The Cliff [Pause]

Chapitre 4

Je sentais des petites mains me secouer, me levant de mon court sommeil. Lorsque j'ouvris les yeux, il n'y avait personne. Je vérifia en dessous du lit, dans mon armoire et dans la salle de bain. Personne. Et la porte était fermée à clefs, comme je l'avais laissé.

Je soupira et me frotta les yeux. C'était sûrement encore une hallucination due à la fatigue ou à la faim. Aujourd'hui était le jour J, j'allais enfin pouvoir aller au lycée.

J'attrapais un t-shirt, un sweat à ma mère, un jeans noir troué et des rangers, puis allais me maquiller et me coiffer. J'étais enfin prête. J'attrapais mon sac de cours que j'avais préparé la veille et sortis de la chambre avec mes écouteurs et mon mp3. Je l'avais chargé toute la nuit.

Après l'avoir attendu devant l'entrée, Kaithleen sortit de la résidence et je la suivis. On s'engagea dans un petit chemin en terre entouré d'arbres et de feuillages. Je décidais enfin de parler, rompant ce silence pesant.

-Mary est ta mère ?

-Oui. Elle n'a pas toujours été comme ça, je te rassure...

-Alors pourquoi ? Lui demandais-je, un peu trop curieuse.

-...c'est depuis la mort de ma petite soeur. Elle était bébé, ça fait 5 ans maintenant. Après ça, elle a eu l'idée d'une famille d'accueil.

-Je vois, désolée, lui dis-je en baissant la tête.

Un sourire se dessina sur son visage. C'etait la premiere fois que je la voyais sourire.

-Au fait, commença Kaithleen. J'ai entendu ta conversation avec ma mère. Tu ne t'es pas habillée comme elle le voulait, comment tu vas faire ? Heureusement qu'elle ne t'a pas encore croisé.

-Ah, ça ? Laisse tomber, je vois pas pourquoi je suivrai ses ordres. Je m'en fou de ruiner sa réputation, affirmais-je en fronçant les sourcils, les mains dans les poches.

-T'as raison. Mais... Je pense qu'il vaudrait mieux ne pas me cotoyer au lycée, d'accord ? Et si quelqu'un te demande, tu n'as rien à voir avec la famille Miles.

J'acquiescais en silence. Ça me rendait malade de voir que même sa propre fille avait peur de ruiner à sa réputation. Mais je ne dis rien. Je laissa couler.

On allait arriver devant le parking du lycée quand soudainement Kaithleen s'arrêta.

-On est arrivées. On se sépare ici. Bonne chance, me lança-t-elle en partant rejoindre des filles.

Je lui souris rapidement puis avança, tête baissée, traversant une foule de personnes. J'avais toujours eu peur de passer devant les gens, mais je me sentais déterminée.

Je sentais de plus en plus de regard se poser sur moi, accompagnés de rires et de moqueries. Sans doute était-ce parce que je sortais du lot, avec mes vêtements ? Tous les mêmes, pensais-je en accelérant le pas.

Ils étaient tous bien vêtus, certains même en uniformes. Mais peu m'importait, je n'avais qu'une envie, c'était de rentrer dans le lycée et m'y réfugier.

Je redressa un peu la tête pour regarder l'emplacement de la porte d'entrée, et entra. Les regards restaient les mêmes, mais je ne les calculais pas. Je toqua à la cabine d'une secretaire. Après avoir découvert mon identité, elle me confia un emploi du temps et un numéro de casier. Je parti aussitôt à la recherche de mon premier cours: les maths. C'était au deuxième étage, et les cours avaient déjà commencé. Lorsque je trouva enfin la salle, j'alla voir le professeur -un vieil homme- et il me dit de m'asseoir à côté d'un garçon brun emo. Il avait des piercings en dessous de la lèvre inférieure. Il me sourit.

-Enfin quelqu'un de normal dans cette putain de classe, me dit-il.

Sa remarque me fit sourire.

-J'ai pensé la même chose en te voyant, lui répondis-je discrètement.

Je l'entendis glousser, et le prof s'arrêta de parler.

- Monsieur Summer, cessez vos enfantillages et laissez donc mademoiselle Brown tranquille ! S'écria-t-il à travers la salle en tapant brusquement sur son bureau.

Il se tût, et le cours reprit.

-Tu t'appelles comment ? Chuchota-t-il discretement.

-Ana... Et toi ?

-Peter. Au fait j'aime bien ton pull, il est classe.

Je me leva brusquement, j'avais envie de pleurer. Pourquoi parle-t-il du sweat à maman ? A-t-il fait exprès ? Oh la la, non, il voulait surement être gentil... Je m'emballe trop vite, je deviens trop hystérique, c'est pas possible ! Pensais-je en me tenant le ventre. Mais dans un sens, je savais que je n'allais jamais pouvoir me controler. À chaque fois qu'on parlait de ma mère, je me mettais dans un état pas possible. Il fallait que ça change.

Sans demander l'accord au prof, je sorti en courant de la classe avec mes affaires et couru me réfugier dans les toilettes des filles. J'éclatais en sanglot, toute tremblante. J'avais la boule au ventre et ma douleur reprenait peu à peu. Je me sentais tellement ridicule, ridicule d'avoir agit comme ça, ridicule d'avoir survécu à cet accident.

-Ana ? Demanda une voix masculine. Tu es là ?

C'était Peter. Pourquoi il est là ? Me demandais-je en retenant mon souffle. Je n'avais pas envie qu'il me voit dans cet état.

Je le sentis s'adosser contre les wc dans lesquels j'étais. Il soupira.

-Je suis vraiment désolé si ce que je t'ai dis t'a blessé, ça n'était pas mon intension.

-...désolée, m'excusais-je timidement.

-Désolée de quoi ?

J'ouvris lentement la porte, il se retourna et me regarda tristement.

-J'ai perdu ma mère, et c'est son pull... Je me suis emportée, j'arrive pas à gérer tout ça dans ma tête, lui expliquais-je, tête baissée.

-Je suis désolé. Tu veux retourner en cours ?

Je fis «non» de la tête en me tenant le ventre.

-Ok, alors on sèche cette heure-là. Ça te va ?

Je hochais la tête. Je n'avais pas pour habitude de me faire des amis, alors je ne savais trop comment agir.

Il prit mes affaires et on sortit du lycée.

-Il nous reste une bonne trentaine de minutes avant la fin du cours, on se calle ici ? Me demanda Peter, devant le lycée.