Chapitre 7

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Timlus nous entraîne à travers les rues miteuses de Paris. Malgré la beauté de son centre, cette ville dépérit à vue d'œil. L'odeur de merde me donne des hauts le cœur et les nombreux toxicomanes que l'ont croise me font frissonner. Evie est constamment sur ses gardes, ne prenant même pas le temps de savourer cette liberté utopique. Sa poigne se resserre sur son arme au moindre bruit suspect. Cette femme n'est vraiment pas faite pour ce milieu hostile qu'est la fuite.

Je jette un coup d'œil derrière mon épaule de temps à autre, de peur d'être suivi. J'avais lu cela dans un vieux guide de survie, écrit par un homme mort depuis des années. Selon ses dires, surveiller ses arrières était la première étape d'une bonne survie. J'espère au fond de moi qu'il avait raison et que ce vieillard n'était pas aussi fou que la situation actuelle.

Brusquement, le Docteur Timlus stoppe sa marche. Elle tend l'oreille puis plaque violemment Evie contre un mur. La perruque de ma psychiatre s'écroule au sol, laissant respirer ses longs et soyeux cheveux blonds. Je me mets à pouffer, mais ma tendre Evie dépose un doigt sur mes lèvres sèches. Nos regards bleutés se rencontrent et j'esquisse un large sourire malicieux, ne faisant pas attention au Docteur Timlus qui me dévisage.

Soudain, une patrouille de police défile sous nos yeux ébahirent. Ils nous cherchent depuis maintenant plusieurs heures ! N'arrêteront-ils jamais ? Le message d'alerte continue d'être diffusé dans le centre-ville, la population a probablement une idée nette de notre identité à l'heure qu'il est. Je retiens mon souffle, mon sang se glaçant à chaque pas qu'ils effectuent.

Je plisse les yeux afin d'examiner ce troupeau plus nettement. Un homme âgé d'une quarantaine d'années se détache fièrement du lot. Il est vêtu d'un uniforme similaire aux policiers, mais il possède un brassard grisâtre à son bras gauche, lui affiliant un rang supérieur. Il regarde dans notre direction, son regard noir et intense se posant dans la ruelle sombre. L'agent passe une main dans sa tignasse ébouriffée, fronçant les sourcils et engageant les recherches dans un autre arrondissement.

Après de longues secondes d'attente, Evie se risque à reprendre sa respiration. Je remarque avec étonnement que son doigt est toujours collé contre mes lèvres. J'agrippe délicatement sa main et la force à me regarder afin qu'elle reprenne son calme. Le Docteur Timlus en profite pour examiner les alentours, cherchant de nouvelles patrouilles. Cette fuite ne va pas être de tout repos, elle est plus agitée que dans mes rêves, mais ce sentiment est jouissif.

- Beau spécimen, ricane une voix masculine dans mon dos.

Je sursaute, me retournant rapidement et cherchant frénétiquement mon arme. Je tâte les poches de mon pantalon, mais ne trouve pas ma seule chance de survie. L'homme fait tourner sous mon nez l'arme que la vieille Timlus m'a confiée. Je le dévisage, voulant récupérer mon arme. L'inconnu fronce ses denses sourcils bruns, posant son doigt ganté sur la gâchette. Il me lance un sourire narquois, dévoilant des dents merveilleusement blanches. Qu'est-ce qu'il me veut ?

- Qui êtes-vous ? je demande.

- Je suis Feu. Tu peux aussi m'appeler Mort, se présente-t-il en ricanant.

- On ne se serai pas rencontré dans l'hôpital psychiatrique de Belfast ? je me moque.

- Ne joue pas au plus malin avec moi, jeune homme, me crache-t-il au visage, tout en se grattant le crâne avec le canon de l'arme.

- Comment est-ce que je t'appelle alors ? je m'exaspère.

- Feu ou Mort... murmure de nouveau Evie.

Je me retourne dans sa direction et croise son regard apeuré. Les yeux verron de cet énergumène nous fixe avec insistance. Qui est-il ? Que nous veut-il ? L'homme enroule une longue mèche brune autour de son doigt, inspectant chaque cheveu un par un. Ce gars est taré, je ne lui permettrai même pas d'arroser mes plantes si j'en possédais. Je pousse un long soupir tandis que le Docteur Timlus nous bouscule afin d'apercevoir l'inconnu de plus près.

- Feu ou Mort... Est-ce que c'est réellement toi ? lui demande la vieille.

- Qui veux-tu que ça soit, vieille morue ? ricane ce fou.

Timlus pousse un long soupir de soulagement et se retourne fièrement dans notre direction. Je continue toujours de garder une main sur Evie, restant vigilant. Cet homme ne m'inspire pas confiance et j'ai comme la vague impression que nous allons devoir rester avec lui un bout de temps.

- Tu dois nous amener au quartier général, supplie le Docteur Timlus.

- On risque gros, Sigurd, lui répond sérieusement l'homme.

- Tu ne t'es pas engagé dans la Résistance pour jouer à la marelle, Feu ou Mort, lui crache Timlus.

Le jeune homme enlève un de ses gants noirs, nous montrant fièrement sa main brûlée de toute part. La couleur rosée et la peau ridée par les flammes me donnent envie de pousser un cri d'horreur. Le corps tout entier de Evie s'est raidi à la vue de sa main calcinée. Satisfait de nos réactions, Feu ou Mort remet son gant.

- Si je m'étais engagé pour jouer à la marelle comme tu dis, je n'aurai pas risqué ma vie pour ce petit écervelé, s'exclame-t-il.

Feu ou Mort se met à rire comme un fou, prenant de grande inspiration. Il se tourne finalement dans notre direction et prend mon visage entre ses mains. Je le repousse d'un coup de paume dans l'épaule et il me lance mon arme. Ce mec est complètement atteint, je ne lui fais pas confiance. Je me baisse lentement afin de ramasser mon arme, ne le quittant pas des yeux. Je ne sais pas de quoi il est capable. À vrai dire, je ne peux faire confiance qu'à Evie.

- Je vous emmène voir le boss, les enfants. Surtout rester polie, à moins que vous ne teniez pas à la vie, pouffe Feu ou Mort.

Il s'engage dans une ruelle sombre et l'on ne peut que le suivre. Nous sommes pourchassés, livrés à nous même, ils nous est impossible de faire marche arrière. Nous nous battons pour notre survie, pour notre liberté. Un jour, je serai libre. Et ce jour-là sera magique.

25 Brain : Connor [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant