Julie
Je regarde avec émerveillement les oeuvres d'art qui ornent les "murs". J'effleure des doigts le papier imbibé de sel. J'observe les bosses que forme l'encre sur les feuilles blanches. Je caresse les visages des personnages qui m'ont l'air si réels.
- C'est magnifique, je souffle.
Je sens son regard gêné sur ma nuque et je souris de plus belle. J'ai déjà vécu tellement de fois sa situation. Je sais à quel point montrer son travail et sa fierté est complexe. Je ne lui ai d'ailleurs pas demandé ce qu'il pensait d'Indécise. Je le ferais lorsque j'aurai le courage de décrocher mes yeux de ses dessins.
Pour l'instant, je découvre des personnages, ils me donnent envie d'écrire. C'est ainsi que je sais qu'ils sont réussis. Les traits sont de plus en plus assurés au fil des dessins, les coups de pinceau plus maîtrisés. Je me demande depuis combien de temps il pratique cet art.
Et puis, accrochés sur le coin gauche du mur, je découvre des œuvres qui me coupent le souffle. Il a peint et dessiné mes personnages, mes protégés. Les larmes me montent aux yeux. Je suis si fière. Il ne les a pas exactement représentés comme je me les imagine, mais ils sont si beaux. Je me mords la lèvre. Il ne peut pas savoir à quel point cela me fait plaisir. J'aimerais le lui dire, mais les mots restent coincés dans ma gorge. Je ne réussis qu'à lui murmurer un vague "merci".
Et puis je suis soudainement tirée du rêve par ma sœur qui me secoue les épaules dans ma réalité. Je hurle et elle me lâche. Je m'en veux d'avoir laissée Bastien seul. Mais pour une fois, je n'avais pas le choix.
Bastien
J'accours juste à temps pour qu'elle ne tombe pas, je suis de plus en plus rouge. Je la pose sur mon petit canapé et l'observe.
Sa petite frange désordonée retombe sur son front lisse. Habituellement, la plus grande partie de ses cheveux se laisse aller sur ses épaules et forme une crinière blonde, méchée de châtain.
D'un coup, une lumière blanche envahie la salle et Julie se décompose en poussières blanches et lumineuses. Moi j'assiste tristement à ce spectacle en soupirant.Je pense encore à sa réaction.
Je savais que ça lui ferais plaisir. Mais quelque chose a encore tout gaché...
Je me traîne jusqu'à mon bureau embarassé de choses plus ou moins utiles. Je sort mon carnet de dessin et pose la pointe de mon critérium sur le papier cartonné. Il se met à dessiner tout seul et commence à former un rond, puis un visage, des cheveux, des yeux, une bouche. Tout cela me conduisant au portrait de ma seule et meilleure amie : Julie...
Julie
Nous sommes maintenant en début d'après midi. J'ai réussi à m'isoler dans ma chambre en prétextant une sieste soudaine. Je m'allonge sur mon matelas, et je souris. Je me détends, et je ferme les yeux.
Une nouvelle silhouette de moi même se détache de mon corps. Elle me reflète, mais elle m'est si différente. Elle est parfaite, elle est comme je me voudrais. Elle est un idéal. J'écarte la membrane du rêve et glisse un pied dans le sable chaud. Je souris. J'ai l'impression de revenir chez moi après une si longue absence.
Je me dirige en silence vers l'antre de Bastien que je situe désormais. Je saute dans le sable, sans plonger la tête la première, et sans hurler à la mort. Mon ami s'est déjà bien assez moqué de moi ainsi.
Je le trouve assit à son bureau. Je m'assieds sur le canapé sans un bruit. Je ne fais même pas crisser la couverture un peu rêche posée sur le petit meuble. Il ne m'a pas remarqué, le matelas de mousse a étouffé le bruit de ma chute et j'ai été silencieuse depuis. Je le regarde travailler pendant une bonne dizaine de minutes, toujours sans prononcer un mot, concentrée sur les mouvements souples de son poignet. Je me demande ce qu'il dessine, mais je résiste à la tentation d'aller regarder de plus près. L'ambiance de ce lieu est si belle quand elle ne résonne pas de ma voix.
Le silence est le plus beau des sons, et je n'ai pas eu l'occasion de le savourer depuis si longtemps.
Bastien
Quand je finis enfin mon dessin, je le signe et regarde partout si je n'y vois pas un bout de ficelle pour éventuellement l'accrocher. Je vois alors Julie, assise dans le canapé. Je la regarde avec des yeux grand ouverts et elle rit en se moquant de moi gentiment. Je souris alors, et me lève. Je lui demande donc :
- Comment as-tu fais pour ne faire aucun bruit en arrivant dans le rêve ?
Elle me fait un clin d'oeil et ne me répond pas, je marche vers elle mais elle m'évite et cours jusqu'à mon bureau ou j'avais laissé mon dessin. Elle le regarde et fait une tête mémorable. Je me mets à hurler de rire tant son expression est à tomber ! Elle me regarde et prends le dessin dans ses mains et me le montre, elle et le dessin sont identiques, le dessin montre Julie faisant la tête qu'elle faisait précédemment. Je n'en peux plus !
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Voilà un chapitre digne de ce nom ! Voici le chapitre en plus promis pour le retard ! J'espère qu'il vous plaira quand même ;)
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It's not real...
Non-FictionJ'étire doucement la fine membrane du rêve. -Bastien, je souffle. Mes pieds s'enfoncent dans le sable chaud tandis que je cours silencieusement jusqu'au banc sur lequel est assit mon rêve.