Le roi Simon avait changé physiquement. Sa tête et sa barbe étaient entièrement blancs, et son visage avait gagné quelques rides. À part cela, il semblait fidèle à lui-même. Il y avait toujours en lui cette simplicité qui le caractérisait, et il le prouva à Sal en lui ouvrant les bras pour l'accueillir sans suivre le décorum d'usage.
-Mon fils, s'exclama-t-il en l'enlaçant. Ça fait du bien de te voir.
-Votre Altesse.
Sal avait répliqué d'une voix froide et gardé les bras le long du corps. Un peu blessé, le roi le relâcha et s'éloigna d'un pas.
-Je t'en prie, Sal. Je suis ton père. N'utilise pas le mot votre Altesse.
Ce mot « Altesse » le faisait toujours frémir le roi, Sal n'avait jamais compris pourquoi. Il supportait ce mot de la bouche de ses sujets seulement parce que la bienséance l'exigeait.
Son père était le régent légitime d'Unndiarr. Mais à cause de son comportement, il était établi depuis longtemps, dans l'esprit des citoyens d'Unndiarr, que leur souverain était la reine. D'ailleurs, il fallait bien l'avouer : la reine Yawana régnait sur Unndiarr bien mieux que le roi Simon ne l'aurait fait. Elle était d'un naturel autoritaire, et sa position au trône avait renforcé ce trait de caractère. Son père, au contraire, était plutôt du genre timide et falot. Donner un ordre lui avait toujours répugné, ou pire encore, effrayé. IL avait laissé volontiers les rênes du pouvoir à son épouse, soulagé de ne plus avoir à essayer d'imposer sa volonté. Il vivait dans l'ombre de Yawana, nullement dérangé de devoir subir son autorité, et de toujours faire exactement ce qu'elle attendait de lui. C'était exactement ce qui rendait cette rencontre suspecte. Yawana avait banni Sal et interdit à quiconque de lui adresser la parole. C'était impossible que Simon ait osé braver l'autorité de la reine pour venir rencontrer son fils.
-Vous êtes vraiment venu ici de votre plein gré, Père? demanda Simon pour s'en assurer Vous en êtes sûr ?
-Oui, répliqua le vieil homme d'un ton impatient.
-Parce ce que, voyez-vous, je me demande s'il ne s'agissait pas d'un coup tordu de la part de mère.
-Non, ce n'est pas le cas, Sal.
-Alors, pourquoi m'avoir demandé de venir au château ?
-Parce que c'était sans danger. Ta mère est absente, et j'aurais demandé à ma sœur d'enlever les protections les plus dangereuses.
Sal dévisagea attentivement son père. La bravade, c'était assez nouveau chez lui. Sal ne lui faisait toujours pas confiance. Son intuition lui soufflait de rester sur ses gardes.
-Donc, si je comprends bien, vous avez bravé l'autorité de mère juste pour pouvoir me serrer dans vos bras ? Permettez-moi d'en douter, père.
L'ironie dans sa voix blessa le roi. Sal le lut dans ses yeux.
-Etant donné que tu refuses de me faire confiance, nous ferons peut-être mieux d'en finir au plus vite avec cette conversation.
Il semblait vraiment pressé de partir, subitement.
-Je suis entièrement d'accord avec vous. Venez-en aux faits, père. Que vouliez-vous me dire, père?
-Je voulais te parler de Brigitte.
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gardienne des mondes: Tia
FantasyTia est une ado de 16 ans avec une vie normale. Elle a des parents aimants, une meilleure amie qu'elle adore, et un petit-ami qu'elle aime éperduement. Enfin, qu'elle croit aimer éperduement. Une personne, dont elle ignorait totalement l'existence...