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- Plié, tendu ! Plié, tendu ! Plié, tendu !

La salle résonnait sous les ordres et les efforts des élèves.

- Arrêtez ! hurla la professeur. Arrêtez tout ! C'est inadmissible ! Mettez y de la vigueur bon sang !

Elle se rapprocha d'une jeune fille refaisant le lacet de son chausson.

- Prest ! C'est au vestiaire que l'on s'habille ! Et seigneur que tu es molle ! Il ne faut pas s'inscrire ici si l'on n'arrive pas à suivre le rythme !

La dite Prest baissa les yeux embarrassée et quelques jeunes filles lâchèrent un rire étouffé.

- Cessez donc de pouffer aussi bêtement et allez aux vestiaires, la séance est finie.

Toutes lâchèrent la barre de la salle d'entrainement et allèrent se changer.

Toute sauf une.

- T'as pas entendu la prof Prest ? Quand on ne sait pas danser on reste chez soi ! claqua une voix. Allez ! au vestiaire illico "presto", ricana t'elle.

La jeune fille se contenta de lever les yeux aux ciel. Constance, elle s'appelait Constance. Alors pourquoi l'appelait-on toujours par son nom de famille ?

Elle alla attraper son sac, négligemment posé dans un coin de la pièce et en sortit sa bouteille. L'eau coulant dans son organisme l'apaisa et lui rafraichit les idées.

Danser. Elle devait danser.

Pas la peine de prévenir sa mère qu'elle rentrerait tard, elle savait déjà. Elle avait arrêter depuis longtemps, d'essayer de convaincre sa fille de rentrer. Elle savait qu'elle n'arriverait pas à combler sa peine.

Les lumières de la salle s'éteignirent et Constance se retrouva dans son élément. Dans l'ombre. Elle enclencha de lecteur CD et marcha jusqu'aux grands miroirs qui tapissaient une partie de la salle. La jeune fille laissa son regard vagabonder jusqu'à la baie vitrée.

La seule lumière qui filtrait dans la haute pièce de parquet était celle du coucher de soleil sur les hauteurs de Clermont-Ferrand. La nuit se couchait tôt à cette époque de l'année. Ses amies devaient déjà être sorties pour aller à l'une de leurs habituelles soirées.

Constance soupira fortement et resserra sa prise sur la barre. Tant pis la lumière du petit matin l'accompagnerait sur le chemin solitaire du retour.

Elle se mit en position. La musique commença, douce comme l'oubli et la jeune fille s'y laissa aller. Oubliant tout ce qu'elle pouvait, elle dansa. Dansa, sauta, tendit, plia... 

Il fallait qu'elle soit la meilleur, elle ne pouvait pas échouer. Elle ne se le pardonnerait jamais et il ne la pardonnerait pas non plus.     

Un jour elle danserait mieux que toute ces idiotes. Un jour elle deviendrait une étoile.

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Danse pour luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant