Le changement

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La réalité a vite repris le dessus. Chacun rentre chez soi, j'ai prétexté avoir beaucoup de travail pour pouvoir m'enfuir...

Qu'ai-je fait ? En réalité, j'avais fui parce que je craignais la bête humaine qui me sert de père. S'il m'avait vue parler avec Alex, un jeune du quartier, qui n'est pas « dans le droit chemin », « qui ne suit pas la lumière du monde» , comme il dit, alors qu'il est lui-même dans un chemin plus sombre que les abîmes de l'enfer, il m'aurait frappée jusqu'au sang, ma mère aurait tenté de me défendre mais elle aurait été réduite au silence elle aussi. Il est environ dix-neuf heures quand je rentre, ce qui fait tard selon mon père.

Je prétexte avoir été réviser a la bibli puis manqué le bus et pour rentrer avant de foncer à la cuisine. J'ai dû mentir pour ne pas réveiller l'esprit démoniaque qui sommeillent en cet être de graisse. Je me défoule sur le poulet, le vide, en extirpe le surplus de gras, l'épice et l'enfourne pendant une heure.

Je fais comme si de rien était, mais Alex obnubilait mes pensées...Il m'envoyait de nombreux messages d'ailleurs, auxquels je ne répondais pas, car j'étais encore trop secouée. Cléa m'informait qu'elle avait quitté Alex et qu'elle sortait avec un autre garçon : j'étais abasourdie ! J'avais des remords, de la peine et toute une crise de conscience pour rien !

De plus cette audacieuse était déjà remise de cette rupture avec un autre jules...Mon Dieu !

Je vais ensuite dans ma chambre que je partage avec mon petit frère, faute de chambre supplémentaire, pour l'aider à faire ses devoirs. Notre père, lui, regarde la télé une bière à la main, assis tranquillement sur le canapé. Cet amas de graisse, fainéant, violent et inutile ne nous est vraiment d'aucune utilité.

À la fin de ces exercices, je retourne en cuisine, dresse la table, range promptement mes affaires et à cet instant précis, Maman rentre à la maison. Elle m'adresse un petit sourire, embrasse mon petit frère puis s'adresse à la boule de billard.

Ils commencent à hausser le ton puis vont s'entretenir dans leur chambre, et cela va mal finir, comme d'habitude, du moins c'est ce que je pensais.

J'avais reçu une sorte d'illumination aujourd'hui, et c'était à mon tour d'illuminer notre foyer !

Aujourd'hui, Alex m'a révélé des choses dont je n'avais pas pleinement conscience auparavant. Il était donc temps maintenant de laisser la lumière percer les ténèbres, les choses qui se passait ici depuis mon enfance devaient cesser.

Je sers du poulet à mon petit frère puis à moi-même, en attendant que Maman ait achevé son entretien avec « l'homme de la maison », et Anis, mon petit frère, vient manger.

Tout à coup, la dispute devient de plus en plus violente, mon stress commence son ascension : niveau un terminé. Ma mère pleure et crie, je sens sa souffrance, sa fatigue et son désespoir au plus profond de mes entrailles, mais je ne laisse rien paraître. Et là, quelque chose en verre se brise, sans doute un cadre en verre tombé au sol, et merde de merde !

Des coups résonnent contre l'armoire et les murs, des objets se cassent avec violence ! Mon petit frère pleure, crie mon nom et viens se serrer contre moi ! Je passe ma main dans ses cheveux, cache mes émotions, je ne sais que faire, il voulait les rejoindre dans la chambre, je l'en empêche. Je tremble et panique, stresse au niveau quatre, mais il brûle les étapes !

Les cris deviennent incessants, je ressens alors la souffrance infligée à ma mère à cause de l'intensité du bruit des coups. Ma vision devient alors trouble, je ferme les yeux. Quelque chose devient lourd au coin de mon œil, tombe avec difficulté sur ma joue et ruisselle jusqu'à mon cou. J'ouvre mes yeux en sursautant de rage et de haine, j'attrape Anis, lui donne mon portable et lui demande de composer LE numéro, puis lui ordonne de s'enfermer dans la salle de bains, de n'ouvrir qu'à ma demande ou celle de maman. Stress au niveau 7 ; il continue son ascension, ce démon !

Je cours ensuite et m'arrête devant la chambre maudite de la torture, dans l'obscurité de l'appartement empreint de l'esprit malsain et démoniaque de mon géniteur... Je n'ose allumer, de peur d'être découverte par la bête humaine. Cette obscurité allait enfin disparaître à tout jamais, si tout se passait comme je l'avais prévu, du moins. Ils crient toujours. Tout est limpide et en meme temps oppressant autour de moi. J'attrape le téléphone fixe, cours et m'enferme aux toilettes. Je tremble tellement que je fais tomber le téléphone deux fois de suite... Je parviens enfin à composer LE numéro au cas où Anis se serait tromper... Stress au niveau 8, « il court, il court, le furet... » J'appuie sur la touche « appel », stress au niveau 10 ... « le furet du bois joli », et si j'échoue ?

Que se passera-t-il ?

Une fois cette mission terminée, Je ne stress plus. Mais je craque ... Attrape un objet, le plus proche de moi dans la cuisine, ouvre la porte de la chambre et je reste interdite. On ne remarque pas ma présence, la bête humaine est dos à moi, se dresse de toute sa hauteur sur ma mère recroqueviller sur elle-même, elle ne bouge pas. Il s'apprête à donner un coup qui pourrait être fatal.

La haine me consume. Une poêle à la main, un élan surhumain me transporte et s'abat sur la coquille d'œuf qui sert de crâne a boule de graisse qui au même instant se retourne et me donne le coup destiné à ma mère. Il tombe au sol quelque seconde plus tard, inerte. Ma tête tourne, tout est flou autour de moi, je vois de la lumière rouge et bleu filtrée à travers les volets de la fenêtre de la chambre. Je finis par sombrer.

Publier le 10 février 2017


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