Comme avant

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Je me réveille en sursautant, je suis en nage, j'ai chaud et la gorge a vif. J'ai du crier fort ou longtemps. Maman va venir. Elle va me prendre dans ses bras, me chuchoter des mots apaisants.
J'ouvre les yeux et constate que je ne suis pas dans ma chambre. Je panique, qu'est ce que je fais là? Une vague de souvenirs déferle sur moi: les hommes, le cauchemar. Je pleure, je ne les reverrais peut-être jamais. C'est horrible. Que me veulent-ils? Je repense au cauchemar de cette nuit, qu'est ce qu'il signifiait? Pourquoi m'ont-ils tournés le dos? Pourquoi m'ont ils laissés seule?
Dans ma famille mes parents étaient très superstitieux, ils croyaient que chaque rêve à une raison d'être, qu'ils existent pour nous avertir, donc à chaque fois que je leur racontait un rêve on s' ammusaient à essayer d'en découvrir la signification. Là je n'ai pas envie de jouer à ça...

Des pas. Quelqu'un arrive. Il fait trainer ses pieds sur les dalles dues me tirant avec ce bruit des plus disgracieux de mes pensées. Je me couche, je fais semblant de dormir. Je ne sais rien de ma condition, si ce n'est que je suis enfermée et que des personnes arrivent. Ils parlent. Je tends l'oreille:
- Je croyais qu'elle était réveillée. Dit une voix
-Moi aussi, elle s'est subitement arrêtée de crier. Dit une autre.
Alors comme ça ils sont au moins deux. J'ai reconnu la voix froide du deuxième scientifique, mais l'autre je ne sais pas.
-Elle doit être encore prisonnière des cris. Je me demande quel est son paysage.
-Tu sais que ça dépend des personnes.
-Mouai. Quoi qu'il en soit ça doit être difficile. Mais ce n'est rien par rapport a ce qu'ils vont lui dire si elle survit.
-Mais tu oublies que personne n'a survécu jusque-là. Si elle survit elle sera notre plus grande réussite.
-C'est sûr, mais ça ne doit pas faire du bien d'apprendre que toutes les personnes...

Mince ils sont partis. Je n'ai pas pu entendre la suite. Je réfléchis "Qu'est-ce qu'ils voulaient dire?" Bon ce n'est pas le moment de me poser des questions, il faut que je partes, pour retrouver mes amis et ma famille ils m'attendent.
Je me lève sans bruit. J'avais l'habitude de chasser avec mon père. Cela m'a appris a être silencieuse. Une vague de nostalgie me prend "Papa comment tu vas? Et maman? Et mes amis?" Bon sang ce n'est pas le moment, qu'est ce qui te prends? Reprends toi. Je me sermonne intérieurement tout en commençant à avancer dans la pièce. Je continue a progresser dans la cellule toujours aussi silencieusement qu'au départ. C'est une chambre totalement fermée avec une seule fenètre fermée (elle aussi) par des barreaux. Elle donne sur un couloir sombre. Je tourne en rond, tâte les murs, le sol, monte sur mon lit pour sonder la hauteur du salon. Tout est lisse, d'une régularité hors norme.
Ma main heurte une petite bosse. Je sursaute. Je m'étais habituée au plat lassant des murs. Je sonde la bosse. Elle est totalement circulaire, comme un sphère enfoncée dans le mur. J'appuie dessus et une sirène retentit, j'ai fait une bêtise. Des pas précipités approchent vers la cellule. Je me précipite vers mon lit mais je n'arrive pas à temps, la porte pivote. Deux scientifiques entrent. Je m'immobilise. Ils s' arrêtent sur le seuil et me regardent avec stupeur. Ils se remettent en mouvements au même moment que moi. Tout s'enchaine vite, ils me sautent dessus. M'empoignent d'une main de fer. Me ligottent. Je me trouve à nouveau à leur merci.

Le chant du corbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant