Chapitre 2 ~ Neverland

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Alors que tout le monde dort, je profite de la douceur du matin. Mes jambes enfilant les foulés. Comme la plupart des coureurs j'écoute de la musique. Pas de manière à me percer les tympans, juste suffisamment fort pour être dans ma bulle. Pour être isolée du monde et laissé seule avec mes pensées.

Je ne sais pas si vous avez déjà connu ça. Cette sensation que le monde autour de vous, ne compte pas et qu'à cet instant vous avez juste à profiter du talent de vos artistes préférés, en évitant évidement de vous emmêler les pieds. Honnêtement, bien qu'elle puisse paraître simple cette sensation est la meilleure à laquelle j'ai pu goûter. Elle est bien meilleure que l'adrénaline qui s'empare de moi quand je suis en compétition. Après avoir couru je me sens libre, déconnecté du monde. A tel point que jamais après ça je n'ai pensé à Roy.

Mensonge ! Je viens de le faire alors que je cours encore. Et quand on y pense je l'ai fait après le cross également. Et à chaque fois que j'ai courue contre lui, bien que ça a été vraiment rare vu son problème pulmonaire.

Bon dieu ! Ce mec s'impose dans mes pensées en permanence. Ça me donne la nausée. Je n'ai pas besoin de ça ! Je n'ai pas besoin de voir son sourire narquois à chaque fois que je fais quelque chose. C'est agaçant et épuisant.

Frustrée, que cette course matinale m'ait plus obstrué l'esprit qu'autre chose, je m'étire et repart à petite foulé jusqu'à chez moi. La maison est plutôt calme signe que tout le monde dort et je souris à l'idée d'avoir la salle de bain plus longtemps que d'habitude.

Sous la douche je prends mon temps, laissant l'eau chaude me réchauffer jusqu'à ce que j'entende deux petits coups mollassons sur la porte. A ce moment-là je coupe l'eau et m'enroule dans une serviette que je frotte activement contre mon corps. J'aurais probablement dû mettre le chauffage !

Une fois séchée et habillée je déverrouille la porte sans pour autant sortir. Je ne pense pas qu'Erin m'en voudra si je reste pour me sécher les cheveux. Et même si elle le faisait et bien tant pis. Je n'ai pas envie de tomber malade.

Je ne suis pas égoïste ! Du moins pas de manière continue. Et je respecte tout à fait l'intimité de ma sœur. Je veux juste éviter d'être en retard. Et la connaissant si j'attends qu'elle finisse de se laver pour me sécher les cheveux, je serais en retard. Malgré tout je me dépêche pour la laisser tranquille et je file prendre mon petit déjeuner.

Ce n'est pas un repas que je saute comme la plupart des adolescents ou comme à ma sœur. Bien au contraire c'est celui durant lequel je mange le plus. Passant des tartines de beurre à la salade de fruits. J'essaye de manger de tout, pour pouvoir avoir de l'énergie pour tout le reste de la matinée. Les fruits restant malgré tout ma partie favorite.

« Wen' on y va ! » hurle ma sœur tandis que j'attrape une pomme que je fourre dans mon sac.

Erin est à peine plus âgée que moi. Elle a deux ans de plus que moi. Mais nous sommes tout de même dans le même établissement, étant donné qu'il fait à la fois lycée et prépa. Du coup nous y allons ensemble. Mais toutes les deux nous n'appartenons pas vraiment à la même catégorie de personne. Je ne sais pas si ça vient du fait qu'elle tienne principalement de ma mère et moi de mon père mais disons que les gens s'intéressent à elle mais très peu à moi. Sauf s'ils ont un QI plus élevé que la moyenne ou quelques années en plus. Et encore certaine personne largement au-dessus de la moyenne ne connaisse pas mon nom. Je suis plutôt du genre invisible pour la plupart des gens. Mais ça me convient. Pas toujours évidement, mais au moins je reste concentrée sur ce que je dois faire.

A peine garées, Erin se précipite hors du véhicule me laissant seule sur le parking. Je soupire mais je ne me plains pas non plus. J'aurais aimé qu'elle reste un peu plus ou qu'elle m'attende mais je la connais et je sais qu'elle ne tient pas en place bien longtemps. Elle a trop d'énergie positive en elle pour ça. C'est une des nombreuses choses qui nous différencie. J'ai de l'énergie, peut-être trop parfois. Mais contrairement à elle, elle n'est pas vraiment positive. J'ai plus tendance à râler. Je dois d'ailleurs être de bonne humeur aujourd'hui pour ne pas l'avoir encore fait. Remarque-je ne suis pas sûre que mon humeur dure encore longtemps. Il a suffi d'une minute, d'un événement et me voilà en train de bouillonner de l'intérieur, râlant dans ma barbe.

PuzzlingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant