Chapitre 05 - Louenn

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Je claque la porte de mon bureau avant de laisser tomber mon sac à main sur mon bureau et de jeter mon manteau sur le sofa. Pour qui il se prend ce nouveau là ? Il est prétentieux, arrogant et, argh il m'énerve ! J'étais la seule à vouloir ce poste. C'est toute ma vie. Je ne vis que pour ça. Ma vie professionnelle passe avant absolument tout. J'ai travaillé dur depuis l'ouverture de MC London pour arriver où j'en suis. Et lui il arrive avec sa gueule de Don Juan et il veut me piquer mon poste ? Même pas en rêve. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir, loyal ou pas, pour l'évincer de ma route. Je ne tolérerais pas qu'il me passe devant, à aucun moment.

J'ouvre mon ordinateur et je me consacre à la campagne publicitaire de la présentation du nouveau parfum Dior. Un bon entraînement pour le gros projet qui m'attend et qui du coup va nous départager lui et moi. Je suis énervée pour la journée ça y est. Cet homme m'insupporte déjà. Comment je vais faire pour me débarrasser de lui ? Je dois mettre une stratégie en place. Non. Je dois continuer mon chemin comme s'il n'était pas là. Il n'était peut-être pas sérieux et me disait ça juste pour me provoquer. Pour quelle raison je l'ignore, mais il m'a l'air un peu... Je ne sais pas. Je n'ai pas encore réussi à le cerner et pourtant d'habitude j'y arrive toujours. À vrai dire il n'est arrivé qu'hier, j'ai encore le temps.

Allez au boulot, j'ai encore quelques heures avant d'être en week-end. J'adore avoir mon vendredi même si je le passe à travailler, mon père déteste ça. Il dit que je me tue au travail, mais après tout c'est lui qui m'a donné cette rage de réussir.

***

Je n'ai pas croisé monsieur je fais chier le monde à vouloir le poste des autres, de la journée. Et je ne m'en porte pas plus mal. J'étais censé le former à vrai dire, ce n'est pas très professionnel de ma part, mais ce matin il m'a réellement énervé. Il vaut peut-être mieux que je l'ai dans mon camps au départ pour observer sa stratégie. C'est une bonne idée.

Je me rends à son bureau après avoir fermé le mien. Il me tourne le dos et sa chemise se tend lorsqu'il met sa veste... Pourquoi je pense ça ? Non il ne m'intéresse certainement pas. Pas du tout mon type d'homme. Je frappe à la porte pour attirer son attention, il se retourne vers moi. Ses yeux gris aux nuances de bleus clairs sont visibles d'où je suis. Cependant il ne laisse rien paraître. Serait-il aussi fort que moi à ce jeu-là ?

— Mademoiselle Simons ?

— Monsieur Doneghan. Je... Je voulais m'excuser pour aujourd'hui. J'aurais dû vous former et j'ai été surbooké. Nous pourrions reprendre lundi.

Il me jauge du regard avant d'acquiescer. Il essaie sûrement de savoir si je suis sincère. Pas le moins du monde. Mais ça il n'a pas besoin de le savoir.

— Très bien mademoiselle. Bonne soirée.

— De même.

Je me retourne, partant vers l'ascenseur en remettant ma veste. Merde. 17h20. Je me dépêche de sortir une fois au rez-de-chaussée, mais lorsque j'arrive à l'arrêt de bus... C'est trop tard. Il est déjà loin. Non non non ! Le prochain n'est pas avant une bonne demi-heure et encore, s'il n'est pas en retard. Je ne vais pas marcher jusqu'à la maison. Pourquoi je ne fais pas comme tout le monde, acheter une voiture et venir avec ? Non je préfère me compliquer la vie. Je vais essayer de trouver un taxi tout en avançant... La poisse. Si je n'avais pas été m'excuser je l'aurais eu ! Voilà, ça m'apprendra.

Une voiture noire ralentit près de moi, je n'aime pas ça, on m'a déjà fais le coup. Je regarde droit devant moi en avançant puis elle me dépasse légèrement. Je m'arrête en voyant Monsieur Doneghan descendre de la voiture. Qu'est-ce qu'il me veut ?

— Mademoiselle Simons, voulez-vous que je vous raccompagne ?

— Pourquoi vous me demandez ça ? Je peux très bien marcher.

— Je le sais bien, mais par politesse, je vous le demande. Nous allons peut-être dans la même direction.

— J'en doute.

— En réalité, je vous ai vu râler après votre bus en sortant, c'était comique.

Il sourit en coin et je lui mettrais bien mon sac à main dans la tête en fait. Arrogant.

— Montez je vous dépose.

J'hésite un instant. Si ça se trouve c'est un serial killer comme ceux que l'on voit à la télévision. Je ne le connais de nul part, mon père me tuerait, mais j'habite à Greenwich Village et à pied et en talon... Faire ami-ami pour mieux le faire tomber.

J'accepte en le remerciant et il me tient la porte alors que je monte à l'arrière de la voiture. Il se fait conduire, non mais... Je le regarde qui prend place et qui me regarde.

— Votre adresse ?

— Euh... Greenwich village, je me débrouillerais après.

— William.

Je n'ai pas spécialement envie qu'il voit où j'habite. Il fait un signe au chauffeur qui démarre aussitôt. C'est un chauffeur privé et qu'il appelle en plus par son prénom. Je rêve ou bien...

— Qui êtes-vous au juste ? il lâche un petit rire.

— Comment ça ?

— Vous êtes toujours tiré à quatre épingles mis à part vos cheveux qui n'ont certainement jamais connu de produits coiffants. Vous débarquez comme une fleur dans une entreprise et vous priser le poste le plus haut sans qualification. Et en plus vous avez un chauffeur !

Il a son sourire en coin tellement perturbant. J'ai l'impression qu'il se moque de moi.

— Vous avez quelque chose contre mes cheveux ? je soupire.

— Ce n'est pas le problème. Que venez-vous faire ici si vous avez déjà tout ce qu'il vous faut ? Vous devez avoir assez d'argent pour ne pas travailler.

— Les apparences sont trompeuses, mademoiselle Simons...

Je croise ses iris gris-bleus qui me coupent un instant le souffle. Qu'essaie t-il de me dire en me regardant de cette manière ? Je suis tout à fait d'accord avec ce qu'il dit. J'en suis la preuve vivante. C'est épuisant, mais dans ce monde...

— Pourquoi voulez-vous mon poste ?

— Je ne veux pas votre poste. Je veux le poste qui est à pourvoir dans cette entreprise.

Je ne souhaite pas répondre et je me tourne de l'autre côté pour observer l'extérieur. Il m'énerve... En plus de ça, il est certainement riche. Il n'a pas d'autre chose à faire que d'être ici ? Certainement ont besoin de travailler pour gagner leur vie.

Je reconnais mon quartier, enfin. Je n'en peux plus d'être dans la même pièce que lui. Et ça ne fait que deux jours. Heureusement que c'est le week-end pour moi.

— Je vais descendre ici, j'habite dans une rue plus bas.

— Nous pouvons vous y déposer.

— Non.

Je détache ma ceinture et je descends lorsque la voiture s'arrête à peine. Je remarque le chauffeur qui s'apprêtait à descendre pour m'ouvrir très certainement. Bon la moindre des choses est de le remercier... Même si ça me brûle la langue.

— Merci monsieur Doneghan, à lundi.

— Bon week-end à vous.

Je ferme la portière et regarde la voiture s'éloigner. Je regarde la maison luxueuse devant moi, il doit habiter dans ce genre de palace... Je me retourne pour aller vers la mienne, la plus petite du quartier et la plus délabrée malgré l'entretien quotidien de mon père.

Je passe la porte, retire mes escarpins et me rends au salon, où comme chaque fin d'après-midi, mon père regarde son match de foot.

— Bonjour papa.

— Bonjour Princesse. Alors ta journée ?

— Épuisante.

J'embrasse sa joue en caressant son épaule et je monte directement dans ma chambre. Je délaisse mon tailleur pour un jogging, un pull large et je noue mes cheveux en chignon. Retour à la dure réalité, comme chaque soir.

***

Les apparences sont trompeuses  T1 (sous contrat d'édition avec BMR éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant