La Beauté de l'Ombre

La pension

"Je veux partir en pension."

C'est le même sujet qui revient tous les soirs à table. Depuis que Samuel a prévu d'entrer à l'Université de Droit de Londres, je suis décidée à partir en pension pour mon entrée dans le secondaire. J'ai quinze ans et toutes mes dents. Je veux changer de vie, voir quelque chose de nouveau que ce trou paumé. Mes amies vont me manquer mais je ne pourrais pas m'épanouir en restant ici. J'ai besoin d'action dans ma vie, chaque jour je tente de fuir cette terrible routine. Je crois que c'est une de mes plus grandes peur : la routine.

"Non Cassi, il y a de très bons lycées dans la région. Pourquoi voudrais tu partir à Kuala Lumpur pour étudier les Maths et le Français ?

- Je vous adore, vous, cette maison et Gabriel. Mais je rêve de partir, découvrir autre chose que cette campagne que je connais par cœur. Combien de fois faudra-t-il que je vous l'explique ? Il s'agit de MA vie, pas la vôtre.
- Cassipoée, là tu dépasses les bornes, réplique mon père.
Il est en colère, je le sens dans sa voix. Cependant je lis aussi l'inquiétude sur son visage. Il a toujours voulu que nous soyons autonome alors pourquoi me priver de cette liberté, de cette école, de l'internat ?

Je me lève de table, débarrasse mon assiette et les yeux brillants cours me réfugier dans ma chambre.
Pourquoi ne comprennent t'ils pas ce que je ressens ? Mon coeur bat à cent à l'heure. Je me sens mal de leur parler ainsi mais je veux aller dans cette école. C'est l'Institut norvégien de la Musique et des Sciences. Une école incroyable et unique perdue dans les hauts plateaux enneigés. Elle ruisselle des secrets des élèves qui l'habitent depuis plus de deux siècles.

Deux heures plus tard Adéline et Harold discutent dans le grand salon.

"Écoute Harold, tu sais bien que nous ne pourrons pas l'enfermer ici toute sa vie.

- Mais on ne connait pas encore l'ampleur du complot organisé par Edmund. Cassopée est trop attachée aux sentiments qu'elle a pour les autres, plus que n'importe qui elle risque de se mettre en danger inutilement. Toutes les écoles qu'elle voudra mais pas celle-ci !

- Mais enfin Harold, nous savions que ça devrait arriver, que l'un de nos trois enfants serait appelé à rejoindre le Régiment.

-Mais pourquoi Cassi ? Je refuse de la laisser se faire embrigader par cette élite dictatoriale !

- Je ne suis pas d'accord. Tu as toujours considéré le gouvernement actuel comme restrictif mais il a maintenu la paix et nous ne pouvons pas lutter face à l'État."

Je suis assise sur les marches de l'escalier, j'ai tout entendu. Mais de quoi parlent-ils ? Un complot ? Le Régiment ? Papa m'a donné quelques cours sur la politique actuel mais jamais il n'a mentionner cette organisation. Je remonte dans ma chambre sur la pointe des pieds, et l'esprit en ébullition, je tente de m'endormir.