Chapitre 13

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Le commandant Grale, j'ai déjà entendu ce nom quelque part. C'est l'homme qui dirige les patrouilles de police, celui qui possède un brassard gris. Je me retourne furtivement et me retrouve nez à nez avec son drone. Une petite caméra est positionnée près des hélices. Grale nous traque. Ne s'arrêtera-t-il donc jamais ?

Un étrange cliquetis provient de la machine volante. J'accélère la marche, essayant de rattraper Hild. Ma jumelle me hurle quelque chose d'inaudible, me tendant la main. Je la lui agrippe alors qu'une pluie de balle s'élance dans notre direction.

Brusquement, un métal chaud et froid me déchire violemment la peau. Mon épaule gauche est touchée, je retiens un cri de douleur. Hild resserre sa poigne sur mon poignet et l'on continue de courir dans ces égouts, esquivant les balles. Le drone nous suit de près, impossible de le semer.

Hild prend à droite, puis à gauche, nous guidant vers la sortie. Nos souffles deviennent rapides et saccadés. L'inquiétude est palpable. La mort plane au-dessus de nos têtes. Est-ce que l'on allait mourir ici ?

Soudain, ma jumelle m'attire à elle, me plaquant contre un mur. Elle pose deux doigts sur mes lèvres, m'implorant de ne faire aucun bruit. Le drone s'arrête net tandis que l'on s'accroupit dans l'eau croupie, caché dans l'obscurité. Il tourne sur lui même un court instant, puis il repart de plus belle dans une direction opposée à la nôtre.

Après de longues minutes, Hild s'autorise enfin à soupirer. Est-ce que l'on est tiré d'affaire ? Je ne pense pas, mais l'on est sûrement tranquille pour un moment. Je me relève lentement, regardant de gauche à droite, puis je soupire à mon tour.

Mon double féminin me fait signe de la suivre. Je reprends lentement mon souffle, profitant de ce moment de répit. Pourquoi est-ce qu'ils ne souhaitent pas que je découvre le monde extérieur ? Qu'on t-ils à me cacher ? Est-ce que je suis dangereux à leurs yeux ? Peut-être instable ? Ou bien un monstre ?

Je balaye rapidement ces idées sombres de mon esprit et me concentre sur Hild. Ma sœur... elle me ressemble tellement, comme si toutes ces années de séparation n'avaient rien changé. Je m'en veux de ne pas l'avoir connu plus tôt. J'en veux à ces politiciens de m'avoir enlevé la joie que procure une enfance normale, une amitié fraternelle et bien plus encore.

Pourtant, malgré ce qui m'arrive, je n'arrive pas à en vouloir à Evie. Ma psychiatre qui m'a caché tant de choses, mais qui m'a tant aidé. Elle m'a soutenu, sermonné parfois et même conseillé. Je ne peux pas lui en vouloir. Sa beauté ne laisse transparaître qu'une jeune femme innocente, mais que renferment ses pensées ?

Hild me siffle et me fait signe de la rejoindre. J'accours et aperçois une échelle donnant sur l'extérieur. Je vais enfin pouvoir retrouver l'air pur qui me fait tant rêvé. Hild monte en première, gravissant rapidement les marches. Lorsqu'elle se retrouve sur la terre ferme, je la rejoins. Je gravis les marches lentement, savourant ce sentiment de liberté. Arrivé à l'avant-dernière marche, je prends une grande inspiration et sors à l'air libre.

Je m'étale de tout mon long sur sol. Brusquement, une ribambelle de fusils viennent se braquer sous mon nez. Furieux et désemparé, je relève la tête à la recherche de ma jumelle. Deux hommes lui tiennent fermement les poignets alors qu'elle se débat avec acharnement.

- Relâchez-la, je leur ordonne.

Les soldats me rient au nez et menottent Hild. J'examine la situation, cherchant une échappatoire quelconque. Si je n'agis pas dans les minutes qui suivent, notre liberté s'envolera à jamais. Sans réfléchir, j'assigne un coup bien placé à un officier et lui arrache son arme des mains. Dans la seconde qui suit, j'agrippe un soldat et lui pose lentement le canon sur la tempe. Je me retourne afin de leur faire face.

Silencieusement, un homme fend la foule de soldats armés. Chaque homme le salue avec respect, ne croisant pas son regard. Je le dévisage, cherchant un contact visuel. Le brassard gris autour de son bras en dit long sur le poste qu'il occupe. Il lève la tête dans ma direction et nos regards se croisent. Le noir de son regard dévisage allégrement le bleu du mien.

Dans un élan de rage, je relâche le soldat et braque mon arme sur lui. S'il touche à un seul cheveu de Hild, je ne serai plus maître de moi-même. Mon épaule me fait souffrir, mais je ne dois pas flancher, pas devant lui.

- Grale..., déglutis Hild.

- Hild, lui répond sèchement le commandant.

Je tente de m'approcher de lui, mais une main m'agrippe le bras. Je me dégage avec habilité et me jette dans la direction de Grale. Un soldat se met en travers de mon chemin et je lui donne un violent coup de crosse sur la nuque. J'esquive les soldats un par un, voulant à tout prix rejoindre Hild.

Sans crier gare, un objet lourd et métallique se fracasse contre mon crâne. Je m'écroule au sol, tous mes sens ayant disparu. Je ne peux plus bouger, je convulse, je manque d'air. Hild hurle mon prénom, mais il est trop tard. On me soulève, mais je ne peux pas riposter. On me pose je ne sais où, je ferme les yeux, c'est le trou noir.

*

J'émerge lentement, mon crâne encore poisseux de sang me faisant horriblement souffrir. Je me relève, regardant autour de moi afin d'analyser la situation. Hild est assise à mes côtés, ne faisant aucun geste. Je la vois tanguer, j'entends comme un bruit de moteur. Je pose ma main sur mon crâne douloureux et le cliquetis des chaînes qui retiennent mon poignet droit me réveille instantanément.

Je suis enchaîné à une portière d'une voiture qui est en marche. Hild ne peut détacher son regard de l'homme qui se tient devant nous. Je ne veux pas y croire et pourtant je n'ai pas le choix. Je relève la tête et fais face à Grale qui arbore un sourire victorieux.

- Maintenant on va pouvoir s'expliquer ! déclare Grale.

25 Brain : Connor [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant