VII. Commencement

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Voilà quelques jours que je suis à Poudlard. Je n'ai pas revu Lily et Mary. Enfin si, mais elles ne m'ont pas vu. En même temps, je me suis cachée derrière mon livre.

James Potter et Sirius Black n'ont pas attendu longtemps avant de commencer à me faire la misère... À moi, tout comme à Severus. De la morve de Troll sur la tête, des sorts dans les couloirs, des croches-pattes... Rien de bien méchant selon eux. Et je crois même qu'ils commencent à s'en lasser, puisque je prends toujours sur moi pour ne pas répondre aux provocations, je les ignore superbement en me réfugiant dans mes livres, mais ça n'empêche pas mon esprit de se briser jour après jour. Maintenant, ils s'en tiennent seulement aux regards noirs et se contentent de m'appeler « le serpent » dès qu'ils me croisent.

Je me balade dans un couloir, quand je tombe sur deux garçons. Ils ont l'air d'être en quatrième année. Et ils sont très moches. Passons... Je me replonge dans ma lecture et continue de marcher, mais une douleur vive me saisit la tête et j'en lâche mon livre.

-D'où tu te permets de nous ignorer ?! P'tite gnome de première année !

J'ai mal ! L'un d'eux me tire les cheveux et l'autre tient mon visage entre ses mains pleines d'encre. Il parle très près de mon nez... Pouah ! Il pue de la bouche. Je me débats mais rien n'y fait. Je n'arrive pas à me dégager. Aie ! J'ai mal ! J'ai la tête qui tourne !

-Et si on lui apprenait le respect ?!

Ils éclatent de rire et je vois celui qui me fait face, lever le poing pour me frapper et je ferme les yeux par instinct comme si cela me protégerait... Je les entends ricaner. Je reçois les autres coups et je retiens du mieux que je peux mes pleurs pour ne pas les satisfaire mais un cri retentit et les arrête dans leurs rires :

-BANZAI !!!!!!!

J'entends le bruit d'une chute puis d'une deuxième. J'ouvre prudemment les yeux et vois mon premier agresseur à terre. Je me retourne et le même spectacle se répète derrière moi. Sauf que je vois une rousse de dos sur le deuxième connard. Attendez, mais c'est... ?

-Est ce que ça va ?

Je tourne la tête et vois Mary Mcdonald, qui me regarde avec inquiétude. Elle me dit :

-On va t'emmener à l'infirmerie.

-Mais je n'ai pas fini, moi !

Cette plainte vient d'être prononcée par la rousse : Lily Evans. Elle tient une sorte de plume... Ah, oui, un marqueur indélébile. C'est moldu. Elle arbore également un air inquiet quand ses yeux se posent sur moi. Elle s'approche et dit :

-Tu vas bien ?

Je déglutie. Pourquoi est-ce qu'elles s'inquiètent pour moi ? On n'est pas amies que je sache ! Mais avant que je ne donne ma réponse, Lily interroge Mary, me permettant indirectement de comprendre quelques peu la situation :

-Comment tu as fait pour les mettre dans cet état ?

Mary répond en riant :

-Je fais du Karaté depuis mes six ans.

Waouh ! C'est ma seule pensée sur l'instant. Mais cela ne me dit toujours pas pourquoi elles m'ont aidé ! Lily se précipite sur l'autre garçon et semble marquer quelque chose sur son... Attendez ! Sur son... Visage ?! C'est une blague !

Elle se relève, nous attrape toutes les deux par les poignets et nous entraîne dans sa course folle jusqu'à l'infirmerie. Elle éclate de rire et dit :

-C'est génial !

Je la regarde avec incompréhension et elle me dit :

-J'ai toujours voulu écrire sur le visage de quelqu'un !

Mary éclate de rire. Je baisse la tête et je dis en me balançant légèrement d'un pied à l'autre et en grimaçant à cause de la douleur :

-Pour... Pourquoi vous m'avez aidé ?

Un nouvel éclat de rire retentit et je relève la tête. Mary me répond comme si c'était une évidence :

-Bah c'est ce que font les amis. Non ?

-Vous... Voulez qu'on soit amies ? Mais je suis à Serpentard et...

Lily me dit :

-Et alors ? Severus aussi. Moi je suis sûre qu'on sera les meilleures amies du monde.

Elle ouvre la porte de l'infirmerie et dit en se tournant vers nous avec un grand sourire :

-Pas vous ?

***

-C'est inacceptable ! Vous m'entendez ! J'espère que votre exclusion vous fera réfléchir quant à votre comportement messieurs !

Les deux garçons m'ayant agressé trois jours plus tôt, baissent la tête, honteux mais ils semblent bouillir de colère. Debout entre Mary et Lily, je sens un sourire se dresser sur mon visage. Ils sont entraînés dehors par Rusard qui les tire par le col de leurs uniformes. Je me retiens avec peine d'éclater de rire, trop heureuse de savoir mes agresseurs punis. Mais je déchante vite en sentant le regard réprobateur du professeur McGonagall. Les lèvres pincées, elle nous regarde une à une avant de soupirer. Elle nous dit :

-Ce qu'ils ont fait est inacceptable mais je vous prierai de me dire laquelle de vous trois leur a écrit sur le visage toutes ses insultes !

Nous nous écrions alors d'une même voix : « C'est moi ! » avant de nous jeter des regards stupéfaits. Je la vois lever les yeux au ciel. Elle se rend alors à son bureau et ouvre une petite boite en bois. Elle en sort une fiole et nous dit en se tournant vers nous et en la brandissant :

-Vous savez ce que c'est ?

-Non.

-C'est du Véritasérum. Une simple goutte et vous me direz toute la vérité. Je préférerai ne pas en arriver là, alors soyez honnête !

Lily lève alors la main après un court, mais pesant silence, avouant ainsi son « crime ». Si l'on peut appeler ça un crime !

Alors l'enseignante nous fait sortir toutes les deux, mais garde Lily avec elle dans son bureau. Nous attendons donc à la porte. Quand elle sort enfin de la pièce, après une demi-heure d'attente, elle est extrêmement pâle. Nous la questionnons et elle nous raconte en détails ce que le professeur McGonagall vient de lui dire.

-Elle m'a dit qu'elle portait de grands espoirs sur moi, que d'après elle j'étais promise à un grand avenir dans la sorcellerie mais qu'elle attendait de ma part une conduite exemplaire, surtout par les temps qui courent...

Mon estomac se tord après cette déclaration. Il est vrai qu'entre ces murs, j'ai parfois l'impression d'oublier qu'un puissant mage noir sévit au nom de la pureté du sang sorcier. Mary passe alors un bras réconfortant autour de ses épaules. Timidement, je le fais aussi et elle nous adresse un sourire avant de dire :

-Bon... J'aurais au moins écrit sur le visage de quelqu'un une fois dans ma vie !

C'est dans un grand éclat de rire que nous partons toutes les trois dans la direction du parc.

Les Héritières Tome 1 : 1960 - 1977Où les histoires vivent. Découvrez maintenant