Prologue

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Je termine de taper ma conclusion sur la future fusion de l'affaire Jones & Parker, avant de fermer le document sur mon portable. Demain, j'affronterai mon collègue Austin pour savoir lequel de nous deux dirigera les négociations. J'esquisse un sourire confiant tout en jetant un coup d'œil à travers le hublot de l'avion. C'est couru d'avance, il est loin d'avoir mon sang-froid lorsqu'il s'agit de défendre son taf devant l'associé senior de notre boîte, ni ma ténacité face à l'adversité. Je vais l'écraser et savourer ma nouvelle victoire.

Le pilote me sort de ma réflexion en annonçant notre atterrissage à l'aéroport de JFK. Je frotte mes paupières alourdies de fatigue et accuse le coup de ces cinq derniers jours passés à Portland, à bosser comme un acharné sur deux dossiers en même temps.

– Votre vol s'est bien passé, monsieur Evans ?

J'ouvre les yeux tandis que mes lèvres se retroussent d'amusement en reluquant la magnifique hôtesse, qui a été plus qu'avenante avec moi en m'offrant une pipe magistrale dans la cabine des toilettes. À force d'être l'objet de ses doux regards cajoleurs, je n'ai pas pu résister à ses avances. Cette femme aux lèvres pulpeuses avait envie de ma queue et j'avais besoin de me détendre. La combinaison gagnante. Est-ce la tension accumulée, la très haute altitude ou sa bouche chaude, humide et avide ? Je n'en ai aucune idée, mais j'en retiens que j'ai pris mon pied total. À ce souvenir, un rictus carnassier se dessine sur mes lèvres.

– Je n'aurais pas pu en rêver de meilleur.

– À votre service, me répond-elle en me gratifiant d'un clin d'œil aguicheur. Je...

– Madame ! la hèle une passagère à la mine inquiète.

Le léger soupir qu'elle laisse échapper en retour me divertit autant qu'il me frustre. À défaut de connaître ses pensées, j'observe sa démarche chaloupée lorsqu'elle me quitte à regret. Je suis particulièrement amateur de ses longues jambes interminables et me remémore qu'autour de ma taille, elles ont tenu la cadence. Un souvenir aussi explosif que mémorable, rapidement balayé par un nouvel e-mail reçu sur mon smartphone. Je me plonge dessus jusqu'à ce qu'on nous donne l'autorisation de quitter nos sièges. Je récupère mes effets personnels et m'engage vers la sortie. J'échange un dernier regard avec l'hôtesse qui, en guise d'adieu, me ronronne :

– Au plaisir de vous revoir sur nos lignes, monsieur Evans.

Son timbre enjôleur mériterait une dernière récompense. Je suis insatiable et un joueur redoutable, quand il est question de sexe.

– C'est toujours un véritable plaisir, répliqué-je, d'une intonation plus basse et profonde. Je ne me lasse pas de cette compagnie.

Elle hausse un sourcil en signe de défi tout en mimant une moue contrariée.

– En ta compagnie, Sofia, m'esclaffé-je.

– Bien rattrapé, beau gosse.

Bon OK, je n'ai pas été tout à fait honnête. Sofia est une vieille connaissance et, pour l'essentiel, on se fait du bien mutuellement lorsque l'opportunité se présente. Là, je dois avouer que le timing était parfait. Je la salue d'un dernier sourire de connivence avant de quitter l'avion.

Une fois monté à bord du taxi, le jour a tiré sa révérence pour laisser place à la noirceur de la nuit. J'ai encore un boulot monstre qui m'attend alors, pour gagner du temps, je passe une commande par téléphone au traiteur chinois de mon quartier pour une livraison à domicile. Si on dit que New York est une ville qui ne dort jamais, je me suis parfaitement modelé à son rythme.

Succombe-moi (Sous contrat d'édition chez Shingfoo et Ito Editions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant