~ 12 Différente ~

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- Je n'ai pas toujours été enfant unique, me raconte Harwill. J'avais une soeur, Calie.

Nous nous sommes installés sur un banc, non loin de la salle de sport. Le vent ne soufflait plus violemment, il caressait ma peau, je le comparais à celui de la mer. Celui qui était rassurant, et en parfaite harmonie avec  les rayons doux du soleil.

Mais je savais que son récit n'allait pas être aussi réconfortant.

- Ça fait quatre ans. Elle aurait eu 18 ans cette année, continue t il.

Je me retiens de lui poser toutes questions.

- Elle aimait la vie, et elle prenait du plaisir dans tout ce qu'elle faisait. Quand elle est née, j'ai été le frère le plus heureux du monde. Calie était "l'enfant miracle" de la famille. Ma mère n'était pas supposée l'avoir, à cause de sa tumeur aux ovaires. Du coup, quand elle nous a quitté, j'ai chéri Calie autant que ma mère l'aurait fait. Mon père est resté noyé dans son travail, et il ne voulait pas s'impliquer pour l'éducation de Calie.

Harwill est tout le contraire de moi. C'est lui qui est resté fort à la mort de sa mère, et c'est son père qui a sombrer.

- Mais je ne pouvais pas être la mère dont ma soeur avait besoin. Il y avait des sujets que je ne pouvais pas facilement aborder avec elle. Elle a grandi avec le sentiment d'être un peu garçon manqué. Quand elle a eu 14 ans, elle a commencé à se faire des amies différentes d'elle. Elle parlait de mode, de maquillage, elle se fringuait comme si elle avait quatre ans de plus! Et puis, elle s'est mise à vouloir maigrir toujours plus, sans que je m'en rende compte, ma soeur était devenue anorexique.

C'est tout le contraire de moi. Et pourtant, le fond est le même.

- On s'est violemment disputés le jour où je l'ai surpris en train de se... Forcer à vomir. Elle me menaçait de ne pas revenir à la maison si je ne la laissais pas faire ce qu'elle voulait.

Il ferma ses yeux un instant comme si il revivait la scène.

- Le lendemain, je voulais en reparler avec elle, lui expliquer qu'elle était malade, et qu'ensemble on allait s'en sortir. Mais la police m'a appelé...

Oh non.

- Elle s'était injectée une forte dose de coke. Trop forte pour ses 14 ans, bordel...

Il ne pleure pas, mais j'ai l'impression que ça le tue encore plus de se retenir.

- Elle se droguait à 14 ans! Et je ne le savais pas ! 14 ans...

L' année suivante, j'avais perdu mon père. Nous avions tous les deux passés une année maudite, la plus difficile face à la perte d'un être cher.

- C'est pour ça, que tu t'es empressé de m'aider quand on s'est rencontrés? demandé je.

- Peut être un peu, je suis désolé. Je te voyais dans cette robe noire, et les yeux rouges d'avoir trop pleurer. Je savais quelle en était la cause. Si je n'avais pas pu aider ma propre soeur, j'avais l'impression que l'on me relaissait une seconde chance pour t'aider toi.

Je ne savais pas si je devais lui en vouloir. Il m'a paru si déterminé à vouloir m'aider, j'étais son espoir d'oublier sa culpabilité. Ce challenge à été pour lui, comme pour moi un nouveau départ, un moyen de nous réconcilier avec la vie.

- Depuis que je te connais, ma vie a repris des couleurs. Quand Calie est partie, je me suis lancé dans des projets de lutte contre les maladies dépressives et complexes, mais un seul de mes projets a vu le jour: mon club de sport. C'est pour Calie que j'aide ces gens.

Je ne pouvais pas être plus admirative qu'à ce moment là. Il a appris à se relever seul, sans personne pour l'aider à remonter la pente. Mais il a réussi de ses propres forces, sa maturité venait de sa douloureuse expérience. Moi qui pensait être la pire de nous deux.

- C'est pour ça, je ne veux pas qu'il y ait quelque chose entre toi et moi. Tu ne dois pas traîner avec quelqu'un avec un lourd passé. Tu as besoin d'une personne qui te fera rire.

- Ne me dis pas ce qui doit me convenir. Je suis assez grande pour faire mes choix.

Wow. Ça doit être la première fois que j'exprime autant d'assurance devant Harwill.

Je me lève et je lui tend la main pour qu'il se lève à son tour.
Je veux être le soutien qu'il n'a pas eu durant ces quatres dernières années.

- Alors comme ça. Tu me trouves jolie?

Je revois enfin ce sourire pour lequel j'ai tant craqué.

Une grande barrière venait de se renverser.

- Splendide. Différente, j'aime beaucoup, répond t-il. Tu ne veux pas venir manger à la maison ce soir?

Un peu plus tard, j'envoie un message à ma mère pour lui prévenir que je passais la soirée avec Harwill.

- Où veux tu manger ce soir?

- Je ne veux pas sortir manger, tu ne veux pas qu'on commande de la pizza ?
- Hum... Une jeune femme qui sait ce qu'elle veut, c'est carrément charmant !

Je suis plus à l'aise maintenant. Je n'ai pas peur de ce qu'Harwill peut penser de moi. J'ai bien avancé...

Harwill passe un coup de fil à la Pizzeria et s'installe à côté de moi sur le canapé. Sommes nous en couple? Je n'ose pas lui demander. Finalement, notre relation est toujours aussi ambiguë.

- Tu veux voir un film? me demande t-il.

- Qu'est ce que tu proposes ?

- Avatar ? Hunger games ? Disney ?

- Tu n'as pas quelque chose de plus... Instructif ?

- Quoi?! Ce sont des mythes ces films! Je serais curieux de savoir ce que tu aimes regarder ?

- Les Disney c'est bien. Mais je préfère des trucs plus...

- Plus Emily Bronte ?

Je suis touchée qu'il se souvienne de l'une de mes lectures. Je lance un large sourire.

- Oui, si tu veux. Je parlais plus des trucs un peu barbant du genre 12 hommes en colère.

- T'es pas sérieuse? J'ai dû voir ce truc a un de mes cours de philo !

Je ne dis rien.

- Ne me dis pas que t'es une fana des films anciens?

- Bah...

Il se met à rire.

- Moi qui pensait te connaître, tu es incroyablement intéressante Rosalie.

J'avale difficilement ma salive, il faut qu'il arrête de me dire ce genre de phrase.

Une sonnette retentit et Harwill va chercher nos pizzas et règle la commande.

On se met d'accord pour regarder Avatar, et au bout de 1h et demi de film et cinq parts de pizzas, je m'endors la tête sur les épaules d'Harwill. Je sens ses lèvres se presser sur mon front.
Ses bras m'entourent délicatement les épaules après qu'il ait calé un coussin derrière lui.

- Bonne nuit Ro...

Pour la première fois la première fois depuis longtemps je me remets à croire au prince charmant.

POUR CE QUE TU ESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant