It's not real...

Neuvième partie

Bastien

Je suis totalement incapable de bouger. Nous flottons au dessus de la Julie réelle. Je vois la Julie fictive les yeux fermés devant moi. Je vois sur le réveil de la chambre de Julie qu'il n'est que trois heures du matin, et si elle ne se réveille pas, elle va mourir.

Alors je me mets à hurler, aussi fort que je peux, aussi lontemps que je peux. Julie fictive ouvre les yeux, et reprends de ses moyens, elle réagit vite et hurle aussi pour réveiller ses parents. Il y a peu de chance que cela fonctionne mais il faut y croire, et nous y croyons. Coute que coute. Peu importe la douleur que me procure ma gorge, peu importe notre voix enrouée, on continu.

Et si ça ne marchait pas?

Julie
J'ai fermé les yeux. Je ne veux plus voir mon visage blafard. Je ne veux plus voir ma bouche ouverte qui tente en vain d'attraper un filet d'air. J'ai déjà vécu cette situation tellement de fois. Je n'ai plus envie de regarder.

Et puis de toute façon je n'en ai plus besoin. J'ai été témoin de cette scène tellement de fois que je me rappelle de chaque détail sans avoir besoin de les voir. Je sais que ma poitrine, ou plutôt la sienne, se soulève a un rythme plus qu'irrégulier, que la peau autour de mes lèvres bleuit, que ma conscience s'éteint peu à peu, que mes doigts tremblent de plus en plus, comme s'ils se mettaient à chercher de l'air à la place de mes poumons bloqués.

Je déteste mes crises d'apnée du sommeil.

J'entends Bastien hurler et me tirer de mes pensées. Je me rappelle de la possibilité d'une mort imminente et je joins ma voix à la sienne. Cela ne sert strictement à rien, mais la panique qui émane de nous touche mes parents et les réveilles. Comme à chaque fois. Sauf que là, pour une fois, je ne suis plus seule.

Je n'ai pas peur de mourir, j'entends déjà les pas de ma mère courant vers ma chambre. J'ai juste la vague impression que cette crise à laisser plus de séquelles dans mon esprit que les précédentes.

Sinon je n'aurais pas eu besoin de Bastien...