Une révélation

Le commencement

Je reviens à moi tranquillement. J'ouvre les yeux d'un seul coup et les referme immédiatement.

La lumière du jour m'a aveuglée ...

Je sens quelque chose de liquide rouler sur ma joue, tombant de mon œil. Je me réveille, éclairée par le jour, la lumière venue du soleil qui m'avait tant manquée. Et celle qui s'exprime de nouveau à l'intérieur de mon être, de mon âme, de mon esprit, et de ma conscience m'illuminait ! Finie l'obscure noirceur qui auparavant régnait toute puissante dans ma tête, mon esprit et mon logis ! J'étais enfin libre... Les ténèbres ont fui, parce que la lumière dans sa sainteté les a transpercés, avant de s'en emparer et de les consumer ! Je crois à peine ce qu'il m'arrive à moi, Alyah, dix-huit ans, étudiante.

Tout a commencé il y a un an, le 22 mars 2014 exactement. J'étais contrairement à aujourd'hui, une lycéenne mais pas tout à fait comme les autres. Les autres avaient et ont toujours beaucoup d'amis, leur iPhone, leurs riches parents à qui ils font des caprices pour les derniers produits haut de gamme, et surtout ils sont hypocrites. Moi, je suis seule, je n'ai pas d'iPhone et je viens d'un milieu populaire, celui qui s'active et ne rechigne jamais. C'est chacun pour sa peau ici.

Je porte un regard simple et peu réfléchi sur le monde qui m'entourait. Mais certaines choses m'indignent tout de même ! Je reste passive parce que je ne suis pas libre de dire ce que je ressens et de plaider pour des causes, alors je reste les bras croisés, si l'on veut. Le fait de voir les jeunes du quartier dans lequel je vis contraints de devoir vendre des substances illicites pour vivre et survivre avec leurs familles, faute d'emploi, dans un système qui les pousse à le faire, avant de les dénoncer puis de plaider leur cause, me fait enrager !

L'injustice, les inégalités sociales, la discrimination sous toute ses formes, l'hyper-domination masculine et le consumérisme, je hais toutes ces choses, même si je ne les connais pas en profondeur pour certaines...

 Ce jour-là, je sortais du lycée. J'avais manqué le premier bus qui assurait la correspondance avec la gare, située à trente minute à pied du lycée. Je suis donc contrainte avec d'autres élèves d'attendre le prochain. Sachant qu'ensuite je mets vingt minutes à pied de la gare à mon domicile, je me retrouve une fois de plus contrainte de prendre un second bus qui me conduit à destination en sept minutes. J'ai alors croisé, à la gare, Yasmine et Sarah, deux cousines et amies depuis deux ans environ. Elles sont d'origine algérienne, grandes et sveltes, les cheveux noirs, yeux marrons, et elles sont voilées, ce qui fait jaser en ce moment... Le port du voile...

Mais je ne m'y intéresse pas vraiment parce que je pense qu'il faut s'accepter et s'entraider, peu importe nos origines, cultures, religions...Je les avais accompagnées prendre le bus, qui ne s'est d'ailleurs pas arrêté devant elles ; le chauffeur leurs a même adressé une grimace et un geste déplacé que je ne décrirai pas.

NA : publier le 21 janvier 2017.