La tentation

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« Elle est belle la France d'aujourd'hui »

Avait lancé Yasmine. J'ai répliqué que ce n'était pas représentatif des valeurs républicaines, et qu'il était honteux de la part de quiconque d'avoir cette attitude. Je les ai ensuite laissées parce que j'avais rendez-vous avec Alex, le petit ami de Cléa, une amie d'enfance.

Je la considère comme ma sœur : elle est plus petite que moi, plus fine aussi, elle a les cheveux noirs, la peau d'une belle couleur ébène, l'allure d'un mannequin, physiquement c'est mon opposée en fait... Elle et son copain étaient en période de crise et ne se parlaient plus. Je devais donc le convaincre de ne pas mettre fin à leur relation parce que je savais qu'elle aurait du mal à s'en remettre du moins c'est ce que je pensais ; en fait, si j'avais su, je ne me serais même pas mêlée de leurs affaires, mais elle m'en avait suppliée, et comme à mon habitude je voulais l'aider j'ai donc cédée.

J'allais donc rentrer vers dix-neuf heures chez moi, donc tard selon mon père ; je risquais donc ma peau pour si peu. Je suis trop gentille...Cela lui servirait de motif idéal pour me disputer... Et si je tiens tête, je n'ose imaginer mon sort ! Il me frapperait même si avec le temps je ne sens plus trop ses gifles, sauf quand il a bu et que des objets lui tombent sous la main. C'est « sa méthode éducative », je souffre en silence, comme tout le monde. Je suppose que maintenant vous comprenez mieux l'expression « d'hyper-domination masculine » que j'ai utilisée précédemment.

Arrivée à destination, je vois tout de suite Alex. Cléa ne savait pas que nous nous voyions ce jour-là, je l'avais donc rencontré en secret pour la première fois. Il m'attendait, vêtu d'un simple jogging noir, très discret, la barbe de quelques jours bien taillée, ses yeux bleus profonds, plus profond que les océans mêmes. Il est grand et fin, on ne croirait pas qu'il ait vingt ans.

Il est très beau pour un hors-la-loi, très charismatique aussi. Oui, c'est un hors-la-loi selon les règles de notre système puisque vendeur de drogue n'est pas une profession ; en Italie, il me semble que ce serait plus « acceptable ». Nous avons alors parlé pendant près d'une heure, plus ce qui nous entoure, du matérialisme, du consumérisme et de l'impérialisme que de sa relation.

Je me rends compte que nous sommes plus complémentaires qu'il ne l'est avec Cléa. Je décidai alors de rentrer chez moi, mais j'avais un mauvais pressentiment.

Le bus venant dans un moment, il me demanda s'il pouvait me raccompagner jusqu'à chez moi puisqu'il habite tout près. J'ai accepté sans hésiter, comment refuser une si charmante compagnie ? ou devrais-je dire, un compagnon si charmant...Ses yeux magnifiques m'oppressaient, son sourire éclatant m'illuminait et égayait la noirceur de mon esprit...Mais où avais-je la tête ? Pourtant je ne dois pas faillir ! Déjà il est pris, ensuite c'est un ami, et enfin je risquerais ma foi ! Toute ma vie, on m'a assommé avec l'importance de la virginité que c'était ma fierté personnelle et à la fois celle de la famille, et que seul celui qui m'épouserait aurait le privilège de me la prendre... et blablabla "c'est un péché et tu seras impure... blablabla" mais tiendrais-je jusque-là ? Pourquoi est-ce que je devrais rester cantonné à ses idées, on est quand même en 2014 merde !

Ma conscience, la religion et ma logique ne doivent pas me faire défaut ! Je ne dois pas céder à la tentation... Je simule la tranquillité et la sérénité devant mon séduisant accompagnateur, mais en réalité, je voulais lui sauter dessus ou fuir je ne sais pas, je ne sais plus ... Ses lèvres pulpeuses m'hypnotisaient presque, son regard perçant m'oppressait et puis son sourire était... angélique ! Mais qu'est-ce que je raconte ? Oh Seigneur ! Mon esprit est parsemé de pensées impures... mon Dieu ! je ne dois pas faillir !

"l'interdit attire..." Non !

Rentrons avant qu'il ne soit trop tard et que mes ténébreuses pensées ne me consument !

"Les règles sont faites pour être brisés..."

N'importe quoi ! Rentrons rapidement et gardons notre calme ! Vite !

NA: publier le 31 janvier 2017



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