Silent Water

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L'eau. Ella la craignait depuis longtemps. Jamais cet élément ne l'avait vraiment attiré. Cette crainte avait tourné à la phobie depuis un événement qu'elle s'efforce d'oublier depuis, mais qui pendant longtemps après la hanta. C'était un soir comme n'importe lequel, parsemé de cris et de poings. Son père, abruti par l'alcool, avait saisi le rouleau à pâtisserie afin de punir sa femme. Sa faute avait été d'avoir utilisé l'argent destiné à la bière pour acheter certains médicaments dont Ella avait cruellement besoin. Son albinisme demandait un apport en vitamines par cachet, faute de ne pouvoir en fixer grâce au soleil inatteignable.  L'homme qu'elle était contrainte d'appeler "père" s'approchait de sa mère, qui, recroquevillée sur le sol froid et sale de la cuisine, cachait de ses mains son visage meurtri par les coups. Ella, impuissante, assistait une fois de plus à cette scène presque quotidienne, les yeux rougis par les larmes. Elle ne put en supporter plus et, pour la première fois, elle s'interposa entre ses parents, faisant face à son père. La petite albinos le supplia du regard et tendis les bras. Son géniteur plissa les yeux avec méchanceté et frappa violemment la tête blanche de sa fille qui tomba à la renverse par terre. Une douleur aigu se répandit dans son crâne qui lui semblait sur le point d'exploser. Étourdie, elle percevait à peine la flopée d'infamies fleuries que son père déversait sur elle. Il lui empoigna les cheveux de sa grosse main ferme et rude. La douleur s'accentua et elle gémit lorsqu'il la traina au sol, se dirigeant vers l'évier mal entretenu. Il laissa couler l'eau quelques minutes tout en bouchant le fond de celui-ci. Une fois qu'il fut rempli, il plongea le visage de Ella dans l'eau glacée, la maintenant sous l'eau de toute la force de ses bras et ne bronchait pas malgré le vain débattement de la petite fille. 10 secondes, 30, 50... 1 minute. Elle ne su combien de temps elle resta ainsi sans oxygène. Tout ce dont elle se souvint, ce fut de la douleur qui avait oppressée sa poitrine et du rire gras de son bourreau fier de lui. Ella se réveilla le lendemain, encore sous le choc, les vêtements humides et les poumons brûlants.

Après cet évènement, jamais plus elle ne tenta d'arrêter son père.

Jamais plus elle ne fit confiance à l'eau.



EllaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant