Le soleil se levait, découvrant un ciel trop pur.
La joie fait mal quand on est triste.On se traine, sans considération pour notre personne, petite masse sombre et grouillante qui n'ose regarder sa laideur, des larmes retenues sous nos yeux.
Et puis il y a un rire.
Un groupe d'adolescent, des paires de stansmiths, des bouteilles de Fanta, des jeans trop court, de la musique trop forte...Et on se sent encore plus seul alors, face à la beauté de la vie, face à cette chose si puissante qui nous renverse lorsqu'on ne peut plus la voir...
Je suis fatiguée.
Fatiguée de ne pas être aussi pleine d'enthousiasme que les autres filles de mon âge, fatiguée de mes petites crises d'angoisse, fatiguée de ne pas connaître le nom de cette chose invisible qui m'enlace, me mine, avec candeur me brûle, cerne mes yeux et creuse mon coeur, fragile de ces assauts impérieux.Je marche. Je reçois les regards avec une visible indifférence, une secrète angoisse.
Aujourd'hui était le nom du jour qui a tout déclenché.
C'était l'essence d'un instant présent que personne n'aurait pu me retirer.
Je voulais changer.
J'avais soigneusement surligné d'un stabilo jaune la date dans mon agenda.C'était le jour de ma plus grande erreur.
Mais je ne le savais pas encore.
Puis la journée est passée, l'erreur s'est faites, et une partie de moi s'est détruite sous la virulence de regards accusateurs.
Faire semblant n'est rien qu'une habitude à prendre. Alors un sourire s'était éternellement épris de mes lèvres.
Durant des mois je n'ai eu qu'un sourire à offrir au monde.
Qu'un pauvre sourire qui pleurait silencieusement, prouvant ma résignation de sa simple présence.
Et du désespoir.
Il n'y a parfois pas plus triste qu'un sourire, quand être heureux est une déchirure pour l'âme.
Quand on porte dans son être le poids d'une erreur.Je sort de l'école. Je suis là, dans la foule d'élèves qui se bousculent pour sortir.
Il y a des rires, des chewing-gums, des cigarettes.
Et un pauvre sourire triste qui ne demande qu'à être compris.
Qu'à être entendu.Qu'à comprendre, pour une fois, pourquoi le monde s'acharne à vouloir le briser.
Je fais ce qu'ils veulent que je fasse pourtant non?
Je souris...