Chapitre I

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J'ouvre les yeux et me redresse, j'étais dans mon lit. Je me lève et me dirige à la salle de bain, mon genou me fait encore un peu mal, j'ai beau être une ghoule mais ma vitesse de guérison est déplorable. Je me regarde dans le miroir et me fixe, je suis entièrement habillée. 

Attends un peu...mal au genou, ghoule, entièrement habillée...

...

ghoule...

Je retourne au pas de course dans ma chambre attrape une veste et sors sur le balcon. Je pose une main sur le bord de celui-ci et saute sur une des bennes à ordures un peu plus loin. Je me dirige à l'endroit où j'ai rencontré le garçon. Je me mors la lèvre inférieure pour ne pas penser à la douleur que me fait subir mon genou. Une fois sur place je m'arrête, essoufflée, je m'appuie sur le mur d'une des maisons entourant la ruelle.

Je pose une main molle sur mon front et laisse échapper un petit ricanement narquois.

-Mais qu'est-ce que je fiche ici? me dis-je, me moquant de mon propre geste (celui de venir jusqu'ici)

Je me remets sur mes deux pieds et marche d'un air las.
J'errais sans but dans les ruelles depuis déjà une bonne demi-heure. Je regarde le font de la rue, un cul de sac. Poussant un soupire exaspéré je me retourne et repars. 

Mais à quoi est-ce que je m'attendais? Qu'il m'attende sagement à l'endroit où je l'ai rencontré? Pff quelle idée stupide. Pourquoi voudrait-il m'attendre, ou même me revoir? 

Perdue dans mes pensées je n'ai pas vu ce qu'il se passait à quelques mètres de moi dans la ruelle voisine. Un grognement a résonné dans la longue rue, et une odeur familière a dirigé mon regard vers celui-ci:

 Une ghoule, penchée sur un corps, sur le corps d'un garçon. Sur le corps, frêle, blanc et jeune,

d'un enfant. 

Ses entrailles étaient répandues sur le sol froid et mouillé. Son corps baigné dans une flaque de sang, une flaque de son sang, rouge et brillant. Ses cheveux blonds étaient trempés, de sang comme d'eau de pluie.
Sa respiration, on l'entendait, faible et saccadée, elle résonnait elle aussi. J'ai distingué, très faiblement, un mot; il est sorti de sa bouche, et, toute sa peur, toute sa douleur et toute sa colère se trouvaient entremêlés avec chacune de ces quatre lettres: Fuis. 

J'ai alors compris, il l'a dit à quelqu'un, il tente de sauver quelqu'un. Je balaye le couloir gris du regard, et dans l'ombre d'une poubelle j'ai aperçu un autre garçon, il avait, à vue d'œil, environ six ans.

Après quelques secondes, j'ai eu l'impression que quelque chose avait changé, il manquait quelque chose. C'était trop silencieux, beaucoup trop. La ghoule a cessé de manger, et c'est là que j'ai remarqué: la respiration du garçon, s'est arrêtée. Le visage de l'autre garçon s'est assombri.

Il se remet sur ses pieds, il sert les poings et fait un pas en avant. Comprenant ce qu'il voulait faire, je m'élance à toutes jambes dans sa direction et frappe de toute mes forces dans le dos de la ghoule, la faisant virevolter jusque sur un mur. Je prends le garçon par la main et le tire derrière moi, au loin la ghoule se relève, elle me fixe de ses yeux rouges et noires. Je recule d'un pas, une traînée de sang dégouline du mur là où la ghoule s'est écrasée. 

-Qu'est-ce que tu fous, gamine? Pourquoi viens-tu me déranger pendant mon repas? Je n'ai pas manger depuis bientôt deux semaines donc un seul des gosses ne suffira pas, rend le moi! 

Ghoul malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant