Chapitre 18

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Une semaine était passée après mon réveil chez Harry, et rien n'avait changé: les journées au lycée étaient toutes aussi invivables les unes que les autres, ma relation avec Akira n'avait pas évolué, et maman me manquait toujours autant. D'ailleurs, les quatre mois de sa mort arrivaient à grands pas. Je n'étais pas encore prête mentalement.

À mon réveil, je décidais d'appeler Brad. À mon plus grand soulagement, il décrochait rapidement.

-Ici Brad Cooper, qui est à l'appareil ? Demanda-t-il d'une voix monotone.

-A..Allô ? C'est Ana, bagayais-je timidement.

-Ana ! Ça va ?? Je suis désolé pour l'autre fois, te l'avoir annoncé comme ça..., commença Brad.

Je le coupais, pour le rassurer.

-Oui, tout va bien... Dis, à propos de ma mère, tu as du nouveau ?

Il mit un peu plus de temps à répondre.

-Oui. Cet aprem tu es libre ?

Je hochais la tête en silence, attendant sa réponse.

-Tu sais Ana, on est au téléphone, je peux pas te voir, ricana-t-il, à l'autre bout du fil.

-Ah, o..oui, pardon !! Balbuties-je, toute rouge.

Apres s'être calmé, il renchérit.

-Bien, alors je viens te chercher vers quinze heures, ça te va ?

-Oui, à tout à l'heure, je lui lançais-je avant de raccrocher.

Je passais mon début d'après-midi allongée dans mon lit, pensive. 15h arriva. Comme prévu, j'entendis le bruit des pneus crisser contre le gravier, en bas de la maison. C'était lui.

Je descendais en saluant rapidement la famille qui m'avait accueilli, puis sortais dire bonjour à Brad. Celui-ci avait sa voiture de fonction, mais ne portait pas d'uniforme. Il était habillé en civil, et ses vêtements lui allaient super bien.

-Monte, me lança-t-il en remontant dans la voiture.

Je portais un t-shirt bleu pastel, un jeans troué, une veste en cuir noir et des rockstars.

Je pressais le pas et montais dans la voiture en silence, puis refermais la portière. Il demarrait aussitôt. Des centaines de questions m'occupaient l'esprit, si bien que j'en oubliais sa présence.

Qu'allait-il m'annoncer de si grave ? Avaient-ils retrouvé ma mère ? Pourrais-je enfin la voir ? Comment allais-je réagir face à ce dont il allait me parler ?

-Tu penses à quoi ? Me demanda-t-il en fixant la route.

-Je.. Je pensais à l'endroit où on va, lui mentis-je en fixant les lignes de rives qui passaient à toute vitesse sous mes yeux, au bord de la route.

-Oh, ça ? On va dans un bar à la sortie de la ville, une collègue de travail nous y attend et détient d'autres informations...

-Je vois...

Le reste du trajet se passait en silence, mais fut rapide. Durant tout le trajet je pouvais remarquer les rides qu'avait Brad entre ses sourcils. Il semblait inquiet ou contrarié.

La voiture se gara dans un petit parking, aux abords d'une forêt. On sortit et on se dirigea aussitôt vers le bar en question. Il semblait d'ailleurs tout récent, en excellent état.

On entrait dans le bar où il y avait un grand comptoir, des tabourets, et des tables en bois. Derrière le comptoir se trouvaient deux serveurs qui profitaient du peu de clients qu'ils avaient en discutant. Brad se dirigeait alors vers une femme, assise seule à une table. On alla s'asseoir à côté d'elle, puis Brad lança la conversation tandis que je la saluais.

-Alors ? Demanda-t-il.

-C'est trop dangereux d'en parler à voix haute, chuchotait la femme en faisant glisser vers nous des rapports écrits et des photos.

Brad les attrapait et, sans prendre le temps de les regarder, se leva.

-Merci, je t'appelle ce soir, nous on y va.

-Très bien, à plus tard, chuchotait la femme, une capuche qui cachait de moitié son visage.

Brad sortit de mon champs de vision tandis que je restais plantée là, à la regarder, perplexe. Pourquoi tenait-elle temps à rester discrète ? Et pourquoi disait-elle que c'était dangereux d'en parler ? Était-ce en rapport avec... le tueur ?

Brad m'appela, près de la porte. Je me retournais, saluais rapidement sa collègue et pressais le pas pour le rejoindre.

~elipse~
~15h34~

Brad arrêta la voiture sur un chemin de terre. Nous étions seuls. Il prit les documents et les lu en silence, tandis que j'observais minutieusement ses réactions. J'avais peur, peur de lire le rapport, et de voir les photos.

Lorsqu'il me tendit le dossier, les sourcils froncés, je ne pus m'empêcher d'avoir le souffle coupé. D'une main tremblante, je l'attrapais. Le premier nom que je lus fut... Celui de mon père.

Bryan Brown

À

la vue de ce nom, ma vue se brouillait. Je me frottais alors les yeux d'un revers de manche, pour empecher mes larmes de couler.

-Qu'est-ce que mon père vient faire dans le dossier ? Demandais-je en parcourant les lignes des yeux.

«1/Date de diffusion: Le 22 novembre 2016.
2/Objet: Recherche d'un individus du nom de Bryan Brown, suspect d'avoir été l'auteur d'un homicide, étant aperçu sur la scène de crime.
3/Date et lieu des faits: Le 02 septembre aux alentours de 05h00 à Beaverton sur l'autoroute A5.
4/Mode opératoire: La voiture des deux victimes aurait percuté un animal, aux abords de la forêt. À l'arrivée de l'ambulance, qui aurait était appelée par un homme d'âge mur, les infirmiers ont retrouvé l'une des victimes inconciente, trainée à quelques mètres du véhicule. Quant à la deuxième victime, seule sa tête aurait été retrouvée, sans doute arrachée par la morsure que nous avons retrouvé dans son cou. Morte sur le coups.
5/Signalement: Homme blanc, âgé de 30 ans, mesurant 175cm, porteur d'un sweat shirt à capuche noir, jean gris.
6/Victimes: Meredith Brown, Ana Brown.»

Les mains ballantes et le rapport sur les genoux, je me laissais glisser sur le siège. Oh non... Ma vue se brouillait davantage, et ma respiration s'accélérait. J'avais l'impression d'étouffer, et une envie de vomir s'empara de moi. J'ouvris la portière de la voiture et tombais à genoux sur le gravier en me tenant la gorge. Les photos étaient maintenant étalées au sol, en face de moi. Je parvenais tout de meme à distinguer ce dont il était questions sur les photos: un autoportrait de mon père, et une photo de la "tete" à la mère, ainsi que de la morsure.

C'était comme si, à cet instant, tout s'écroulait autour de moi. Je venais à la fois d'apprendre que mon père était toujours en vie, et qu'il était -en plus de ça- suspecté du meurtre de ma mère, et à la fois de voir les photos de ma mère, sans vie.

J'entendis une portiere claquer, et sentis des bras m'envelopper puis me bercer, tandis que je fondais en larmes.

The Cliff  [Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant