25 Brain : Connor [TERMINÉ]

Chapitre 16

Fly nous écoute... Je ne sais plus à qui faire confiance. J'ai l'impression que tout le monde me ment, que tout le monde me manipule, que tout le monde me veut du mal. Ils me pourchassent tous comme si ma tête était mise à prix. Je me sens oppressé dans ce passage. Je me sens observé, traqué, meurtri. Mon crâne me lance, mes oreilles sifflent. Qu'est-ce qui se passe ?

Feu ou Mort nous fait signe de le suivre. On se perd dans ce passage sombre et lugubre, la voix de ce fou comme seul guide. Je tâte les murs rugueux et froids, hume le semblant d'air dont nous disposons et prends de grandes inspirations. J'ai l'impression d'être enfermé de nouveau. Seul dans ma cellule blanche. M'entraînant chaque jour avec acharnement pour ne pas devenir fou. Ma tendre Evie comme seule compagnie.

Evie... Elle me manque terriblement. Pourtant, j'en viens à douter de sa sincérité. De quel côté est-elle ? Obéit-elle à Fly ? Est-ce que je ne suis que son jouet depuis le début ? Je ne pourrai pas le lui pardonner. Je ne pourrai pas m'y faire à l'idée. Elle et Timlus m'ont aidé à m'échapper de ma cellule. Elles m'ont sorti de ce cauchemar sans fin. Je ne peux pas me permettre de leur tourner le dos.

Hild m'agrippe la main et m'attire à elle. J'enjambe un tuyau et me retrouvent les deux pieds dans une eau sale et croupie. Une faible lumière nous parvient du monde au-dessus. Une bouche d'aération mène sur un taudis sans nom. Les recoins de Paris dont on ne parle même plus. Ces quartiers abandonnés dans lesquelles la misère est quotidienne et empire jour après jour.

Feu ou Mort grimpe à une échelle et sort à l'air libre. On le rejoint sans grande peine, puis l'on s'assoit contre un bâtiment en ruine afin de respirer.

- On dirait que tu es de retour chez toi Mort, s'exclame Hild.

Il hoche la tête d'un air approbateur puis il se retourne, se mettant dos à nous. Une larme coule sur sa joue, puis une suivante. Il pleure calmement, sans aucun bruit. Il ne prend pas la peine d'essuyer ses larmes. Il ne laisse échapper qu'un cri. Un cri de désarroi, un cri d'horreur, un cri puissant et terrifiant.

- Sigurd Timlus est morte, chuchote-t-il dans le vent.

Je n'ai pas le temps d'analyser la phrase, d'assimiler chaque mot. Mon corps s'est paralysé et je ne peux me retenir de pleurer. Je ne la connaissais pas. Pourtant, cette femme s'est sacrifiée pour que je puisse revoir la lumière du soleil, sentir le vent contre ma peau, humer l'air frais. Je me relève lentement, ayant un vertige indéfinissable.

- Il pleut, soupire-t-il.

Feu ou Mort se retourne lentement dans notre direction. Ses yeux rouges laissent transparaître son énorme tristesse et je ne peux que pleurer à ses côtés.

- Oui, il pleut, je lui réponds.

Il sèche ses larmes, des gouttes tombant au sol. Hild n'a pas émis un son, n'a pas agi. Elle s'est contentée de l'observer, de nous observer. Elle retient ses larmes, garde la tête haute.

- Comment ? demande-t-elle finalement.

- Ils nous sont tombés dessus. Nous nous sommes séparés et Bjorn est revenu seul..., explique-t-il. Si seulement j'avais été avec eux... Evie sait très bien se défendre...

- Evie est encore en vie ?! Je le coupe.

Il hoche de nouveau la tête d'un air approbateur. Je soupire. Un long soupir de soulagement. Je le remercie comme je ne l'ai jamais fait auparavant. S'il n'avait pas été là pour la protéger, elle serai morte à l'heure qu'il est. Evie est vivante. Je peux enfin respirer. Je la retrouverai et lorsque cela sera fait, je ne la quitterai plus jamais.

Soudain, mon vertige s'intensifie et me force à me rasseoir. J'ai l'impression que l'on me martèle le crâne, comme si quelque chose avait été implanté dans ma tête. J'ai mal, comme si l'on m'ouvrait le crâne pour la énième fois. Hild s'approche lentement de moi et dépose délicatement sa paume sur mon front.

- Il est brûlant... Il faut lui retirer la puce ! déclare-t-elle avec sérieux.

- On ne peut pas le faire nous même ! Nous devons l'emmener jusqu'à Evie..., soupire-t-il.

- Attendez... Une puce ? Je marmonne.

- Lorsque tu as été opéré par le docteur Tokoyama, il t'a implanté une puce dans le cerveau afin que Fly soit au courant de tous tes faits et gestes. Nous devons te la retirer au plus vite ! m'explique Hild.

Japonais de merde ! Je n'aurais jamais dû lui faire confiance. J'ai accordé mon amitié à qui voulait bien la prendre et voilà où cela nous a menés. Une cavale à durée indéterminée s'est installée et j'ai aggravé les choses en tentant de tuer leur cher président Lothran. J'enchaîne les faux pas, mais bientôt il ne sera plus possible d'échouer. Ma tête me tourne, je n'arrive plus à réfléchir convenablement.

Malgré la difficulté, je marche. Je cours. À travers les ruelles des quartiers malfamés, je me faufile. Je vais retrouver Evie. Ma psychiatre qui m'a tant manqué. La mystérieuse et indéchiffrable Mademoiselle Coulter. Hild et Feu ou Mort me soutiennent comme ils peuvent. Je sens mes jambes se dérober sous moi, mais je me force à continuer. Je ne peux pas abandonner si près du but.

Soudain, mes alliés se stoppent devant un gigantesque immeuble. Hild frappe une fois à la porte, puis une deuxième et enfin une troisième. Une femme entrouvre la porte, j'aperçois furtivement ses yeux bleutés, sa chevelure blonde et son corps magnifique. Elle nous laisse entrer. Je boite, mon corps ne m'obéit plus. Feu ou Mort me dépose sur une table d'opération et me sangle fermement à celle-ci.

Je ne veux pas m'en extirper et pourtant mon corps m'en donne l'ordre. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que Fly serait en train de prendre possession de mon esprit ? Je me débats violemment tandis que Evie prépare le calmant, secondé par Hild. Feu ou Mort me tient fermement, m'empêchant de m'enfuir.

Brusquement, une aiguille fine vient se planter dans mon cou. Un liquide chaud et brûlant se déverse dans mon sang. Je me calme lentement, mon corps arrête de bouger et mon esprit s'envole. Je me sens transporté. Je m'endors. Je suis serein et plus personne ne pourra me l'enlever.