Chapitre 4: Le froid de l'hiver

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Il était onze heures cinquante-six du soir quand je réussi enfin à trouver le sommeil, mais ce ne fut pas pour longtemps. J'entendis du bruit qui provenait du rez-de-chaussée. Ma curiosité l'emporta alors je me levai de mon lit en posant doucement mes orteils sur le plancher de bois. Je ne voulais pas faire de bruit pour ne pas réveiller mon père et ma sœur, qui devait probablement dormir à cette heure. Je finis par poser mes pieds sur le sol froid sans faire aucun bruit. Un pas. Deux pas. Cinq pas. Un craquement, puis un autre. J'entrepris d'ouvrir la porte de ma chambre. Je posai mes doigts sur la poignée de porte glaciale et la tournai d'un coup sec. J'ouvris lentement la porte qui grinçait énormément. Je me glissai dans l'embrasure pour me retrouver les deux pieds sur le vieux tapis gris de la maison. Je pris une batte de baseball dans le petit placard à ma droite pour me défendre en cas de besoin. Sinon, j'avais toujours un canif sur moi, même à l'école, quoi qu'il arrive, pour me défendre si nécessaire. Je dormais même avec. Je fis encore trois pas avant de tourner à gauche pour descendre les escaliers qui menaient à l'entrée. Je vis que la porte d'entrée était entre-ouverte. Je fis un cent quatre-vingt pour me retrouver dans le petit couloir menant à la cuisine. À ma droite, le salon était désert et plongé dans l'obscurité, tout comme le reste de la maison d'ailleurs. Le bruit venait de la cuisine. Quelqu'un fouillait dans les tiroirs. Je m'approchai de plus en plus. Je n'avais pas peur, au contraire. Avant d'agir et après, oui on a peur, mais jamais pendant. Pendant, on a autre chose à faire. J'arrivai à la hauteur de la cuisine. J'empoignai fermement la batte de baseball entre mes deux mains, prête à cogner. Je me crispai tellement que mes jointures devinrent blanches. L'intrus arrêta finalement de fouiller. Il a trouvé ce qu'il voulait j'imagine. Il s'apprêta à sortir. Je levai la batte à la hauteur de ma tête. Je pris un élan avant de m'arrêter subitement. Je respirai un grand coup.

- Tu m'as fait peur espèce d'idiote! Criais-je à ma sœur, qu'est-ce que tu fais là?!

- Chut. Tu vas réveiller papa.

Elle appuya son doigt sur ma batte qui était toujours levée, prête à frapper.

- Et baisse ça s'il te plait, dit-elle en descendant la batte.

Je me détendis légèrement. Je me passai la main dans le front en fermant les yeux pour les ré-ouvrir quelques secondes plus tard. Lorsque je les ouvris, ma sœur n'était plus là.

- Alors tu viens? Me demanda Kalie.

Je me retournai. Elle était derrière moi et je ne m'en étais même pas rendu compte.

- Où tu vas?

- Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Dépêche-toi.

Elle semblait pressée. Je fronçai les sourcils, mais je me résignai à la suivre quand même. Je pris soin de refermer la porte derrière moi et je la suivis, toujours vêtu de mon chandail trop grand. Je n'avais pas pensé mettre un manteau avant de sortir et, maintenant, je gelais. Au moins, j'avais de petites bottes qui m'arrivaient un peu en haut de la cheville, mais ça n'arrangeait pas les choses pour autant. À quoi j'avais pensé bon sang?! Quand à ma sœur, elle avait son traditionnel manteau noir et ses bottes assortis. Ses courts cheveux bruns, presque noirs, comme ceux de notre père, flottaient au-dessus de ses épaules et son piercing à l'arcade sourcilière tressauta. Je marchai maintenant à côté de ma sœur. Nous sommes passés sous un lampadaire allumé et ce n'est que maintenant que je remarquai qu'elle avait mis un peu de maquillage. Normalement, elle ne se maquille jamais. Je remarquai aussi que son mascara avait coulé. Avait-elle pleuré? Je l'arrêtai en la prenant parle poignet.

- Tu as pleuré? Demandais-je sous le choc.

- Non, dit-elle en s'essuyant la joue, ce n'est rien.

- Arrête de me cacher des choses Kalie! Je sais très bien que tu...

Elle me coupa sans me laisser le temps de finir.

- Arrête de hurler! Tu vas réveiller tous les voisins et le couvre-feu est passé depuis au moins trois bonnes heures alors baisse le ton s'il te plaît.

- D'accord, mais tu m'expliques quand on rentre.

Elle fit mine d'être agacée, mais elle ne renchérit rien. Elle savait qu'elle n'échapperait pas à mon interrogatoire. Elle continua à marcher et je la suivis. Nous avons tournés à gauche et nous sommes arrivés au petit parc du quartier.

- Suis-moi, dit-elle.

Je ne dis rien et je me contentai de faire ce qu'elle m'ordonnait. Nous sommes passés sous la glissade jusqu'à arriver sur les barres de métal que l'on devait traverser les pieds suspendus lorsque nous étions petits.

- Oh mon dieu! Qu'est-ce qui s'est passé?

Devant nous, quelqu'un était suspendu avec une corde par les poignets, la tête baissée et il ne bougeait pas.

- Je n'en ai aucune idée, dit-elle. Je me promenais dans la rue tout à l'heure et je l'ai vu, accroché comme ça. J'étais venu récupérer un couteau chez nous pour le détacher. Le nœud était trop serré pour que le défasse moi-même.

- Mais, commençai-je.

Ce n'était pas le temps de parler de ça maintenant. Nous devions absolument le détacher de là. Il était impossible qu'il se soit fait cela tout seul. On ne pas s'attacher les poignets aussi serré avec nos pieds quand même! Ma sœur sortis le couteau qu'elle avait pris dans la cuisine et elle me le tendit. Elle prit le concerné par les jambes pour ne pas qu'il tombe et j'entrepris de couper les liens, mais ça ne fonctionnait pas. Je pris alors mon canif qui était caché sous mon chandail. Ma sœur étouffa un rire.

- Quoi? demandais-je.

- Tu dors encore avec ça? Dit-elle en pointant le canif de sa main droite.

Je roulai les yeux pendant qu'elle se moquait de moi. En quelques mouvements de couteau, je réussi à sectionner la corde. Les poignets de la victime étaient couverts d'une ligne mauve tellement la corde avait serrée et ses mains était couvertes d'une drôle de couleur dû au manque de sang dans celle-ci. Ma sœur coucha la victime sur les copeaux de bois qui jonchaient tout le parc.

- Tu l'as couché sur le ventre idiote!

- Ne t'énerve pas. Il était trop lourd ce n'est pas de ma faute.

- Retourne-le! Dis-je énervée.

Elle fit ce que je lui dis en roulant des yeux et le retourna difficilement sur le dos. Tout à l'heure, on ne pouvait pas voir son visage, car il avait la tête baissée. Maintenant, on pouvait parfaitement voir son visage et c'est ce qui me fit le plus peur.

- William?!

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