chapitre 3

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Point de vue de Julia

Il faut que je me calme ! Et surtout que je ne me laisse pas envahir par la panique.

Je suis consciente de marcher dans la rue comme une dératée, signe chez moi d'un malaise grandissant engendré par la frustration, la déception et la contrariété d'une journée pourrie. Vraiment pourrie.

J'ai raté deux rendez-vous importants et pour couronner le tout, je suis tombée sur un pervers arrogant insupportable. Seulement, je n'y suis pas allée de main morte. Trop de stress aurait tendance à me faire perdre mes moyens. Mais, là, j'ai sérieusement dérapé en le traitant de connard. Si j'obtiens ce foutu prêt, ça relèvera du miracle !

Merde, merde et re-merde !

Même les passants me narguent en me bousculant sur leur passage, pas assez pressés pourtant pour trouver le temps de me jeter un regard noir. Mais ils n'ont qu'à s'écarter, bordel !C'est dans un état d'esprit dépité et agacé que je pénètre dans le café où ma meilleure amie m'attend déjà. Je la repère aussitôt dans ses vêtements vifs aux couleurs de l'arc-en-ciel. Son look excentrique est à l'image de sa personnalité : un ouragan de bonne humeur et de drôlerie.

Je marche dans sa direction et son sourire s'élargit lorsqu'elle m'aperçoit. Dès que je me plante devant elle, il lui suffit d'un bref coup d'œil pour résumer parfaitement la situation.

– Sale journée on dirait, m'accoste-t-elle alors que je m'assieds.

Elle se penche au-dessus de la table, enlace mon cou dans une longue étreinte et clôture son accueil par un énorme baiser qui claque sur ma joue. Voilà ce dont j'ai besoin, d'Abby et de ses longs câlins interminables.

Son salut habituel, quoi !

– Pire que ça, soufflé-je.

– Raconte à Abby tous tes malheurs, ma chérie.

Elle rabat une mèche blonde sous son bandana rouge en m'adressant une moue attendrie, ce qui provoque l'ébauche de mon premier sourire de la journée.

– Mais avant, on a besoin d'un petit remontant ! me déclare-t-elle en hélant une serveuse. Deux Margaritas, s'il vous plaît !

La serveuse acquiesce d'un signe de tête avant de se diriger vers le bar. Je n'ai pas grand-chose dans le ventre depuis ce matin, mais j'approuve totalement. J'ai besoin de me détendre.

– Tu sais que je t'aime !

– Grâce à l'alcool ou parce que je suis une amie fantastique ?

– Je dirais, les deux, pouffé-je.

– Bonne réponse ! réplique-t-elle rayonnante d'amusement. Bon, tu m'expliques ?

Je souffle un bon coup et lui fais mon petit compte-rendu de la journée. Je suis reconnaissante envers la serveuse de déposer nos boissons à la fin de mon explication, et en profite pour siroter mon cocktail à la paille afin de relâcher cette boule de tension en moi.

– Julia, t'es la femme la plus déterminée que je connaisse. Cette journée ne s'est peut-être pas aussi bien passée que prévu, mais il n'y a rien de définitif. Tu es largement dans les délais avant l'ouverture de ta boutique.

– Oui, ça je sais ! Rien n'aurait été possible sans l'aide généreuse de maman... Mais, j'aurais dû attendre un an de plus avant de me lancer.

J'ai cru que je pourrais mettre plus d'argent de côté, en plus de l'assurance-vie de papa. Mais entre mon stage et la vie hors de prix à New York, ça a été bien plus compliqué que prévu.

Succombe-moi (Sous contrat d'édition chez Shingfoo et Ito Editions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant