui.
- Il m'en a parlé mais c'est ton histoire, c'est à toi de la raconter!
- Je n'aime pas en parler.
- S'il te plait...
- Je n'aime pas en parler!
- Tu me dois bien ça! Regarde où j'en suis!
La phrase de trop. Je ne m'y attendais pas. La ressemblance n'est pas que physique du coup. C'est du Julie tout craché, même si je ne connais pas Marie je sais que cette phrase ne peut sonner de cette manière que dans la bouche de Julie. Je me dirige déjà vers la porte. Je ne dois rien à personne. Je sens une main sur mon bras. Je me dégage mais la seconde d'après elle attrape mon épaule. Là, c'est trop.
- Ne t'avises plus de me toucher, je lui dis en serrant son poignet jusqu'à ce qu'elle grimace.
Mais la douleur qui s'exprime sur son visage devient mienne alors je la lâche et je m'excuse sans vraiment le penser. Elle me regarde, pas vraiment effrayé plutôt désolée et puis elle dit :
- Je suis désolée, je ne voulais pas que tu le prennes mal, je veux juste comprendre.
- Comprendre quoi? Comment je me suis laissée détruire par ta sœur?
- Comprendre pourquoi elle aurait fait souffrir quelque comme toi...
Je lève les yeux vers elle pour voir si elle attend toujours que je parle. Mais mes yeux tombent dans les siens. Une sorte de pulsion me submerge. Ses lèvres, j'ai envie de les goûter. En trois secondes mon esprit a imaginé des choses qui me donnent des frissons dans le dos. Elle remarque que je suis bizarre alors je la contourne et je vais me rasseoir. Elle reste un peu près de la porte, n'ayant pas confiance je la fixe jusqu'à ce qu'elle comprenne que je dirai rien si elle ne revient pas s'asseoir.
Alors elle me rejoint mais mon esprit continue à me jouer des tours. Oui j'ai du désir pour elle, mais je ne pensais qu'en parler avec David donnerait l'autorisation à mes pensées de s'autopervertir.
Je me lance et au lieu que ça soit un long monologue c'est plutôt un dialogue assez bien réparti entre elle et moi. Le fait qu'elle ressemble autant à la fille que j'ai aimé de tout mon être me permet de tout lui raconte, va savoir pourquoi. Normalement je devrais me méfier vu comment ça a fini avec sa sœur mais ma bouche en a décidé autrement.
Honnêtement quand elle ne me parle pas je ne peux pas m'empêcher de fixer ses lèvres mais quand elle me parle j'ai limite envie de fermer les yeux. Sa voix me berce elle est bien plus douce que celle de Julie. On parle comme ça pendant plus de 4 heures jusqu'à ce que j'entende son ventre grogner. Je me retiens de rire, elle me toise et dit :
"T'as qu'à me nourrir au lieu de te moquer! J'ai des besoins vitaux à assouvir moi!"
Pour toute réponse je lui souris et me lève pour remonter vers la cuisine. Je l'entends qui me suit en riant, j'aimerais bien savoir pourquoi.
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